«Avec M. Benyounès on avait entamé des projets»

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A travers cet entretien, le maire de Tizi-Ouzou, Ouahab Aït Menguellet, dresse son bilan.

La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous faire un bilan de vos quatre années passées à la tête de la commune ?

M. Aït Menguellet Ouahab: Franchement pour moi, ces quatre ans sont quarante ans de parcours, de peines et de problèmes. Au départ, la population nous a demandé deux choses : premièrement, de mettre fin à l’anarchie qui régnait au niveau du service de l’état civil. Deuxièmement, trouver une solution au ramassage des déchets ménagers qui polluaient pratiquement tous les quartiers de la ville. Evidemment, nous ne sommes pas venus uniquement pour régler ces deux problèmes-là. Nous les avons considérés comme étant des priorités même si ces opérations tardaient à se concrétiser faute de moyens financiers, deplus tous les fournisseurs ne voulaient plus entendre parler de l’APC de Tizi-Ouzou dans le sens où cette dernière n’avait pas honoré ses précédents engagements. Il y a lieu de souligner, pour vous illustrer un peu l’état désastreux dont nous avons hérité, qu’il n’y avait pas de gestion, il n’y avait que la structure : le bâtiment ! Mais, petit à petit, nous avons réussi à mettre la machine sur les rails. Je vous signale, au passage, que l’ancien wali, M. Bouazghi, nous a toujours aidés, ainsi que M. Doumi, le chef de daïra. J’appartiens à un parti d’opposition, mais quand l’administration fonctionne, je dis la vérité. Après l’état civil, on est passés à un deuxième problème, celui des déchets ménagers. Nous nous sommes retrouvés dans l’impossibilité de continuer avec l’ancienne équipe que nous avions à la voirie. Pour créer l’EPIC CODEM (L’Entreprise publique à caractère industriel et commercial pour la collecte des déchets ménagers), c’était très difficile, et pour cause, nous avons été confrontés à des blocages et à du sabotage venant de l’intérieur comme de l’extérieur, et nous avons constaté que mon équipe gênait les affairistes qui jouaient dans le trouble, mais nous avons pu surmonter pas mal de problèmes. Après la création de l’EPIC, il a fallu acheter le matériel nécessaire, nous avons pu, alors, acquérir l’une des meilleures flottes : plus d’une vingtaine de camions.

Qu’en est-il des autres projets ?

Après avoir réglé ces deux problèmes cruciaux, nous nous sommes occupés des 49 écoles primaires de la commune qui étaient dans un état des plus lamentables. Ça n’était pas chose aisée. Nous avons dépensé presque 80 milliards de centimes pour les réhabiliter, et nous continuons à les entretenir. Passé ce cap, nous nous sommes attaqués à la récupération des biens de l’APC. On a, donc, récupéré le cinéma Studio, qui était squatté par un citoyen depuis 17 ans, et qu’on transformera, incessamment, en salle de sport. Nous avons aussi récupéré un appartement, au siège même de l’APC, qui était habité par un ancien gardien depuis 20 ans, et on l’a affecté au service technique. Nous avons aussi repris possession des locaux à l’intérieur de même de l’APC, l’antenne de mairie de la haute ville squattée par un citoyen et un terrain de deux hectares à l’entrée Ouest de la ville. Des opérations de réhabilitation des quartiers sont, également, en cours.

Justement concernant les annexes, où en êtes vous ?

Concernant les annexes, on a refait celles de la nouvelle-ville et de Boukhalfa qu’on a informatisées et numérisées. On a refait aussi celle de Bouhinoun et on en a créé une nouvelle à la haute-ville. On a également inscrit une autre à Rehahlia dont les travaux débuteront bientôt. Elle sera située à côté d’une structure abandonnée qu’on a transformée en centre de santé et qui est actuellement fonctionnelle. On a également transformé une vieille bâtisse en une très belle annexe informatisée à Timizart Loghbar, où on a, également, repris une maison de jeunes abandonnée et créé deux sections sportives. De plus, on a créé une salle de sport à Tazmalt et on va bientôt commencer les travaux de la salle de sport d’Issiakhene Oumeddour. Il y aussi le futur siège en vue de l’APC à l’entrée Est de la ville de Tizi-Ouzou. Nous avons également projeté la construction d’un marché de gros à Bouaid, mais, malheureusement, les trafiquants de sable ne nous ont pas laissés nous installer à cause du vol de sable enregistré fréquemment à cet endroit. Par ailleurs, nous avons projeté de transférer le marché hebdomadaire de Tala Athmane vers Bouaid pour rentabiliser cette zone industrielle o&ugrave,; au lieu des machines, on vend du foin. Cette dernière est à récupérer, notamment, pour créer de l’emploi et des richesses. Nous avons programmé, dans ce sens, un marché de gros, un marché d’agroalimentaire, un abattoir… Si bien que nous n’aurons plus besoin des subventions. Malheureusement, on ne m’a pas laissé faire. J’ai aussi proposé un pont qui relierait la zone de Tala Athmane à celle d’Oued Aïssi, un projet stratégique qui relierait deux zones industrielles très importantes. Avant le départ de M. Amara Benyounès du ministère, il nous avait envoyé une commission dépendant du ministère du Commerce. Sa mission était de construire les marchés de gros. On a dégagé une assiette, ils sont venus pour sa concrétisation, mais avec le départ de M. Benyounes du ministère, le projet est tombé à l’eau. Actuellement on est sur un site à Bouaid. On a aussi réalisé une très belle gare à Boukhalfa, la place Mbarek Aït Menguellet, celle de l’Olivier, l’ex-gare… Il faut dire que la sortie Est n’était pas comme ça !

