Le droit et les passe-droits

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Par Sadek Aït Hamouda

Je ne suis pas content, je ferme la mairie ! Je ferme la daïra ! Je ferme la route ! Je brûle les pneus ! Et je fous la pagaille ! C’est ainsi que nous agissons désormais en cas de mécontentement, d’exaspération ou d’oisiveté. Il arrive qu’en bloquant la route, on provoque l’irréparable, cela c’est passé il y a quelques jours, à proximité de la ville de Tizi Ouzou. Des gens ont laissé sur place ce qui leur a servi pour faire barrage à leurs concitoyens, pierres et l’arsenal utile pour un faux-vrai empêchement, manu militari, d’activités. Et cela a provoqué un carnage, deux frères ont trouvé la mort à travers un accident de la route et une famille plongée dans le deuil, la douleur, et le chagrin. Sommes-nous en droit de se poser des questions sur le comportement de ces citoyens qui embarrassent leurs semblables sans s’interroger sur les maux qu’ils peuvent leur causer. Il y a des ambulances, la protection civile où une urgence qu’ils, les coupeurs de routes, s’empressent d’empêcher. La citoyenneté bien comprise ne doit-elle pas s’accompagner de convivialité, de bienséance, de compréhension et de bonnes manières ? Plutôt que de mettre ses compatriotes dans la gêne, la panade et quelquefois des choses plus graves encore. Ce sont là des conduites malheureuses et malvenues qui de surcroît n’arrangent personne, si ce n’est rendre tout compliqué, et rompent le contrat social, si ce contrat existe et est respecté chez nous. La citoyenneté suppose au préalable la conscience pleine et entière de ses droits comme de ses devoirs. Et le premier devoir est celui respectant les libertés des autres, leur espace de vie, d’expression et de ne pas outrepasser les limites qu’offre la loi au peuple pour vivre en commun. Tout le monde se respecte et respecte tout le monde. Si couper les routes peut dans certains cas aider à recouvrer, dans certains cas, ses droits reniés, ils ne font dans la réalité que réduire la marge du droit stricto sensu et répandre l’anarchie et la débandade parmi-nous.

S. A.H.

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