Le constat établi par la commission de l’APW de Béjaïa sur le secteur des postes est édifiant sur les anomalies et autre tares relevées dans le fonctionnement des établissements de la wilaya.
Après avoir pris en considération les requêtes transmises par le mouvement associatif et programmé des missions sur le terrain à travers plusieurs localités de la wilaya, les membres de la commission communication et technologie de l’information de l’APW de Béjaïa ont dressé, dans un rapport lu lors des travaux de la dernière session de leur institution, un tableau noir sur le secteur des postes et technologies de la communication. Tout en reconnaissant que «la wilaya est suffisamment couverte par Algérie Poste», ils mettent, toutefois, en exergue le manque flagrant de personnel dans de nombreuses infrastructures. «Rares sont les communes qui disposent d’une véritable poste en mesure de recevoir et de satisfaire les usagers, ceci malgré l’existence de structures adéquates et les exemples les plus frappants sont ceux de Béni K’sila, Smaoun, Taskriout et Aït R’Zine», écrivent-ils dans leur rapport. Dans certains bureaux de postes, ajoute-t-on, «on ne trouve même pas de chaises ni de tables et bien sûr pas de bonne connexion au réseau internet». La majorité des bureaux ne sont pas dotés ni de matériel informatique adéquat ni de climatisation et encore moins de chauffage. À Béjaïa-ville, Akbou, Kherrata, Melbou, Darguina et Tazmalt, on relève que la densité par bureau a atteint plus de 12 000 clients alors que la norme nationale est de 8 000. «Qu’envisagez-vous comme solutions pour alléger ces bureaux ? Plusieurs problèmes persistent alors que les responsables du secteur à Béjaïa n’arrivent toujours pas à trouver des solutions. La collecte, le tri et la distribution de notre courrier est toujours en mode classique, c’est le point noir d’Algérie Poste. Nous déplorons un manque flagrant de facteurs au chef-lieu de wilaya et dans l’ensemble des communes. Une lettre postée à Béjaïa met une quinzaine de jours pour parvenir à son destinataire. De nombreux citoyens ont été pénalisés par ces carences caractérisées et n’ont pas pu répondre à temps à leur courrier, des correspondances importantes et d’autres n’ont pas été acheminées à leurs destinataires dans les délais impartis», est-il, également, souligné dans ledit rapport. Pour les membres de la commission de l’APW, les conditions de travail des fonctionnaires de ce secteur sont catastrophiques. D’ailleurs, parfois, le receveur fait office de responsable, de comptable, de facteur et d’agent de sécurité qui assure, par la même occasion, le ménage. Le ministère de la Poste et des technologies de l’information et de la communication a lancé, à Tipasa et Oran, le nouveau service d’Algérie Poste dénommé « Enwi », qui consiste à renforcer les missions des facteurs en leur ajoutant de nouvelles missions relevant du domaine commercial. Les «Facdom» seront donc appelés à encaisser des factures (Sonelgaz, SEOR, Algérie Télécom, Mobilis, Djezzy, Ooredoo) à domicile, en plus du ramassage, livraison et encaissement de produits exposés dans l’e-boutique d’Algérie Poste. Ce nouveau service qui vise à moderniser le métier du facteur fera-t-il son entrée à Béjaïa ? Si oui, c’est pour quand ? Ces quelques questions sont posées par les membres de la commission à la première responsable du secteur à Béjaïa. La proposition d’ouverture de guichets pour les personnes âgées et les personnes ayant des besoins spécifiques a été aussi faite. Les clients font preuve de nouvelles attentes et exigences, découlant du développement des TIC. Ils veulent, en effet, des services rapides, fiables, flexibles et interactifs.
«Une lettre postée à Béjaïa ville met 15 jours pour arriver»
Les TIC s’avèrent une solution aux défis majeurs auxquels le secteur postal algérien est confronté, mais les responsables de ce secteur sont-ils conscients que les TIC sont un moyen pour rénover leur industrie et faire face à la libéralisation ? Les nouvelles technologies transforment la poste traditionnelle qui assure des services de base en une entreprise commerciale qui répond aux différentes attentes de ses clients et les implique dans le processus d’innovation. Pour les technologies d’information et de communication, le dernier rapport de Global Information Technology classe l’Algérie à la 120e place sur 143 pays en matière d’avancement numérique, loin derrière le Maroc (78), la Tunisie (81) et l’Égypte (94). On y apprend que seulement 17,09% des Algériens utilisent internet et que le pays se classe 115e dans l’usage des réseaux sociaux. À ce rythme-là «il faudra attendre 26 ans, soit 2041, avant que le taux de pénétration d’Internet atteigne les 100%», révèle le rapport. Tous ces chiffres montrent que l’Algérie doit prendre des mesures sérieuses et courageuses en matière des TIC pour, au moins, combler le fossé numérique qui s’est creusé avec les pays voisins. «Un investissement majeur s’impose dans l’équipement et le réseautage des établissements publics et scolaires», suggère la commission. La stratégie de déploiement de la 4G LTE pour réduire le fossé numérique et faire sortir les villages de l’isolement peut être avancée, à tort, par l’administration concernée. À tort, car à Béjaïa, la pénurie des modems et la difficulté d’obtenir un abonnement à l’internet confirment ce retard. Il a été également relevé de nombreuses insuffisances, notamment un retard dans l’installation des réseaux de MSAN dans les communes rurales, particulièrement à Aït R’Zine, Tamokra, Tichy, Taskriout, Kherrata, Draâ El Caïd, Boukhelifa, Feraoun, Timezrit, Darguina et Béni Djellil. Contrairement au rapport présenté par l’administration des postes et technologies de l’information et de la communication, les élus de l’APW ont brossé un tableau noir de ce secteur à Béjaïa.
A Gana

