L’horreur des crimes inoubliables…

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l Le 8 mai 1945 fut un mardi pas comme les autres, un jour de marché hebdomadaire. Les gens massacrés ne l’étaient pas pour diversité d’avis mais à cause d’un idéal : la liberté ! Ailleurs, il fut célébré dans les interstices de la capitulation de l’Etat-Major Allemand. Ce fut la fin de la seconde guerre mondiale.

Ceci pour les européens. Mais pour d’autres, en Algérie, particulièrement à Sétif, Guelma et Kherrata et un peu partout, ce fut la fête dans l’atrocité d’une colonisation et d’un impérialisme qui ne venaient en ce 8 mai qu’annoncer le plan de redressement des volontés farouches et éprises de ce salut libertaire.

La riposte fut sanglante. De Sétif, elle s’est généralisée. Elle allait toucher tous le pays durant tout le mois de mai.

L’Algérie s’embrasait sous les feux brûlants d’un printemps 45 ; le 8 mai correspond aussi à l’un des moments les plus sanglants de l’histoire nationale. La répression colonialiste venait d’y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d’indépendance. Ce jour ne pouvait se circonscrire dans une dimension de simples “évènements” ou “incidents”.

Le 8 mai avait ébranlé toute la puissance coloniale et la répression était atroce. A Sétif, Guelma, Kherrata, de terribles massacres ont été exécutés. L’armée coloniale fusille, exécute, torture et viole tandis que l’aviation et la marine bombardent les villages. A Guelma les B 23 ont mitraillé, tout ce qui bougeait des journées entières. A Kherrata, ce fut des familles entières que l’on jetait du haut d’un précipice.

Des dizaines de milliers de morts à comptabiliser, plus de 45 mille d’après les sources algériennes, sans oublier non plus les milliers de blessés, d’emprisonnés envoyés dans des camps. Un appel des plus stridents se laisserait entendre par ceux-là même qui ont pu “embryonner” la genèse du mai 45 pour exalter que le nationalisme n’est pas une profession de foi ; il n’est non plus un droit de détention d’un bout d’une carte nationale d’identité ou d’une attestation de participation. C’est un comportement, un esprit, une pieuse pensée et une profonde réflexion.

Mai ou novembre, à l’instar de tant d’attributs historiques nationaux, doit être remis à qui de droit : c’est l’affaire de tous. Mais entre nous, si l’administration se retirait de l’organisation de ces fêtes, tous les jours se ressemblerait.

Il n’y aurait plus de “commémoration”, donc par utilité culturelle faisons-le au moins au bon endroit, à bon escient et pas à l’envers de l’objet du message.

L’oubli et la désuétude. Alors, quelle est la meilleure méditation que l’on puisse faire face à ces tragiques “incidents” ? Ne pas oublier. Se souvenir. En parler et écrire les faits dans leurs profonds détails. En un mot : se souvenir reste quand bien même une bonne expression de soi. Une reconnaissance méritoire pour autrui.

Smaïl Chenouf

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