Là-haut, sur le massif de Zbarbar…

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Boukram est une commune de la daïra de Lakhdaria qui est située à plus de soixante kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya. Elle est implantée sur le massif forestier de Zbarbar, à plus de trente kilomètres à l’ouest de la ville de l’ex-Palestro.

Elle s’étend sur une superficie qui avoisine les 93 km2, et compte près de huit mille âmes. Dans cette commune de montagne, située à environ 700 mètres d’altitude, l’hiver est extrêmement rude. Elle est limitée au nord par la commune de Larbatache (Boumerdès), à l’est par les communes de Bouderbala et Guerrouma, à l’ouest par la wilaya de Blida, et au sud par la wilaya de Médéa. Région historique, Boukram a participé avec ses meilleurs fils, dont le commandant Si Lakhdar, à la guerre de libération nationale. En effet, la localité compte environ 500 chahids tombés au champ d’honneur. Les responsables locaux ont, en conséquent, édifié une stèle commémorative et un carré des martyrs jouxtant le siège de l’APC, pour que l’histoire de la localité ne s’oublie pas. Concernant son développement, Boukram compte parmi les communes les plus déshéritées de la wilaya. Pour y accéder, le visiteur doit quitter la route qui mène à Bouderbala et emprunter le chemin de wilaya (CW2). La route est dégradée sur une distance qui avoisine les sept kilomètres, notamment le tronçon qui traverse la commune de Bouderbala. La municipalité manque de beaucoup de commodités. L’un des plus importants villages de la commune de Boukram, à savoir Sebkhi, se situe à près de cinq kilomètres du siège de l’APC. Les habitants, quant à eux, ont bénéficié de l’aide de l’Etat dans le cadre du programme de l’éradication de l’habitat précaire, et ont en profité pour construite des logements ruraux. Avant 2009, les villageois de Sebkhi occupaient encore un centre de regroupement colonial et cinquantaine d’aides à l’habitat avaient été attribués par l’Etat à l’époque. Une seule école primaire accueille les élèves de la bourgade et ceux de Mizab, un hameau relevant de la commune de Bouderbala. Quant aux élèves du moyen, ils poursuivent leurs études au collège d’Ouled Bélaid, rattachée, administrativement à Bouderbala.

Les villageois de Sebkhi dénoncent un manque d’eau potable et d’éclairage public

à Sebkhi, un centre de santé, mise en service depuis 1997, assure les soins médicaux à la population du village et celle de Mizab et d’Ouled Bélaid, deux localités limitrophes. L’établissement sanitaire est équipé des moyens nécessaires pour que l’équipe médicale, composée d’un médecin généraliste, de deux médecins dentistes, d’un ISP, d’une aide-soignante et de deux infirmières, recrutées dans le cadre du pré-emploi, puissent accomplir leur mission dans les meilleures conditions possibles. Le médecin, occupant un logement d’astreinte, répond aux besoins de la population, notamment les cas d’une extrême urgence. Sur les lieux, une patiente qui venait de se faire ausculter confie : «nous sommes satisfaits du service et de la prise en charge des malades par les infirmières et le médecin». Le centre de santé assure les premiers soins, à savoir les sutures de plaies, l’aérosol, les perfusions, la vaccination et la médecine scolaire. Seul bémol : l’édifice sanitaire est dépourvu d’eau, en particulier durant la saison estivale. En hiver, certes l’eau arrive, mais d’une manière très insuffisante, car le centre est alimenté à partir d’un château d’eau qui, à son tour, est alimenté à partir d’une source. Cependant, la commune a bénéficié d’un projet de réalisation d’un réseau AEP qui en cours de réalisation. L’entreprise chargée des travaux installe déjà la conduite principale et les habitations sont actuellement branchées aux conduites secondaires. A ce propos, les citoyens rencontrés sur les lieux confient : «nous sommes confrontés à un vrai problème d’eau potable dans la localité. Nous nous approvisionnons en cette denrée à partir des puits ou de fontaines que certains propriétaires alimentent par des tuyaux». Concernant le réseau d’électricité, la municipalité y est raccordé, mais la population signale la défaillance de l’éclairage public. Selon des villageois, certaines ruelles ne sont guère éclairées et le réseau, en place, serait défaillant et insuffisant. Toujours sur le plan des commodités, la municipalité a bénéficié d’un projet d’alimentation au gaz de ville. Les travaux de pose de la conduite principale ont touché une partie des villages que traverse ce projet. Actuellement, l’entreprise chargée du projet poursuit les travaux vers le siège de l’APC, situé à quelques trois kilomètres du village de Sebkhi.

Au chef-lieu communal, des infrastructures sont désertées car éloignées des populations

Le chef-lieu est bien loti en termes d’infrastructures comparativement aux agglomérations secondaires. On y trouve une agence postale, un CEM, un lycée, une salle polyvalente, un centre culturel, un centre commercial, des locaux et une aire de jeu. Cependant, ces édifices étatiques sont éloignés des citoyens. En effet, ces derniers doivent parcourir au moins trois kilomètres, pour se rendre à l’APC, à la poste ou aux deux établissements scolaires. Quant à la salle polyvalente et le centre culturel, ils n’ont jamais été mis en service, à cause, toujours, de leur éloignement. Le locaux du centre commercial, réalisés dans le cadre du programme du Président, n’ont pas encore été attribués et même si les responsables locaux se décidaient à le faire, personne n’ouvrira son magasin du fait de la grande distance qu’il faut parcourir pour s’y rendre. L’aire de jeu, pour sa part, est totalement à l’abandon, et sa clôture a été arrachée. Les citoyens s’interrogent sur l’implantation de tous ces édifices étatiques loin des villages. Un jeune âgé d’environ 22 ans dira, dépité: «ceux qui ont réalisé ces établissements administratifs et culturels n’ont pas vu juste, car ils sont éloignés des lieux de résidences des populations de la commune». En réalité, les jeunes ne profitent pas de ces établissements culturels, y compris les élèves du collège et du lycée, parce que, à la fin des cours, tous les élèves se pressent de rentrer chez eux. Idem pour les locaux commerciaux. Il faut dire qu’une grande partie de la population est concentrée en dehors du chef-lieu communal. D’ailleurs, lors d’une virée sur les lieux, il a été donné de constater que l’endroit, où sont érigés ces édifices affectés à la masse juvénile, sont désespérément vides. Ils sont rares les jeunes qui restent à Boukram ou au village. Ceux qui le font généralement n’ont pas les moyens pour se déplacer et se rendre à Lakhdaria. En conséquence à cette situation, cette frange de la société est livrée à l’oisiveté et au chômage. Les habitants sont unanimes à parler de marginalisation et de manque de projets de développement. Ces derniers années, et malgré l’octroi de budgets par l’Etat et le lancement des travaux de réalisation des infrastructures de base, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les conditions de vie de la population de Boukram, afin de la sortir de sa léthargie. Signalons, pour conclure, que sur le plan environnemental, la situation est irréprochable. Le visiteur de Boukram et ses villages sera agréablement surpris par l’hygiène et la salubrité environnementale des lieux.

A. B.

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