“C’est injuste ». Cette phrase, quoi qu’elle soit lourde de sens, a été prononcée par une élève de 5e année du collège connu sous le nom « Le Savoir », une école privée sise à Ben Aknoun. La décision de la wilaya faisant état de la fermeture de cette école en question est la raison de son désarroi. L’inquiétude était à peine voilée sur son petit visage. Anella, car c’est ainsi qu’elle s’appelle, espère qu’elle pourra ainsi que ses camarades, au nombre de 52 élèves en tout, poursuivre leurs études, du moins jusqu’à la fin de l’année scolaire. Son souhait est de ne jamais voir son école sous scellé. A son grand dam et de celui des parents, des agents de la Sûreté de wilaya ont déjà pris d’assaut l’enceinte de l’école pour la fermer. Se déplaçant hier à l’école, la décision de la wilaya à l’appui, ces derniers ont, après avoir entendu les réclamations des parents d’élèves d’un côté et les justificatifs de la directrice d’école d’un autre, finalement résolu de leur donner une journée de sursis pour faire leurs contacts et essayer de régler le problème, comme ils leur ont promit d’y revenir. « Je vous conseille de ne pas ramener demain (aujourd’hui) vos enfants, dites leur qu’ils sont en congé », lance l’inspectrice de police à l’adresse des parents, venus en masse. Celle-ci a également conseillé à l’administration d’école de se soumettre à la décision, question de leur éviter « d’employer la violence ». Courroucée, une parente d’élève s’est mise à crier en soulignant que « les enfants n’ont pas où aller et il n’ont pas à quitter leur école, rien ne les oblige, car il n’y a aucune raison de le faire ». La directrice d’école, abattue, a souligné qu’elle a poursuivi toutes les étapes souscrites par le département de Boubekeur Benbouzid et qu’elle a déposé le dossier d’agrément depuis le 19 juillet dernier. « A chaque fois, le ministère de l’Education nous disait que notre dossier est en bonne voie » a souligné la directrice, ajoutant dans la foulée, que son école s’est conformée aux exigences imposées par le ministère de l’Education dans le cahier de charge qui leur a été soumis. « Nous avons introduit un nouveau programme dans lequel il a été pris en considération les instructions du ministre de l’Education, à savoir la dispense des cours, notamment des sciences islamiques et histoire en langue arabe », poursuit la première responsable de l’école. « Nous ne demandons rien à l’Etat, sauf qu’il nous laisse choisir l’éducation de nos enfants. Vous croyez que ça me plaît de débourser la moitié de ma paie pour les études de mes enfants, hélas je n’ai pas d’autre choix », lance une mère d’une élève de 5e, venue elle aussi exprimer sa colère. « Pourquoi casser un système qui marche ? » enchaîne la même mère qui estime que « l’école privée a largement prouvé ses performances. Alors pourquoi, nous imposer de revenir aux écoles publiques ? ». Maître Meziane, présent en tant que parent d’une élève et avocat de l’école, déplore le fait que c’est le droit sacré, le droit de savoir et de scolarité institutionnalisé par la constitution dans son article 53, qui est bafoué par cette mesure de fermeture. Notre interlocuteur a souligné que l’école a déposé une plainte au niveau de la Chambre administrative de la Cour d’Alger, en référé d’heure en heure, espérant avoir gain de cause. « Nous ne baisserons pas les bras, c’est un combat à mener et il ne faut pas qu’on se laisse faire », dira un père d’élève. K.S. est la mère de Sarah et Lena qui sont respectivement en 5e et 6e années. A ses yeux, la procédure entamée « à l’encontre de leurs enfants » est « plus que le terrorisme en lui-même ». En connaissance de cause, celle-ci, touché dans sa chair, nous fait savoir que sa propre sœur a été lâchement assassinée par les terroristes. D’autres élèves, terrorisés, s’interrogent sur leur avenir. Amine, en classe de 5e nous dit avec un air navré: « mais comment nous allons faire s’il nous mettent dans des écoles publiques, cela ne nous arrange pas, car leur méthode d’enseignement diffère de celle appliquée dans notre école ». « Nous ne pourrons pas les suivre et puis pourquoi le ministère ne nous laisse pas terminer l’année, nous somme en période d’examen », souligne Radia, une autre élève aussi désemparée que le reste de ses camarades leurs parents et leurs enseignants.
Wassila Ould Hamouda