Quelle conduite face aux maladies thyroïdiennes ?

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La Société algérienne des médecins généralistes (SAMG), collège de Béjaïa, en collaboration avec le laboratoire pharmaceutique El-Kendi, a organisé une rencontre médicale à l’hôtel Chréa, vendredi dernier.

Il y avait près de deux cents médecins présents à cette rencontre. Généralistes en majorité, mais également spécialistes de différentes disciplines. Le thème de la rencontre était lié aux maladies thyroïdiennes. La thyroïde est un organe situé au niveau du cou. Son dysfonctionnement cause différents troubles à l’organisme qui nécessite, selon les cas, l’intervention de différentes spécialités médicales pour le traiter.

Réformes dans la formation en sciences médicales

Dès l’ouverture des travaux, le Professeur Tliba, doyen de la faculté de médecine de Béjaïa, a pris la parole pour souligner que les résultats des travaux entrepris par les médecins de Béjaïa lors de ces rencontres devraient être consignés dans un document qui devrait être mis à la disposition des professionnels de la santé. Il a également souligné l’importance d’arriver à la mise en place d’une autorité de la santé, comme cela se fait dans d’autres pays, à l’instar de la France et de la Tunisie, par exemple. Pour parler de la réforme des sciences médicales, Tliba a souligné la nécessité d’en réformer la formation. Un projet de loi sur la santé devrait être présenté prochainement à l’APN pour y être débattu. La conférence des doyens des facultés des sciences médicales travaille actuellement sur trois axes : l’ancrage juridique, l’architecture et la formation médicale. «Nous sommes en train de programmer trois conférences régionales pour préparer la conférence nationale», a-t-il annoncé. Le monde évolue et les exigences de la formation médicale aussi. Le World Program of Medical Education exige désormais qu’en 2023, il y aura obligation d’accréditation des diplômes de médecine dans le monde. Faute de quoi, il sera impossible aux médecins d’exercer. Il y a en Algérie actuellement sept compétences médicales. Il y en a une autre qui devrait être consacrée. Il s’agit de la médecine de famille. Le médecin de famille n’est pas encore reconnu en Algérie et les médecins réclament un cadre juridique pour pouvoir en faire une spécialité à part entière.

Objectifs de la SAMG

Pour le Docteur Benhamouda, la SAMG devrait avoir un objectif sociétal. «Nous revendiquons la médecine de famille comme spécialité médicale», a-t-il déclaré. Il y a cent soixante-huit items de formation continue selon les pathologies récurrentes. «Il faut que le médecin généraliste sache communiquer et faire de la recherche. Il faut mettre à niveau les médecins praticiens. Selon la loi, c’est à l’employeur de financer la formation continue. C’est-à-dire, au ministère de la Santé», a-t-il ajouté. Il revendique aussi les conditions d’accréditation des médecins en déclarant : «L’accréditation doit être assurée par un organisme indépendant. Cet organisme n’existe pas encore en Algérie». Après ces premières interventions de type organisationnelles et stratégiques pour la SAMG, les organisateurs sont passés au sujet du jour, qui a drainé de nombreux médecins venus non seulement des différentes régions de Béjaïa, mais aussi d’autres wilayas, à l’exemple de Tizi-Ouzou, venus nombreux, et Khenchla dont le représentant a annoncé que les médecins de cette wilaya sont en train de s’organiser pour créer également un collège de la SAMG local.

