La rente ou la croissance, il faut choisir

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Une façon à lui de réhabiliter et de réconforter un cadre de concertation et de dialogue déjà existant et approuver par conséquent la politique de son chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. « J’invite l’UGTA et les associations patronales et j’ordonne le gouvernement à poursuivre leur concertation tripartite car nous attendons d’eux l’aboutissement du Pacte économique et social qui constituera un cadre de référence pour l’avenir du développement national » a-t-il dit. Explicitement et sans ambages, le chef de l’Etat, en s’adressant à l’ensemble des travailleurs, a réaffirmé son soutien quant aux décisions prises par Ouyahia. Tout en le citant de nom, Bouteflika a, à propos des salaires, souligné « Ouyahia ici présent a déjà tranché et ma décision ne serait autre que la sienne. Certes, c’est une décision blessante, mais nous ne pouvons faire autrement, vu la conjoncture économique actuelle ». Et d’enchaîner avec un dicton : « Celui qui n’a rien ne pourra rien donner ». « Je vous ai compris « , a répondu Bouteflika aux travailleurs qui espéraient entendre de bonnes nouvelles quant à la revalorisation de leur salaire. Ce dernier a mis, cependant, l’accent sur la nécessité suprême de leur tout expliquer et lever le voile sur ce qui a été fait et dégagé par l’Etat pour réhabiliter la situation macro-économique du pays et booster son image sur le plan international. En s’adressant au peuple pour la première fois depuis sa convalescence, et en appuyant son discours avec un bilan chiffré, Bouteflika a fait rappeler que durant l’exercice 2000-2005, soit au courant de son premier mandat, l’Algérie a enregistré « de bons résultats économiques et financiers, grâce au plan de relance économique et à la hausse des prix du pétrole ». Cette embellie financière ne sera que réconfortée et s’améliorera encore en 2006, promet le Président, à condition, précise t-il, de ne plus compter sur les rentes générées par les hydrocarbures. L’alternative proposée et même prônée par Bouteflika est d’aller de l’avant pour l’amélioration de la production et la productivité nationale. Seul facteur à même d’assurer une stabilité macro-économique du pays. L’apport de l’Etat sera assuré, souligne le Président qui, profitant de l’occasion, a annoncé que le programme du soutien à la relance économique d’un montant de 7 milliards de dollars sera allongé à 60 milliards de dollars pour la période 2005-2006. Plus loin, en enchaînant ses idées, l’invité de la Centrale syndicale a souligné que cette embellie financière doit être gérée rationnellement, surtout que, déplore-t-il, « d’une manière générale, en matière de productivité du travail, l’économie algérienne est même au-dessous des standards régionaux ». En reconduisant le même discours déjà prononcé par son chef du gouvernement, Bouteflika a une fois de plus souligné que l’augmentation des salaires est tributaire de la croissance économique et du taux d’inflation. Les arguments lancés au fur et à mesure ne semblaient guère convaincre les syndicalistes. Ils étaient nombreux, ceux qui ont quitté la salle, la colère à peine voilée sur leur visage, laissant derrière eux le Président parler. Sans accorder d’importance à ce fait, l’orateur a continué d’exposer sa conception tout en défendant sa stratégie et la politique menée par son gouvernement, en soulignant : « Je ne veux pas que vous oubliez que je suis avec vous et que je fais partie de vous, c’est pour cela que nous devons vous dire la vérité ». « Nous avons pris une décision, non seulement cesser de s’endetter mais également de procéder au remboursement soutenu de la dette extérieure » affirme-t-il. Pour rattraper le tir et calmer les esprits des syndicalistes, leur invité d’honneur est revenu à la tripartite et a souligné son rôle important. « Chacun de vous est appelé à négocier et à défendre sereinement et sincèrement les préoccupations des travailleurs ». Des mots qui semblent clairement soulager les présents qui n’ont pas tardé à l’applaudir.

Wassila Ould Hamouda

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