«C’est une mesure vitale pour la caisse de la retraite»

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M. Ahmed Ouyahia était hier l’hôte de la wilaya de Tizi-Ouzou où il a présidé un Conseil de wilaya élargi de son parti.

En marge, alternant les casquettes en tant que représentant du président de la République, en sa qualité de chef de cabinet à la présidence, et secrétaire général du RND, Ouyahia s’est permis un large tour d’horizon de l’actualité nationale et régionale en particulier, sur les ondes de la radio locale où il a fait un crochet vers la mi-journée. Il a notamment évoqué le volet économique et la situation induite par la baisse drastique du prix du pétrole : «Le prix du pétrole a baissé et je considère que c’est une aubaine pour l’Algérie. Cette crise nous pousse à retrousser nos manches et à nous mettre au travail. C’est une crise qui va durer et il n’est pas sûr que les prix retrouvent leur niveau de 80 dollars. Il est alors évident, comme le dit le président de la République, que nous devons diversifier notre économie et ne plus compter que sur l’énergie fossile. L’Algérie devra compter sur elle-même. Il faut rendre la considération au travail, ne pas se cacher les vérités et se mettre au travail», ce sont les clés de la reprise plaidera Ouyahia. Il a en outre abordé la zone industrielle de Souamaa où 100 000 emplois sont promis mais «les citoyens qui ne donnent pas de leurs terres à l’investissement doivent être persuadés que s’ils le font ils seront indemnisés par l’Etat. Une offre comme celle-ci devrait donner à réfléchir à tout le monde». La Kabylie, c’est connu, n’a pas beaucoup de terrains et le peu qu’elle a, elle doit l’utiliser avec raison. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou il y a beaucoup d’atouts dans l’artisanat et la communauté algérienne à l’étranger devra participer à la promotion et à sa vente à l’extérieur. «Le tourisme aussi pourra participer à la relance de l’économie, avec par exemple une mise en valeur du barrage de Tabksebt et des hauteurs du Djurdjura, des Aurès et de Chéréa, trois régions qui ont de la neige, un atout supplémentaire pour faire revivre le tourisme. Il ne faut pas uniquement bâtir des complexes industriels, mais développer le pays avec ses propres ressources». Abordant le volet décentralisation, Ouyahia a mis l’accent sur les tergiversations et la notion d’assistés : «Depuis 1967 on parle de la décentralisation qui ne s’est pas concrétisée à ce jour car on attend la subvention de l’Etat, mais cette crise est une occasion pour redonner sa place à la finance locale, aux assemblées locales et au développement local et que la décision soit prise au niveau local. Chaque commune ou wilaya doit gérer ses propres potentialités. La démocratie dont on parle aujourd’hui existe chez nous depuis plus de 10 000 ans à travers Tadjemaât qui organise la vie du village. Aujourd’hui, appliquer cela au niveau des communes et des wilayas va générer le développement à la base mieux qu’au niveau central. Revenant au chapitre de l’investissement, Ouyahia estimera que les besoins sont plus dans le changement des mentalités que des mécanismes. «On ne peut pas se permettre de moduler les mécanismes continuellement», arguera-t-il. Evoquant au passage la fameuse règle du 51/49%, Ouyahia se félicitera que le Président eut mis en avant un tel garde-fou : «Je suis de ceux qui prônent son maintien et je me réjouis de son existence, car le maintien de la règle du 51/49% est une contrainte pour ceux qui veulent nous bouffer, et non pour notre développement». Aussi, enchaînera-t-il sur un cours d’économie où il invite les intervenants à «ne pas faire d’amalgame entre l’ouverture et la fermeture du marché». «L’essentiel est d’éviter de tomber dans ce piège. Mais il ne faut pas se voiler la face non plus. Car même si l’Etat a toujours garanti une certaine dimension sociale dans sa gestion économique, ça ne pourrait continuer indéfiniment. Il faut se mettre au travail. Et au RND on est pour l’encouragement de nos entreprises locales à prendre en charge le bâtiment par exemple», dira-t-il. «Ce vent de crise fait mal d’un côté mais d’un autre côté c’est une aubaine, car l’Algérie a des ressources dans plusieurs secteurs : agriculture, industrie, tourisme, mines et une ressource humaine formée», insistera-t-il avant d’aborder le chaud dossier de la suppression de la retraite anticipée. «La caisse de la retraite est en souffrance. Je peux dire que c’est grâce à l’argent de la sécurité sociale que fonctionne encore le régime de la retraite. La retraite anticipée qui a été une issue salutaire pour une certaine catégorie au moment où les entreprises étaient en difficulté ne doit pas se muer en cadeau prolongé. La suppression de la retraite anticipée est une nécessité vitale pour la caisse de la retraite. Il y a certes ce fonds spécial créé grâce aux 3% prélevés sur la fiscalité pétrolière, mais on ne peut se permettre d’y toucher au risque de jouer sur l’avenir des générations futures», préviendra-t-il. La note de fin, Ouyahia l’a voulue partisane. «Lors du conseil de wilaya, nous avons parlé du pays car nous sommes un parti nationaliste. On a essayé de les sensibiliser sur le fait que le pays traverse une crise et qu’il va falloir se remettre un peu plus au travail. Et bien sûr, en tant que parti politique, j’ai plaidé l’unité des rangs et la mobilisation de la famille du RND pour aller la prochaine échéance électorale dans la diversité et la cohésion nationale».

Sadek A. H

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