Sept millions d’hypertendus

Selon le docteur Zidani, il y a plus de sept millions d’hypertendus en Algérie. Parmi toutes les spécialités médicales, la médecine interne est celle qui se rapproche le plus de la médecine générale. «Le rôle de la prise en charge médicale ne se limite pas à la prescription. C’est par la nutrition qu’on peut éviter les maladies cardiologiques. On connait tous les raisons de l’hypertension. Mais la difficulté réside dans la mise en pratique des traitements nécessaires», a-t-il affirmé. Puis il ajoute en donnant des conseils à ses confrères : «la diminution du sel donne toujours de bons résultats. La perte de poids également. En Algérie, on consomme en moyenne douze grammes de sel par personne et par jour. Ce qui est largement excessif. Physiologiquement, nous n’avons besoin que de deux grammes. L’OMS recommande de ne pas dépasser les six grammes». Sans vouloir exclure le sel de la vie des gens, le Docteur Zidani insiste sur le fait qu’il est indispensable à la vie. Mais il ne faut pas en abuser. «Les industries mettent du sel y compris dans les boissons sucrées. C’est l’excès qui fait mal. Le sel se cache aussi dans le pain. Ce n’est pas le pain qui pose problème. Contrairement aux idées reçues, le pain ne fait pas grossir. C’est le sel qu’il contient qui pose problème. Il suffit de diminuer la quantité de pain consommée chaque jour pour diminuer celle du sel ingurgité». Continuant dans ses recommandations, il ajoute «il ne faut jamais mettre de salière sur la table. Il faut aussi faire attention aux conserves, au fromage… Il ne faut pas abuser du fromage». D’ailleurs, l’orateur conseille aux hommes de plus de cinquante ans de diminuer la ration de laitage prises par jour, car ce dernier pourrait causer des ennuis de santé, dont les maladies de la prostate ne sont pas des moindres». Continuant sur sa lancée, il ajoute «la perte de poids est primordiale pour baisser la tension. Il faut se méfier des régimes amaigrissants. Par exemple, il ne faut jamais sauter les repas, encore moins le petit déjeuner. Il ne faut pas non plus manger trop vite et il faut faire de l’exercice physique». Dans ce sens, le médecin a beaucoup loué les bienfaits de la marche. Rester assis toute la journée n’est pas bon pour la santé. Il faut bouger et avoir de l’exercice physique de manière régulière. Le Docteur Zidani surprendra son assistance lorsqu’il recommandera aux médecins présents de conseiller à leurs patients de prendre des navets dans leur nourriture. «Le navet a reçu la palme d’or chez les médecins. Il est très riche en antioxydants. Le poivron rouge également», dira-t-il. Il préconise d’adopter un programme appelé DASH (Diatary Approach to Stop Hypertension). Il insistera également sur les bienfaits du cholestérol indispensable à la vie. Là encore, il dira que c’est l’excès qui est dangereux et qu’il faudra éviter. Il y a encore le besoin de fer et de la vitamine B. Il attirera aussi l’attention de l’auditoire sur l’importance du sommeil. «Chaque individu adulte a besoin de six à huit heures de sommeil par jour. Tout comme la sieste qui devrait durer entre vingt et quarante minutes. Au-delà on augmente le risque du diabète», a-t-il affirmé. Il insistera également sur le rôle positif du stress qu’il faudra gérer s’il devient chronique. «Le tabac augmente le risque d’hypertension par dix», a-t-il souligné. Il faut également consommer de l’huile d’olives à froid. Cette huile, une fois cuite, peut causer des problèmes. C’est une des raisons des maladies rencontrées en Kabylie. L’huile d’olives est bonne si elle est consommée dans de bonnes conditions. En résumé, le Docteur Zidani a recommandé de changer notre comportement alimentaire vers de nouvelles pratiques plus conformes aux besoins de notre santé. Il a rappelé que la nutrition en Algérie est basée sur la règle des trois P : Pain, Pâtes et Patates. Il ne faut pas les supprimer, mais mieux les utiliser. Il préconise de diviser la baguette de pain en trois tiers et d’en consommer un tiers à chaque repas. Rappelant qu’il est contre les régimes draconiens, il rappelle qu’il n’existe pas de régime spécifique aux diabétiques. «Ce que nous recommandons aux diabétiques est un régime idéal que toute personne devrait adopter, qu’elle soit malade ou non».

Problèmes de thyroïde

La question du jour a été abordée par le Docteur Diaeddine Bouab, endocrinologue à Jijel, toujours fidèle aux rencontres médicales organisées à Béjaïa. Dans son style pédagogique agréable et fluide, il a abordé la problématique des dysthyroïdies, autrement dit, les dysfonctionnements de la thyroïde. Commençant son exposé par un sujet d’actualité et usant d’images et de photographies pour illustrer son propos, le médecin a présenté des cas de malades célèbres souffrant de maladies de la tyroïde. A ce propos, on a eu droit à plusieurs exemples, dont celui de la malheureuse candidate à l’élection présidentielle américaine, Hillary Clinton, mais également Oprah Winfrey, la femme noire la plus riche au monde, le célèbre footballeur brésilien Ronaldo, le poète arabe El Djahedh, la cantatrice égyptienne Oum Kaltoum… «Le dérèglement de la glande thyroïdienne peut toucher plusieurs fonctions métaboliques», a affirmé le Docteur Bouab. A ce propos, il illustre ses affirmations par des photos de patients, adultes et enfants ayant souffert de ces dérèglements. «Ronaldo a arrêté sa carrière sportive à cause de son hyperthyroïdie, et Oprah Winfrey a pris beaucoup de poids pour la même raison». Parmi les syndromes de l’hyperthyroïdie, l’endocrinologue avance l’amaigrissement, la thermophibie, cette sensation d’avoir toujours trop chaud, les troubles cardio-vasculaires, les troubles neuropsychiques, l’augmentation de la fréquence des selles… «C’est au médecin généraliste de prendre en charge ce genre de maladies», affirmera-t-il. Et à ce propos, usant du jargon médical, il proposera aux médecins les démarches nécessaires pour soigner les malades atteints de dysthyroïdies, en leur recommandant par exemple, les types d’analyses à préconiser et le dosage des médicaments à leur faire prendre. Pour finir son allocution, il racontera l’histoire de la célèbre chanteuse égyptienne des années cinquante, plus célèbre dans le monde d’ailleurs, que le président égyptien lui-même. «Oum Kaltoum était malade et les médecins égyptiens avaient peur de l’opérer de peur de toucher à ses cordes vocales. Elle a alors été envoyée aux USA où les médecins l’ont convaincue de prendre un traitement sans avoir recours à une opération chirurgicale. Elle avait un problème d’exophtalmie qui faisait ressortir ses yeux de manière importante». Les communications présentées à l’occasion de cette rencontre médicale ont eu l’attention de l’assistance et les nombreux intervenants ont enrichi le débat et ont plu à l’ensemble des médecins. L’après-midi, les médecins ont été conviés à participer à différents ateliers pour approfondir les débats sur les différents points inscrits à l’ordre du jour. Vendredi prochain, ont annoncé les organisateurs, il va y avoir des journées de cardiologie à la faculté de médecine de Béjaïa à Aboudaou.

N. Si Yani

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