La maison de la culture Ali Zamoum de Bouira était bien au rendez-vous de Yennayer. Au stand de Djamila et de Fatima, deux femmes d’un certain âge qui représentaient ce jour-là l’association «Amis des malades», ces dernières déploient quelques robes traditionnelles, mais surtout des tapis chaouis et boussaadis. Ces deux natives de Sour El Ghozlane s’adonnent à d’autres activités comme la pâtisserie et la couture. À côté, expose Salima, une ancienne élève des beaux arts, venue de Béjaïa pour cela. Ces tableaux en céramiques et ses sculptures attestent d’un talent original et polyvalent. Son album qui retrace son parcours artistique est plein d’intérêt. On y voit un portrait géant d’Amirouche qui occupera un espace de 27 m2, à l’école des cadets de Rmila, qui en a fait la commande. La technique fait appel aux carreaux de faïence. Rabah de Aît Laaziz présente lui ses plats et ses tadjines en argile, Hadda de Ouled Belil ses corbeilles en alfa et doum (palmier nain), Allami de Tamanrasset, ses bijoux exotiques. Les robes traditionnelles sont remises au gout du jour par Farhanès, de Bouira, Khédidja de Kadira ou Razika de Sour El Ghzlane. Ce qu’il y a lieu de noter aussi c’est la présence de deux coutrières de Ouled Rached et de Alhl Ksar, en l’occurrence Razika et Faïza qui se disputent la représentation de la robe de leur région. Au premier étage, certaines visiteuses n’ont pas résisté au plaisir de s’installer près des fourneaux où officie un vrai cordon bleu des gâteaux et des plats traditionnels sous l’œil attendri de son époux. Avec une virtuosité admirable, tout en continuant à travailler et à servir, elle donne un aperçu de son savoir-faire : chakhchoukha, r’fis, Mhadjeb, msemen…, pour les plats traditionnels, sans oublier le couscous. Pour les gâteaux, le visiteur a un large échantillon qui va du Makrout aux Arayeches, en passant par les plus fourrés, les plus tendres et les plus succulents. Expliquant la passion qui l’a amenée à se consacrer aux choses de la bouche, comme on disait dans le temps, il y a deux ans, Rania qui emploie une jeune apprentie qui la seconde devant les fourneaux, laisse tomber : «Que voulez-vous, j’aime les gâteaux. Alors j’en fais.» Le mari, Mouloud, appuie d’un large sourire cette déclaration. Leila, une autre artisane qui a son atelier à Bouira, mais qui, à la différence de Rania, emploie deux personnes, expose elle aussi une grande variété de gâteaux comme El Basbous, el Grimèche,… L’association «Kafil» de Bouira est présente aussi où elle expose quelques plats traditionnels. Dans l’aile gauche de la galerie, en entrant, sont exposés des tableaux de peintures. Quelques toiles se détachent du lot comme celles exposées par Zoued Lakhdar et Abbassi Nora. Enfin quelques livres de poésie et quelques objets, quelques outils anciens ferment le banc de cette exposition dédiée surtout à la couture et à la gastronomie pour perpétuer un savoir-faire qui se transmet de génération en génération depuis des millénaires.
Aziz Bey