Une commémoration routinière à Bouira

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Il est ainsi des fêtes qui se célèbrent machinalement, tels les mécanismes d’automates bien réglés et qui chaque année se déroulent de la même manière. Officiels et ayants-droit se retrouvent le temps d’une journée à se recueillir devant le carré des martyrs en y déposant une gerbe de fleurs et à palabrer autour d’une collation. Pourtant en évoquant le 17e anniversaire de la Journée nationale du chahid, de nombreux sujets viennent, comme par devoir de mémoire, interpeller les consciences collectives sur la nécessité et l’urgence surtout de réécrire l’histoire de notre pays d’une manière officielle.En effet, hormis les relookages de quelques carrés de martyrs, les glorieux combattants qui se sont sacrifiés pour que l’Algérie recouvre son indépendance n’ont, pour la plupart d’entre eux, jamais été revisités académiquement parlant. La jeune génération qui assurera l’avenir du pays n’a pour ainsi dire aucune notion de la guerre de libération nationale, hormis quelques bribes retenues au gré d’une page de l’histoire sur les bancs de l’école. C’est justement à l’enregistrement de l’histoire que devraient s’atteler les historiens pour que les potaches soient à jour dans la connaissance de leur passé. Mais de tout cela, les dirigeants et parfois même la société semblent n’en avoir cure, car même dans les villages les moins peuplés, mais néanmoins dotés d’un riche patrimoine historique, aucune reconnaissance de tel ou de tel chahid. Des chahids qui ont fait tremblé l’armée coloniale, mais dont personne ne se souvient aujourd’hui. A Bouira, comme dans les autres wilayas du pays, la commémoration du 17e anniversaire s’est effectuée de la manière la plus solennelle, gerbes de fleurs et recueillement étaient au rendez-vous et la délégation des officiels de la wilaya s’est même rendue à Ouled Rached pour poser la première pierre d’une cité rurale de 20 logements ainsi que pour l’inauguration d’autres projets réalisés. Egalement au programme, l’inauguration d’une stèle commémorative au lieudit Iqran Badis. Au chef-lieu de wilaya, c’est une troupe théâtrale du collège de Aïn El Hadjer qui est venue pour la présentation d’une pièce au niveau du musée du Moudjahid. Toujours dans ce musée, un projet de manuscrit du chahid a été présenté au public qui assistera dans l’après-midi à une conférence animée par Azzedine Mihoubi traitant de la journée du chahid. A signaler que la veille, soit vendredi, dans la localité d’El Esnam, une conférence-débat a été animée par Ali Haroun, vice-président de l’ANR. Somme toute, des festivités bien sommaires, contrairement à l’ampleur de l’événement qui mérite qu’on lui accorde un peu plus d’envergure. Peut-être que comme disait Bessaoud Mohand Arab, “Heureux les martyrs qui n’ont rien vu”.

Hafidh B.

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