Le travail des enfants qui a pris de l’ampleur à travers les secteurs d’activité et les métiers a fini, par la force des choses, par se banaliser et ne fait plus réagir personne.
Le cas le plus édifiant est remarquable au niveau du marché hebdomadaire de M’Chedellah, où l’écrasante majorité des stands sont tenus par des enfants en bas âge, visages livides et mines défaites par manque du sommeil et la manipulation de cageots ou de lourds ballots et autres cartons plein de marchandises qui font le double de leur poids. Pour avoir une place dans les stands, notamment ceux des fruits et légumes, ceux qui activent dans ce créneau arrivent tôt sur les lieux, à partir de 4h du matin. Une fois la marchandise étalée, ces malheureux enfants font le pied de grue devant ces étals pour servir une clientèle pressée qui se bouscule, qui ne leur laisse aucun moment de répit, pendant que les patrons, ou les parents marchands qui utilisent leurs propres enfants, s’occupent de la caisse. Une infernale activité qui dure de 06h du matin, avec l’arrivée des premiers clients, jusqu’à la fermeture des marchés hebdomadaires vers 13h. Les enfants terminent ainsi leur journée en procédant au chargement des camions et camionnettes de la marchandise non écoulée. Et cela durant toute l’année, qu’il pleuve ou sous un soleil de plomb, ces enfants s’exposent aux affres climatiques, des heures durant, sachant que la plupart des marchés hebdomadaires à travers la wilaya ne sont ni aménagés ni encore moins couverts. L’autre catégorie exploitée de manière inhumaine, sont les nourrissons utilisés pour la mendicité. Ce phénomène a pris aussi de l’ampleur durant ces dix dernières années, avec des femmes qui écument les places publiques ou les entrées des marchés avec un bébé allongé à même le sol devant elles, soit dans leurs girons pour apitoyer les âmes charitables. D’autres les portent sur le dos, en bandoulière, dans de pénibles et inconfortables positions, et font du porte à porte ou des tournées dans les cafeterias. Ces enfants sont ainsi soumis aux mêmes régimes infernaux d’exploitation et aux affres climatiques que les enfants des marchés hebdomadaires, une déplorable situation qui s’est généralisée dans un pays qui a pourtant ratifié toutes les conventions internationales concernant la protection des enfants. Mais qui mettra un terme à ce phénomène ? Assurément l’Etat à lui seul n’y pourra pas.
Oulaid Soualah