Quand le bâtiment est touché par le chômage

Partager

Le seul secteur pourvoyeur d’emploi dans la région d’Aïn El Hammam, à cinquante kilomètres de Tizi-Ouzou, n’est plus ce qu’il était il y a encore peu de temps.

Depuis quelques temps, la demande de main-d’œuvre est en régression nous confie un maçon, au chômage, qui attend un appel de son patron, entrepreneur. «Avant cette année, nous refusions de prendre les petits chantiers. On s’attaquait surtout aux travaux importants et rentables, mais aujourd’hui, pour de nombreuses raisons nous n’avons plus rien.» Le même son de cloche est répercuté par les artisans maçons auxquels les villageois confient, habituellement, la construction de leurs maisons ou de menus travaux de rafistolages. D’autres travailleurs du bâtiment estiment qu’«il ne reste plus rien. Personne ne demande de ferrailleurs ou de coffreurs», nous dit Djamel, ferrailleur de son état, qui faute de travail, se reconvertit dans le débroussaillage des champs, très demandé par des particuliers en cette saison. Les maçons qu’on cherchait à la loupe, il y a une année, redeviennent disponibles comme par enchantement. Mieux encore, certains d’entre eux, pour assurer leur pain quotidien, revoient leurs salaires à la baisse. Les raisons de cette brusque panne nous sont relatées par un vieil entrepreneur qui souligne le manque de projets étatiques. Les chantiers de construction de logements ou d’infrastructures publiques, abondants à une époque, se réduisent peu à peu au minimum utile. Les prix des matériaux de construction qui dépassent l’entendement, n’encouragent guère les privés à entamer, ne serait-ce qu’un petit appartement. «Les poches des gens sont vides. Ils arrivent tout juste à assurer le pain quotidien», précise notre interlocuteur. Même les nouveaux entrepreneurs bénéficiaires de crédit ANSEJ se tournent les pouces, en attendant une éventuelle offre de la part des villageois. Hormis les emplois précaires, proposés dans le cadre des divers dispositifs d’aide de l’état à l’emploi, trouver du travail dans les régions de haute Kabylie revient à «chercher une aiguille dans une botte de foins». Région montagneuse par excellence, Ain El Hammam a toujours souffert d’un manque flagrant d’emplois. L’industrie pourvoyeuse de postes d’emploi est quasi inexistante. La quasi-totalité de la population est occupée dans l’administration ou dans le secteur du bâtiment. Cette année, ni l’un ni l’autre ne semblent disposés à étoffer leurs effectifs. Au contraire. Le chômage s’accroît de jour en jour au grand bonheur des cafetiers dont les établissements se remplissent à longueur de journée.

A.O.T.

Partager