Ath Djellil, une petite circonscription rurale située au fin fond de la montagne, sur la rive droite de la Soummam, compte parmi les communes les plus déshéritées de la wilaya de Béjaïa. Tel un malade placé sous perfusion, elle ne respire que par la grâce des maigres subsides versés par l’Etat central. L’investissement créateur d’emploi et pourvoyeur de valeur ajouté y est une utopie. Cette contrée montagneuse s’enfonce inéluctablement dans les abysses du sous-développement, et le chômage s’exacerbe, se hissant à des sommets vertigineux. Par fournées successives, «les exclus du système éducatifs» viennent régulièrement grossir les rangs de ces désœuvrés, qui ne trouvent leur salut que dans l’élan de solidarité familiale et les quelques petits jobs sous-qualifiés et mal rémunérés. «Le chômage est un véritable fléau. C’est une bombe à retardement dont on ne mesure pas les conséquences désastreuses», s’alarme un retraité de l’éducation, rencontré à hauteur du chef-lieu communal. «Quand j’entends les chiffres officiels, qui situent le chômage autour de 12%, je suis écœuré voire révulsé car ils sont en total déphasage avec la réalité du terrain. Il n’y a qu’à voir ces escouades de jeunes adossés aux murs ou attablés dans les cafés, pour appréhender l’ampleur du problème», ajoute-t-il, sur un ton dépité. Les diplômés de l’université et les sortants des centres de formations ne sont pas épargnés. Bien au contraire: «les détenteurs de diplômes éprouvent toutes les peines du monde à s’insérer dans la vie professionnelle. Alors, que dire des jeunes sans aucune qualification ni savoir-faire», remarque un diplômé émoulu. «Il n’y a pas d’opportunités d’embauche, ou si peu. Cela fait plus de 4 ans que je sollicite un poste dans la maintenance des réseaux informatiques. J’attends toujours un retour d’écho qui n’arrive pas. Les rares réponses auxquelles j’ai eu droit ont toutes été défavorables», fulmine un ingénieur en informatique, en s’interrogeant de quoi sera fait demain. «Nous sommes confrontés à une situation amère et paradoxale, en tous cas ne présageant rien de bon. Figurez-vous qu’il y a pas mal d’universitaires qui n’arrivent même pas à décrocher un poste en tant que secrétaire de direction ou même agent de service», soutient sur une pointe de désillusion, un autre diplômé en mécanique industrielle, reconverti en marchand de fringues usagées (friperie). Certains parmi ces jeunes bardés de diplômes, en viennent à regretter d’avoir effectué un si long cursus scolaire et universitaire, pour se retrouver au final, dans une telle situation d’impasse. Une situation chargée d’angoisse et d’incertitude, laissant entrevoir les pires lendemains.
N. Maouche