Hocine Aït Ahmed, après l’adieu, le legs à porter…

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S. Ait Hamouda

Hocine Aït Ahmed aura consacré une partie de sa vie à l’Algérie et au FFS, qu’il a laissé près sa mort engoncé dans des problèmes qui peuvent lui être fatals pour les plus défaitistes, et courants comme ça arrive dans n’importe quelle formation politiques pour la direction qui s’échine à mettre le cap sur les échéances électorales à venir. Il est vrai que ce sera là le seul baromètre à éclairer les moins et même les plus avertis de la chose politique. En attendant, le legs de Hocine Aït Ahmed semble lui toujours intact au vu de la mobilisation constante que l’évocation de son seul nom suscite. L’appareil en profite sans doute. Mais le propos n’est pas là. La grandeur de l’homme dépasse tout. Que l’on se contente de citer Ferhat Abbas dans Autopsie d’une guerre et son témoignage sur le génie de deux hommes, «M’Hamed Yazid et Aït Ahmed qui se rendent à Bogor en Indonésie, où cinq pays devaient préparer la conférence. Ils se heurtent à l’opposition du président Nehru. Celui-ci évite de déplaire à la France et épouse la thèse de celle-ci, à savoir que l’Algérie est partie intégrante du territoire français. Aït-Ahmed n’abandonne pas la partie. Il renvoie Yazid au Caire mais reste trois mois en Asie. Il effectue un immense travail d’information. Il se rend à Bombay, à Calcutta et développe le point de vue algérien. Au moment où s’ouvre la conférence, il a en partie retourné l’opinion des États asiatiques. Yazid le rejoint à Bandoeng. A eux deux, et avec l’aide des Marocains et des Tunisiens qui ont accepté de constituer avec l’Algérie une même délégation, ils remportent une victoire éclatante. La résolution finale parle de «l’appui donné par la conférence asiatique et africaine aux peuples d’Algérie, du Maroc et de Tunisie». Quatre hommes d’État de dimension mondiale : Nehru, Chou Enlai, Soekarno, Nasser, avaient été convertis à notre thèse. Aït-Ahmed, patient et persuasif, avait expliqué la «duplicité» du régime colonial appliqué à l’Algérie et rallié la conférence à notre juste cause. Avec Yazid, ils avaient ouvert les portes de l’ONU à la délégation algérienne. Une étape d’une grande importance venait d’être franchie sur le plan international». N’est-ce pas que le mérite d’Ait Ahmed se retrouve dans son intégralité, dans ce petit passage ? Il était une figure de proue durant la révolution algérienne, un exemple par sa fougue et sa sincérité, après, et il figure parmi les grands hommes que l’Algérie a perdus. Il est vrai que le FFS se retrouve présentement face à un legs pas évident à porter en l’absence de son précurseur.

S.A.H.

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