Fière de sa beauté, de sa force, elle comptait de vaillants hommes parmi ses enfants. Tiliouat reste une bourgade légendaire dans la région et qu’on s’en vante à demeure, par ce qu’elle a l’orgueil bien légitime de son histoire durant la guerre de Libération. Nichée à 600 m d’altitude, cette bourgade ancestrale aux maisons éparpillées joyeusement au pied de la montagne est située au sud du chef-lieu de commune. Son accès donne directement sur le côté par le chemin montant du CW 24. Sa position panoramique et dominante permet une vue belle et étendue caractéristique d’un paysage généralement uniforme. Toutefois, avec quelques lieux fort enchantés comme les bois de “Taratou”, le plateau d’Adghagh-Youren aux vastes oliveraies, enfin une vue imprenable sur toute une variété de décors champêtres, de verdures, montagnes dont le charme de leur relief est relevé majestueusement. Côté nord-est par les cornes de M’llaoua. Deux pitons montagneux aux flancs presque nus qui font face au versant sud du Djurdjura. Mais l’importance qu’avait cette bourgade au temps de la colonisation est attestée par sa fortification qui en faisait de par sa position un point stratégique très précieux pour l’ennemi français. Ces bâtisses sont à vrai dire une sorte de prédisposition et de méthodes de colonisation qui jouent un rôle fondamental pour tenir les autochtones sous la dure loi de l’asservissement ; elles sont alors, un lieu de terreur et de tortures. Beaucoup de ceux qui ont été faits prisonniers n’en étaient ressortis vivants. Les villageois ont payé un prix fort pour la Guerre de Libération. Pour chaque rébellion, ou chaque défaite de l’ennemi, des civils sans nombre ont été sommairement exécutés par représailles. Pourtant, tous ces excès n’ont pas réussi à étouffer cette résistance héroïque. Au contraire, elle a semé de l’audace et du courage dans les rangs des supplétifs indigènes qui ont, lors de la fête de la Saint-Sylvestre en 1958, déjoué la surveillance ennemie raflant ainsi armes et munitions au profit des moudjahidine. Aujourd’hui, Tiliouat semble livrée à elle-même. Tous les élus locaux qui se sont succédé à la tête de la municipalité, depuis surtout cette ouverture démocratique, n’ont en vérité jamais participé à son part de développement. Hormis l’électrification et la réalisation d’une école primaire qui datent du temps du dirigisme, elle n’a jamais bénéficié d’autres projets susceptibles de lui apporter un peu plus de commodité. Même en matière d’aide sociale, peu d’opérations ont été effectuées au profit des gens les plus défavorisés. Pourtant, pour l’honneur, un monument commémoratif a été élevé ces derniers temps en ces lieux pour perpétuer et honorer toutes ses actions sublimes et sa résistance héroïque pour la libération du pays. Au demeurant, Tiliouat est le témoin d’un passé cher à notre peuple qui se trouve aujourd’hui un peu contrarié dans sa vocation, en dépit de nombreux privilèges que la nature lui a conférés, à savoir sa destination touristique.
R. Debakhe