Attendue avec impatience, parfois avec anxiété par les céréaliculteurs démoralisés par plusieurs semaines de sécheresse, la pluie a fini par se manifester de façon à décrisper tout le monde. Commencée dans la nuit de dimanche à lundi, elle pourrait se poursuivre au cours de la semaine, selon le bulletin de Météo Algérie. La wilaya de Bouira n’est pas concernée par le bulletin spécial qui annonce un cumul de 40mm pour les wilayas de l’est et du centre, dont Alger, Blida, Béjaïa, Tizi Ouzou, Sétif, Jijel, Skikda, Guelma etc. Mais on a pu noter à vue d’œil une importance précipitation qui a permis de remplir les fossés et créer de grandes flaques dans les terrains creux. Les chauffeurs rendus prudents roulent à une allure sage, car les routes sont inondées. Naturellement, tout le monde a réagi à cet événement providentiel en sortant les vêtements chauds et les parapluies. Déjà l’hiver ? Peut-être pas. Car le solstice suivant est pour le 21 décembre. Mais cette perturbation, la première depuis longtemps, a rafraîchi l’atmosphère faisant chuter le mercure à 13°C. Si l’on sait que le thermomètre a grimpé jusqu’à 34° ces derniers temps, on peut mesurer les écarts provoqués par ces intempéries. Mais ce qu’il faut retenir, c’est l’espoir que ces premières pluies ont donné aux céréaliculteurs. Il était temps. On craignait que l’année entamée sous d’aussi tristes auspices ne soit compromise par une sécheresse dont le caractère ne cessait de s’accentuer au fil des jours et des semaines. Sur les surfaces emblavées la graine est menacée par les insectes qui les infestaient et par le long stress hydrique. Par bonheur, cet épisode orageux est arrivé au moment où la situation risquait de devenir intenable. Comment ne pas comprendre le soulagement des agriculteurs dont on estime le nombre à plus de 13 000 à l’échelle de la wilaya. Mais même si l’on considère ces précipitations de ce seul point de vue, c’est-à-dire du point de vue des superficies emblées (70 000 ha), il est légitime de se réjouir de tels apports, lesquels, toutes importantes qu’elles soient ne peuvent avoir d’incidences notables sur les cinq nappes phréatiques recensées dans la wilaya avec leurs 50 millions de m3. Avec leurs 800 millions de m3, les eaux superficielles, elles, ne peuvent espérer tirer un grand bénéfice de ces pluies qui vont surtout profiter essentiellement aux cultures céréalières et dans une faible mesure aux cultures maraichères. D’ailleurs, cette pluviométrie demeure elle-même dépendante du climat divers qui caractérise la wilaya. Au nord, celle-ci est plus arrosée avec 720 mm, contre 520 mm au centre et 320 mm au sud. Ces chiffres ont été communiqués il y a une dizaine de jours par la direction des ressources en eaux (Hydraulique) et montrent à quel point dans la partie sud, certaines cultures restent exposées aux aléas climatiques et météorologiques. Pour espérer voir s’inverser la tendance, il faudrait que les conditions climatiques redeviennent ce qu’elles étaient il y a une trentaine d’années, voire un demi-siècle où les neiges étaient précoces et les gens hésitaient à ranger le mois de novembre parmi les mois d’automne ou d’hiver.
Aziz Bey