Qu’en est-il du plan de circulation ?

Quel plan dans une ville comme ça ? On a deux rues. La première cité à la nouvelle-ville était une cité anarchique, sans commodités et sans architecture. Comment voulez-vous prévoir un plan de circulation fiable ? A l’exception du boulevard jouxtant la superbe nouvelle clinique Mahmoudi, que nous avons aménagé, tous les trottoirs sont vendus.

Et le plan de circulation de la direction du transport, ne peut-il pas être une solution ?

Ce plan a été initié par la wilaya sous l’égide de la direction du transport et nous sommes membres de la commission de circulation. Ce plan apporte des solutions à court-, à moyen- et à long terme. On a cinq arrêtés approuvés. A partir du 1e novembre, on va se réunir pour reprendre le stationnement et la circulation. Je ne veux pas qu’il y ait d’amalgames, et pour ce faire, il faut faire la différence entre le plan de circulation, qui relève de la Direction du transport, et notre commission de circulation et de stationnement qui relève, quant à elle, de la commune.

Autre chapître, ce projet de discorde d’un parc prévu à la forêt de Harouza. Quelle est votre position ?

Je l’ai dit et je le redis ! Il n’est pas question de laisser quiconque s’installer dans cette forêt et faire du commerce tant que je suis président de l’APC ! Le commerce sera interdit dans cette forêt. Il ne reste rien dans cette ville, le béton a tout ravagé.

Cela nous amène au problème de l’environnement, en général, et à l’état déplorable des jardins publics au niveau de la ville de Tizi-Ouzou, en particulier. Pourquoi cette situation ?

Je n’ai pas de baguette magique ! Cela veut dire que je ne peux pas régler tous les problèmes en 4 ans. Ce sont des problèmes qui se sont accumulés depuis 30 ou 35 ans. Et puis, il y a des priorités ailleurs : des quartiers et des villages dépourvus d’électricité, de gaz, et autres besoins vitaux… Maintenant, en ce qui concerne les espaces verts, ils vont passer incessamment sous l’égide de l’EPIC et le problème sera ainsi réglé. L’EPIC lance, actuellement, une opération de tri sélectif dans tous les quartiers de la ville et des villages. Une campagne de sensibilisation est programmée, aussi, dans toutes les écoles de la commune. Je tiens à signaler, au passage, que pas moins de 150 tonnes de déchets ménagers sont collectés chaque jour, contre 65 tonnes auparavant, et nous avons en tout 25 camions à bennes-tasseuses opérationnels au quotidien. Auparavant, cette opération de collecte nous coûtait la somme de 35 milliards de centimes, aujourd’hui, elle nous revient à seulement 12,5 milliards de centimes. Nous avons réalisé pas mal de choses, nonobstant les contraintes du code du marché et du code communal qui est un vrai obstacle pour le développement. Même si on veut engager des actions, nos mains sont liées. Pour illustrer cette situation, je vous cite un exemple: pour réaliser un tronçon de 4 kms de goudron, il nous fallait 36 mois de combat et de bureaucratie à surmonter.

Le problème d’insécurité au niveau de la ville se pose aussi. Qu’avez-vous fait pour lutter contre ce phénomène ?

Premièrement, le maire n’a aucune prérogative là-dessus. Deuxièmement, je ne suis pas policier. Et troisièmement, je ne suis pas gendarme non plus ! Il faut que ça change et, pour ça, il faut que le code communal change. Il faut une certaine liberté dans les prises d’initiatives. Le P/APC doit reprendre sa vocation de premier magistrat de la commune si on veut une véritable évolution et un développement digne de ce nom.

On parle, souvent, de budgets non consommés. Qu’en est-il de la commune de Tizi-Ouzou ?

Depuis 30 ans, jamais la commune de Tizi-Ouzou n’avait autant consommé de son budget comme c’est le cas depuis notre installation. Dans ce domaine, je peux dire que nous sommes la meilleure commune. Je plains les APC déshéritées et sans ressources qui sont entre le marteau et l’enclume je veux dire entre les doléances et réclamations des citoyens et les contraintes de la gestion administrative.

Sur un autre plan, Tizi-Ouzou est une ville qui ferme dès 17 heures quasiment. Qu’est-ce qui empêche la ville de veiller ?

Vous savez, nous sommes pris dans un engrenage. Une fois installé, on a été vite dépassé par les nombreux manques à combler qu’on oublie ce volet qui parait alors comme un luxe. On aurait pu animer la ville au moins au cours de différentes occasions, telles que les fêtes nationales et autres, pour rendre la vie en ville plus agréable, mais ça ne suit pas.

Pour finir, la ville a vu ces derniers temps l’inauguration de plusieurs stèles. Peut-être d’autres projets du genre en vue ?

Effectivement, nous avons déjà inauguré le carrefour Matoub Lounès, la place Tahar Djaout, la place Mbarek Aït Menguellet en attendant d’autres pour Benaï, Ould Hamouda… Pour concrétiser ces projets, nous avons rencontré des oppositions féroces, surtout au sujet de celle qui devait être consacrée à Slimane Azem que nous n’avons, malheureusement, pas pu réaliser.

Entretien réalisé par K. Haddoum et H. Moula

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