Le poète Idir Bellali vient de signer deux recueils de poésie, l'un en tamazigh intitulé Ajgagal (La balançoire) et l'autre en langue française ayant pour titre Perle d'Ineda. Né le 17 avril 1956 à Tala Toulmouts, Bellali est diplômé de la faculté d'Alger en sociologie industrielle. Il a écrit et traduit plusieurs travaux, dont deux recueils de poésie de la poétesse Équatorienne Rocio Duran Barba, à savoir Le verbe du désert et Qu'est-ce que le sacre ? Il a enregistré deux albums : Asefru et Valentin et Valentine. Il allie, sans encombre, son métier de directeur d'une école de management celui d’enseignant en communication et la poésie! Dans cet entretien, il nous parle de ses ouvrages.
La Dépêche de Kabylie : Vous venez de signer un recueil de poésie intitulé Ajgagal. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Idir Bellali : Ajgagal a trois significations. La première, plus usitée, est celle de la balançoire, la deuxième est dans certaines régions attribuée à la vigne qui grimpe et s’accroche telle une personne qui fait son ascension et s’accroche avec détermination, et la troisième est celle que j’ai voulu donner à ce titre avec beaucoup de tact : s’accrocher avec détermination à la culture universelle et tamazight. Et cela s’inscrit dans cette optique. Nous devons nous accrocher à ce train en marche pour ensuite monter dans le wagon et conduire le train à la bonne destination. Le recueil comprend 32 poèmes sur 69 pages et il est édité par Art Plume.
Quels sont les thèmes traités dans ce recueil ?
Ils sont variés et la thématique est essentiellement la poésie. C’est pourquoi j’ai commencé par un poème sur la poésie : « Mon poème est une langue / Celle que nous parlons tous les jours / Appauvri, nous l’enrichirons / Ensemble nous l’aiderons / Aux curieux, elle montrera / Chaque peuple s’en inspirera ». Pour faire un poème de nos jours, c’est une nécessité de se référer chaque jour à ce poème afin de ne pas s’égarer.
Vous avez aussi cité l’oiseau Afrux. Pourquoi ?
Notre métaphore est tirée de la nature, contrairement à la poésie anglaise, française basées sur la mythologie Allemande entre autres.
La jeunesse est aussi citée avec force dans votre recueil ?
Chacun de nous a eu sa jeunesse bonne ou tumultueuse, joyeuse ou malheureuse. Le cœur est aux aguets. Tharguith temzi est suivi de plusieurs autres : Levghi-w, Ayen Imennaɣ entre autres souhaits de jeunes que nous étions. Un passage obligé dans la vie de chacun de nous. Dans Levghi-w, j’ai voulu être à la fois la joie, la lumière pour éclairer le chemin et l’amour règnera dans la joie et la paix. Toutes les sociétés ont subi des malheurs dans leur histoire et la paix ne pourra intervenir qu’avec le bonheur et la joie, conditionnés par l’amour !
Il y a aussi la mort ?
On ne peut pas ignorer cette fin. Une mort qui pourrait intervenir à tout moment et dont la manière est aussi inconnue. C’est un état de fait. Ce n’est pas la mort qui tue / c’est plutôt l’homme qui tue l’homme. La mort est une et les raisons sont différentes !
D’autres thèmes abordés dans ce recueil ?
Les partisans du moindre effort qui nous demandent de patienter. « Patience » mais il s’agit d’une patience indéterminée qui a pris son départ depuis des décennies.
Vous terminez le recueil par une interrogation, pourquoi ?
De nombreuses questions que je me pose. Pourquoi le bonheur ? Pourquoi ces douleurs ? Pourquoi cette peine ? Je me cherche comme tout humain. Et si on arrête de se chercher, on n’avancera plus.
Le second recueil est en langue française. De quoi s’agit-il ?
Le recueil est intitulé «Perle d’Ineda». Il est sorti le même jour que le premier. Il compte 30 poèmes sur 61 pages. Il est varié. La plupart c’est la traduction des poèmes en tamazight auxquels j’ai greffés certains thèmes, tels les gens, maudit baiser, perle d’Ineda.
Vous faites allusion à quoi dans ce poème ?
L’imagination du poète est tout à fait différente de celle d’un autre individu. La perle est connue de tous mais Ineda est un océan imaginé, large et profond !
Des projets ?
Je viens de terminer l’enregistrement d’un dialogue avec moi-même (un monologue) sur fond musical. C’est un texte rime. Il sortira début 2017.
Entretien réalisé par M A Tadjer

