Dès que survient un accident de la circulation ou qu’est émise une quelconque réclamation des citoyens, les autorités locales, ou les responsables concernés, ne se creusent pas la tête pour connaître les causes du désastre, délimiter les responsabilités de chacun et les comportements à adopter pour que pareil malheur ne se reproduise plus. En revanche, l’on recourt souvent à des mesures palliatives afin d’obliger les automobilistes à réduire leur vitesse, et principalement devant le passage des écoliers, et ce, en érigeant des ralentisseurs à foison. Ces dernières semaines, la localité de Chemini voit pousser comme des champignons le long des ruelles des dos-d’âne non conformes aux dimensions autorisées. Le visiteur est frappé par le grand nombre de ralentisseurs mis en place sans aucun respect des normes sur tous les axes routiers. Le hic est que bon nombre de ces dos-d’âne sont «l’œuvre» de l’APC éponyme. En l’absence de plaques de signalisation, des désagréments, voire des accidents, notamment la nuit, à cause du manque d’éclairage, peuvent s’y produire. «Ce ne sont pas des ralentisseurs, mais des montagnes. En plus de l’état des routes qui laisse à désirer, les ralentisseurs jouent avec nos nerfs», ironise un automobiliste. Néanmoins, ces mesures ne sont pas du goût de certains chauffeurs qui s’estiment contraints de rouler en discontinu à même de sentir le véhicule sursauter au-dessus du ralentisseur. Mais le dos-d’âne est-il la solution ? Une sorte de joker qu’on utilise pour faire taire les révoltés et calmer les esprits. Et quant les autorités s’inscrivent aux abonnés absents, des riverains recourent à un chargement de bitume déversé à la tombée de la nuit et à la sauvette pour punir les chauffards. Pis, les pouvoirs publics semblent être dépassés par l’ampleur du phénomène à telle enseigne que la vocation première desdits ralentisseurs échappe à tout contrôle. Souvent abrupts, larges et trop élevés, les automobilistes peinent à franchir ces «buttes» aux dimensions dépassant tout entendement. Il faut rappeler que l’installation de ralentisseurs et dos-d’âne est régie par des textes de loi clairement définis. La circulaire interministérielle luttant contre les ralentisseurs «anarchiques» semble avoir été quasiment ignorée par les autorités locales destinataires de ce texte en février dernier. Ces dos-d’âne irréguliers font toujours partie du décor des rues et se multiplient même, faisant fi de cette circulaire signée par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales et celui chargé des Travaux publics, qui avait enjoint les autorités locales à prendre les mesures nécessaires pour éliminer cette catégorie de ralentisseurs. À travers ce texte, il était entendu que les autorités locales mettent fin aux anomalies et insuffisances dans la conception et l’implantation des ralentisseurs, avec de graves conséquences sur la sécurité et le confort des usagers de la route, et causant parfois de graves dommages aux véhicules.
Bachir Djaider
