Cap sur 2007

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En dépit de l’enthousiaste euphorie de la préparation du rendez-vous très perceptible chez les militants de l’UDR d’Oran, il y avait quand même appréhension chez quelques cadres du parti, induite par le risque que cette énième sortie organique tourne à la “redite”. C’est que les périples politiques, quand de surcroît ils portent sur les mêmes thèmes — ce qui est généralement le cas — ont ce pouvoir fatal de conduire à la répétition ou la contradiction parfois antichambre du reniement. Mais Amara Benyounès a d’abord trouvé à Oran une ambiance qui lui a permis de coller à son sujet pour dire les choses autrement. Beaucoup de spontanéité pour un discours pourtant voué au plus grand sérieux de l’émotion et une salle toute en couleurs. De l’émotion il y en avait dans la voix d’une fille de chahid en quête de justice et de dignité. Des couleurs, il y en avait dans le vert des jeunes sportifs de l’ASMO venus dire “allez, l’UDR, allez”, avant de dire autre chose de moins gai : la banqueroute du football algérien ou le désarroi des jeunes en crise de perspective. Amara Benyounès y répondra en partageant l’amertume du constat mais aussi en formulant les propositions de l’UDR pour entrevoir la sortie du tunnel. Il en sera ainsi pour d’autres questionnements, le chômage, les scandales financiers ou encore des difficultés internes au parti, l’UDR ayant apparemment consacré le principe de lever le huis clos sur ses réunions organiques. Après Boumerdès et Constantine, Oran a donc confirmée la nouvelle tradition. Désormais les structures de ce parti n’ont plus rien à cacher. De toutes les wilayas de l’Ouest, l’encadrement régional de l’UDR est venu à la rencontre de son premier responsable. Avant d’ouvrir le débat, le secrétaire général de l’UDR a d’abord mis à l’aise ses militants : “Il n’y a pas de question tabou, surtout ne vous censurez pas !”Mais avant d’en arriver là, Amara Benyounès a donné la mesure de la franchise dans le discours. Il faut appeler les choses par leurs noms et situer les responsabilités en désignant les hommes. “Mezrag est un terroriste qui dans sa tête n’est pas encore descendu du maquis”, et “Belkhadem, Soltani et Ouyahia n’ont pas grand chose à partager”. De l’alliance présidentielle, Amara Benyounès épargnera Ouyahia, le seul à soutenir loyalement et dans les faits le programme de Abdelaziz Bouteflika, avant d’énumérer toutes les réformes sur lesquelles le trio de l’alliance étaient très éloignés les uns des autres. Dans la foulée, le secrétaire général de l’UDR a dressé un bilan sans complaisance de la présence et de l’action des démocrates : “Ils ne sont nulle part pendant que les islamistes sont partout. Ils étaient absents du terrain et plus grave, maintenant on n’entend même pas leur discours”. Fidèle à son projet initial, Amara Benyounès ambitionne de rassembler les démocrates algériens qu’on peut trouver dans les partis, le mouvement associatif les institutions de l’Etat et dans toute la société. Mais il avertira : “Nous sommes échaudés par les expériences passées et c’est pour cela que ce rassemblement doit se faire autour d’un projet, non autour d’un homme et surtout pas contre un homme”. Parlant des “dessins de la colère”, le premier responsable de l’UDR s’est félicité de la sérénité de la position officielle avant de s’interroger sur la disproportion de certaines réactions surtout qu’elles émanent de régimes totalitaires qui ont beaucoup de choses à se reprocher vis-à-vis de leurs peuples et de la communauté internationale. Des élections partielles en Kabylie, il fera une lecture des chiffres qui consacre la fin de l’hégémonie de deux partis sur la région, mais aussi l’absence d’alternative. “Le fait que près d’une centaine d’APC sont bloquées faute de majorité l’illustre parfaitement”, a-t-il dit avant de parler de sa conception de l’action politique partisane : “Il manque une véritable force démocratique de pouvoir et nous avons l’ambition de la construire. Nous ne sommes pas des militants du Croissant-Rouge et le propre d’un parti et d’agir pour accéder au pouvoir afin de concrétiser les idées pour lesquelles il s’est battu”. Sur la même lancée, Amara Benyounès a rassuré ses militants : objectif 2007. “L’UDR sera présente et je vous invite à y travailler dès maintenant.”

Maïssa Nesrine

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