Dans les villages isolés et reclus de la commune d'Ighil Ali, où le gaz de ville n'est pas encore arrivé, les villageois se rabattent, comme au bon vieux temps, sur le bois pour se chauffer et cuisiner.
Leurs villages sont situés au beau milieu de pineraies, celles-ci sont mises à contribution à travers le bois qu’elles fournissent. Ainsi, bien avant l’arrivée de l’hiver, les habitants préparent déjà le bois en le découpant en bûches. Dans chaque village, l’on peut remarquer des tas de bûches qui sont superposées et prêtes à l’emploi. L’absence du gaz de ville, l’isolement et les coûts exorbitants de l’approvisionnement en bonbonnes de gaz butane, dissuadent les ménages, à revenus modestes, de s’en procurer au chef-lieu communal d’Ighil Ali, car, en plus des coûts exorbitants qu’atteignent ces bonbonnes, particulièrement en hiver, il faut louer un taxi clandestin entre 800 et 1000 DA la course. Cette situation a contraint beaucoup d’habitants, de conditions modestes, à utiliser le bois comme pis-aller. Ces localités perchées à partir de 700 mètres d’altitude pour la moins basse, sont balayées actuellement par un froid glacial, avec des températures nocturnes qui baissent vertigineusement. « C’est pas évident pour ma part de louer un clandestin pour m’approvisionner en bonbonnes de gaz butane à Ighil Ali ou ailleurs, car cela coûte les yeux de la tête. En plus du prix de la bonbonne qui est de 230 DA l’unité, il faut payer le transporteur entre 800 et 1000 DA. La solution reste donc l’utilisation du bois, surtout qu’il est disponible dans ma région. Alors autant en profiter avec zéro coût », explique ce père de famille habitant le village de Tazla. L’usage du bois dans les localités nichées sur les flancs des cimes, comme Tazla, Mouka, Tabouaânant, El Kelaâ, Bouni, Illougan et autres revêt une importance économique, du moment que certains ménages lésinent sur les dépenses avec ces temps de vaches maigres, tout en perpétuant, quelque peu, cette « tradition » rustique kabyle qui est de se chauffer autour du fameux « Kanoun » (four artisanal creusé à même le sol). Se réchauffer au naturel permet à beaucoup de familles d’économiser de petites fortunes, lorsqu’on sait que pour lutter contre le froid durant la saison froide, des ménages dans les villes déboursent des sommes importantes pour des climatiseurs, les chauffages électriques (résistances, chauffages à bain d’huile,…), les bonbonnes de gaz butane, etc. Par ailleurs, dans cette même région d’Ath Abbas, connue pour ses hivers sibériens, les habitants utilisent, aussi, des déchets provenant des huileries, comme le grignon. Ce sous-produit, résultant de la trituration des olives, est très demandé dans ces contrées, étant donné qu’il est utilisé comme un combustible pour différents usages (chauffage, cuisine, bain,…). Les grignons broyés sont placés dans un fourneau artisanal, qui se vend dans les marchés hebdomadaires de la Soummam, lequel est relié à une conduite d’évacuation de la fumée pour servir de chauffage naturel sans aucun inconvénient, ni danger.
Syphax Y.