Retour sur la présence ottomane

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L’auditorium du campus Aboudaou de l’université Abderrahmane Mira abrite, depuis hier, un colloque scientifique international sur la présence ottomane en Algérie, à l’occasion du 500e anniversaire du débarquement, en 1516, sur les côtes bédjaouies des frères Arroudj et Khair-Eddine Barberousse, deux grands marins de l’empire ottoman.

Ce colloque, de deux jours, a été rehaussé par la présence du wali de Bejaia, d’un représentant du ministère de l’Intérieur, de l’ambassadeur de la Turquie à Alger et d’un conseiller du président turc Erdogan. Etait aussi présent à cette rencontre scientifique M. Abdelmadjid Chikhi, directeur du centre national de la conservation des archives, et de son homologue turc. Dans une courte allocution, prononcée devant la famille universitaire composée d’étudiants et d’enseignants, des autorités locales, des élus locaux et des parlementaires, l’ambassadeur turc à Alger, Mehmet Poroy, a rappelé et mis en valeur «les liens d’amitié qui lient depuis longtemps l’Algérie à la Turquie». Pour sa part, le conseiller spécial du président turc a, d’abord, souligné «les bonnes relations» qui existent entre les deux pays sur les plans économique et politique, félicité l’initiative prise par la direction de la conservation des archives d’Alger d’organiser ce colloque scientifique «qui va renforcer les liens culturels et historiques» entre les deux pays. La présence ottomane en Algérie, qui s’est étalée sur 300 ans (1515-1830), est consignée et relatée dans des archives non encore exploités. Selon le directeur du centre des archives d’Istanbul, le nombre d’archives liés à la présence turque en Algérie avoisinerait les 10 000 documents. «Il y a nécessité de faire l’exégèse de ces archives d’une manière académique et scientifique. Ces archives représentent un trésor d’informations sur la mémoire commune des deux pays», a déclaré le responsable turc. Après les déclarations protocolaires, Oueld Salah Zitouni, wali de Bejaia, a inauguré officiellement ce colloque de deux jours. Une pléthore de professeurs, spécialistes de la période ottomane en Algérie, prendront la parole durant ce colloque. La première conférence a été animée, hier matin, par le professeur de l’université d’Alger Saidouni Nacer Eddine sur «la problématique de la souveraineté algérienne à l’époque ottomane».

Le livre de Mouloud Gaïd passé à la loupe

Dans sa «plaidoirie», l’intervenant a essayé, tant bien que mal, de réfuter la thèse d’une colonisation ottomane de l’Algérie, telle que soutenue par des historiens étrangers et locaux. Il citera, particulièrement, l’historien kabyle Mouloud Gaïd qui a soutenu, dans son livre intitulé «Histoire de Bejaia et de sa région», l’idée d’une colonisation de Bejaia par l’empire ottoman, qui venait, alors, de chasser les espagnols. Ce qui semble déranger M. Saidouni est l’accent mis par Mouloud Gaïd dans son ouvrage sur «les pages sombres» de l’histoire ottomane dans la région, caractérisée par l’oppression et la discrimination des autochtones au-delà de la délivrance des côtes algériennes de la main des espagnols. A noter qu’une visite au port de Bejaia, où les armées turques avaient débarqué au 16eme siècle sous les ordres de Khair-Eddine Barberousse, a été effectuée, hier, par les deux délégations algériennes et turques. Aujourd’hui, le cycle des conférences-débat reprendra dès les premières heures de la matinée avec, au programme, des communications sur «Bejaia et sa ville», animée par Yasmine Nemli Oglo, cartographe à l’université d’Istanbul, et «registres de la mission ottomane et son importance dans l’étude de l’histoire d’Algérie», qui sera donnée par Fadel Bayet.

Boualem Slimani

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