Les prestations d’Algérie-Poste en rapport avec la distribution du courrier ont tendance à s’estomper. L’image du facteur, le sac en bandoulière, arpentant les venelles des villages et hameaux, fait désormais partie d’un passé révolu. Peut-être à jamais ! Les infortunés villageois des patelins reculés, l’apprennent à leurs dépens. Ils en subissent les contrecoups de plein fouet. La population de Tamokra en sait quelque chose. L’amertume de ses habitants, déclinée sur tous les tons, en dit long sur le sérieux préjudice qu’ils ne finissent pas de subir. «C’est à ne rien comprendre : d’un côté, on ne cesse de seriner que la mission première de la poste est le service public et de l’autre côté, on prive l’usager d’une prestation aussi indispensable», dira interloqué, un habitant du village Tizi Aidel. À l’ère du numérique, où la messagerie électronique supplante peu à peu le courrier traditionnel, les villageois sont, pour ainsi dire, laissés en rade par cette intrusion de la technologie. «Nul ne peut nier l’impact et l’apport de l’outil numérique. Cependant, il faut bien prendre en considération le fait que dans la pratique de tous les jours, beaucoup reste à faire pour sa généralisation», dispose un citoyen du village Boukerdous. «Le jour où l’on pourra régler sa consommation d’eau et payer sa facture d’électricité par e mail, indépendamment du lieu où l’on se trouve, ce jour-là on pourra mettre au rancart et pour de vrai le courrier traditionnel en papier. Or, c’est encore loin d’être le cas», fait remarquer un retraité de l’éducation du village Bicher. Bien des habitants de cette circonscription rurale se plaignent de devoir à chaque fois faire le déplacement jusqu’à l’agence postale du chef-lieu pour chercher leur courrier. «Vous savez, la Sonelgaz n’a pas d’état d’âme. Ou vous réglez votre facture d’énergie, ou alors on vous coupe le courant. Vous avez beau expliquer que la facture ne vous est pas parvenue, ou alors en retard. On en a que faire», se plaint un jeune père de famille du village Boutouab, attestant en avoir fait l’amère expérience. D’aucuns parmi le citoyens de Tamokra se considèrent comme des victimes expiatoires du recentrage des activités de la poste. Un ajustement dicté par l’évolution technologique et la loi du marché. «Aussi longtemps qu’Algérie-Poste sera guidée par la seule logique commerciale et l’obligation de résultat, la population des zones excentrées, comme la nôtre, sera ignorée et en payera le prix fort», subodore un villageois.
N Maouche
