Après avoir célébré le 700ème anniversaire de Raymond Lulle, Béjaïa a accueilli un colloque international sur le personnage, dans le cadre de l’Année Internationale Raymond Lulle, en partenariat avec plusieurs institutions internationales.
Raymond Lulle a vécu entre les 13ème et 14ème siècles. Il est né à Barcelone et avait profité des excellentes relations commerciales entre la Catalogne et Béjaïa pour venir ensuite s’installer quelque temps dans la capitale des Hammadites. Il y a jusqu’à nos jours une controverse quant au lieu de son décès, certains avancent qu’il a été tué par lapidation à Béjaïa et d’autres qu’il serait mort noyé au large de Barcelone. Organisé par le Géhimab, en partenariat avec le ministère de la Culture, la wilaya de Béjaïa et son APC, l’entreprise portuaire de Béjaïa, le Park national du Gouraya et le Centre national d’anthropologie historique CNRPAH, le Colloque international «Dialogues Méditerranéens» fait partie des cinquante manifestations programmées dans le monde dans le cadre de la Lulle Year (Etats- Unis, Allemagne, Angleterre, France, Tunisie…). L’objectif recherché est de cerner les perceptions actuelles des «disputes» qui ont eu lieu à Béjaïa en 1307, entre le philosophe catalan Raymond Lulle et les Ulémas locaux. Sur ces disputations, Raymond Lulle a tiré un ouvrage intitulé «Disputations» qu’il a rédigé en langue catalane, et qui a fait connaitre à son époque, l’histoire de son dialogue avec les musulmans de Bougie. Les disputations faisaient déjà partie de la tradition espagnole. Puisque les catholiques au pouvoir à cette époque, engageaient fréquemment des rencontres avec les juifs, sur divers point de doctrine les opposants. En venant en Afrique du Nord, Raymond Lulle, auteur le plus universel de la culture catalane, espérait renouveler l’expérience avec les cheikhs et les muftis de Bougie. Les organisateurs ont espéré arriver à cerner la problématique de la contribution de cet écrivain et penseur dans le monde des lettres et faire connaître au public tant bougiote que catalan et étranger, l’influence de sa pensée sur l’œuvre de nombreux intellectuels occidentaux. Durant les deux jours de ce colloque, mardi et mercredi derniers, la cérémonie s’est déroulé sous la direction de Djamil Aissani, professeur à l’Université de Béjaïa et président l’association du Gehimab, à ses côtés le directeur des enseignements au Haut Commissariat à l’Amazighité un représentant du Haut Conseil Islamique, une élue de l’APW, un vice-président de l’APC de Béjaïa et le Secrétaire Général de la Wilaya, le Conseiller Culturel de l’ambassade d’Espagne en Algérie, le Directeur de l’Institut Européen pour la Méditerranée, et le Directeur Général de l’Institut Raymond Lulle où plusieurs intervenants venus de différents endroits d’Algérie et d’Europe ont essayé de cerner la pensée de l’auteur, et son influence sur son environnement culturel et intellectuel et ils se sont succédés pour partager le fruit de leurs recherches sur la question car le personnage est très complexe .
Le HCA et le HCI étaient là
Les intervenants ont présenté leurs discours essentiellement en langue française, à l’exception du représentant du HCA qui a parlé en Tamazight, et le représentant du HCI qui a parlé en arabe. Écrivain, théologien philosophe, homme d’histoire et de culture, l’auteur catalan avait assurément plus d’une flèche à son arc. Il avait été surnommé «Docteur Illuminé». Il souleva l’admiration de Leibniz, par sa capacité à faire la synthèse des concepts fondamentaux. Dès 1280, il fit un premier voyage à Béjaïa, pour y apprendre les mathématiques, mais vu son appréciation à cette ville, il y revenait constamment. À chacun de ses déplacements, il en profitait pour étudier l’Islam et les valeurs philosophiques de l’époque, incarnées par Ibn Arabi ou Ibn Sabïn. En 1307, il a décidé d’affronter les oulémas de Bougie autour du thème de la comparaison entre les fois catholiques et musulmanes. Il se plaça donc sur la place du marché et commença à discuter avec les gens, demandant une confrontation avec les sages de la ville. Les oulémas consentir à débattre avec lui et c’est ce qu’il raconte dans son livre. Selon l’encyclopédie en ligne Wikipédia, Raymond Lulle était un «Écrivain mystique, les principes de sa philosophie sont inséparables de son projet de conversion des musulmans. Il cherche à s’adresser à toutes les intelligences, chrétiennes ou non, dans la langue de ses interlocuteurs. Il opère par un jeu d’explications et de déductions, une combinaison des divers principes théologiques et philosophiques pour convaincre de la vérité chrétienne». Dans ses débats, l’auteur développait sa pensée: «la loi chrétienne est la seule qui soit vraie, sainte, unique et agréable à Dieu, quant à celle de Mohamed elle est erronée, et je suis prêt à le démontrer», disait-il mais on ignore exactement qui étaient ses interlocuteurs, ce que l’on sait c’est que le mufti de Béjaïa avait contesté les dogmes chrétiens, comme la Trinité et l’Incarnation. Lulle avait aussi fait quelques incursions dans le monde politique, puisqu’il tenta de convaincre les rois d’Espagne de conquérir l’Afrique du Nord et quelques parties du Monde Arabe. Par ailleurs, nous avons noté l’absence des autres pays partenaires de la «Lulle Year», comme les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Italie, etc… Est-ce le sujet qui n’intéresse plus ou est-ce l’endroit ? Si le colloque a été un succès, il n’en demeure pas moins qu’il laisse une impression d’incomplétude ou de manque. Béjaïa a beaucoup plus à offrir que ce qui a été présenté jusqu’à maintenant, et les compétences ne manquent pas au sein de cette association pour aborder d’autres thèmes et d’autres problématiques.
N Si Yani.