«Mon oncle m’a appris beaucoup de choses»

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Hocine Aït Ahmed, l’homme ayant atteint l’universalité tant par sa vie chargée de politique que par sa jeunesse révolutionnaire qui lui a voulu le nom du père de la révolution algérienne, est enterré avant-hier, à son village natal Aït Ahmed à Aïn El-Hammam. Il a retrouvé les siens -le peuple algérien- qui sont venus par milliers, de différentes régions du pays, savourer les derniers moments de présence de Da L’Hocine sur terre. L’homme a retrouvé également, comme il l’a souhaité sa mère et ses ancêtres. Il partage la même demeure éternelle que celle de sa mère, Benkettache Nyassa (1909-1983), à côté du mausolée de son ancêtre Chikh Mohand (1838-1901) et Aït Ahmed Hadj Mohand Arezki décédé en 1906. Nous étions à la place de l’enterrement au milieu d’un monde fou, on dirait un pèlerinage. Vers 16h du soir, la grande majorité de la foule venue de loin et de différentes régions du pays assister à l’enterrement de Hocine Aït Ahmed (1926-2015), est repartie. Le village natal Aït Ahmed de Da L’Hocine est devenu accessible. Nous avons pu, à ce moment, nous y rendre et voir la demeure éternelle du révolutionnaire, la même que sa mère. Mis à part quelques personnalités politiques comme les différents représentants des partis politiques nationaux ainsi que des personnalités au pouvoir, à l’instar du Premier ministre, Sellal, l’assistance des funérailles est constituée de simples citoyens. «Regardez cette foule, regardez leurs habits, leur comportement, c’est une foule de gens simples drainés par la grandeur simple de Hocine Aït Ahmed», dira un homme âgé au milieu des milliers venus à l’enterrement du fils de Yehya et de Nyassa Benkettache. «Aujourd’hui, le sens de démocratie s’est concrétisé. L’Hocine est l’un du peuple, il est enterré comme un du peuple sous la terre du peuple et par le peuple. C’est un envoyé du peuple. Il leur a été fidèle et ils lui sont reconnaissants», nous dira Yahia Aassam, fils de la sœur du défunt. Et d’ajouter : «À la fin des années 80 et pendant deux ans, j’étais presque souvent avec lui, il m’a appris beaucoup de choses et j’ai essayé de découvrir le secret de la vision lointaine chez lui. J’ai réalisé que sa force politique, son intelligence ainsi que la bravoure d’un moudjahid qu’il est, sont inspirées de son beau cœur et de sa croyance en Dieu. Avant tout, mon oncle était un bon type. Il n’était pas rusé. S’il a adopté la politique un jour, c’est bien pour trouver un moyen pour concrétiser ses objectifs humains, tels l’égalité la justice et la démocratie dans la société. Trois principes guident sa vie : Errahma, l’action politique et la réflexion». Notre interlocuteur dira encore : «Il me dit souvent : il ne faut jamais répondre violement à la violence s’il y a une voie pacifique, sinon mieux-vaut ne pas répondre. Respecte toujours tes adversaires en politique, souhaite leur du bien et ne les considère jamais ennemis». Notre interlocuteur termine en disant : «Nous n’avons pas enterré Si L’Hocine, nous l’avons seulement planté pour que son humanisme, son courage, son intelligence puissent pousser en chaque Algérien et Algérienne afin de refuser, comme lui l’avait fait, toute forme de colonisation, d’injustice et d’acculturation».

Noureddine Tidjedam

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