Des dizaines de programmes non lancés, d’autres en souffrance et des quotas en deçà des besoins et des attentes de la population locale. Sur les programmes attribués à la wilaya depuis 2005, à peine un logement sur deux est réalisé.
S’il y a un secteur qui souffre et peine à avancer dans la wilaya de Béjaïa, c’est incontestablement celui du logement. Ce n’est pas fortuit si le wali, M. Mohamed Hattab, a décidé de consacrer son deuxième conseil de wilaya, tenu mercredi dernier, à ce secteur névralgique. Le mot d’ordre était d’assainir et débloquer «au plus vite» les situations suspendues et en proie à divers obstacles. Sur les 108 765 logements, tous types confondus, attribués à la wilaya de Béjaïa depuis 2005, seulement 58 172 ont été réalisés, selon des statistiques fournies par le directeur de wilaya du logement. Les autres unités sont soit en cours de réalisation (39 192 logt), soit à l’arrêt (478 logt), soit en voie de lancement (2769 logt) ou carrément non lancés (8 154 logt). Le parc-logements de la wilaya a pourtant évolué de 185 266 unités en 2015 à 274 815 unités fin septembre 2016, a souligné le premier responsable de ce secteur à Béjaïa. Toutefois, les programmes inscrits sont en deçà de la demande. En effet, depuis 2005 à ce jour, la population de la wilaya, soutient la direction du logement, n’a cessé d’augmenter allant de 901 150 à 963 600 habitants. Pour le premier chef de l’exécutif, le programme de logements présenté est largement insuffisant devant les besoins croissants. «Ce programme ne répond guère aux attentes et besoins réels des citoyens de la wilaya. Un travail doit être lancé pour rattraper ce manque», a-t-il affirmé dans un communiqué signé par la cellule de communication de la wilaya. L’une des mesures prises par le wali pour répondre aux besoins de la wilaya est de solliciter des quotas supplémentaires de logements. «Une demande pour un programme supplémentaire va être adressée au ministère de l’Habitat dans les prochains jours», a indiqué notre source, tout en rappelant qu’un quota supplémentaire de 6 000 logements de type AADL a été déjà octroyé, dernièrement, à la wilaya, après intervention du wali auprès du ministre de l’Habitat.
Seules 58 172 unités réalisées sur 108 765 attribuées en programme pour la wilaya depuis 2005
Les aides débloquées par l’Etat pour le relogement des sinistrés des séismes survenus le 29 novembre 2012 et les 19 et 26 mai 2013, dans la wilaya de Béjaïa, ainsi que pour la réhabilitation des constructions endommagées n’ont pas encore été consommées. Sur les 2 992 unités attribuées, 1 351 seulement ont été réalisées. 289 autres logements sont en cours de construction, alors que 1 352 logements n’ont pas encore été lancés. Ce constat a fort déplu au wali qui a ordonné au directeur du logement d’assainir au plus vite cette situation. «Il est inconcevable de faire attendre les citoyens sinistrés encore plus, après cinq années d’attente», a-t-il affirmé. Concernant l’habitat rural, 40 331 logements ont été construits sur les 49 653 attribués à la wilaya depuis 2002. Quelque 8 137 unités sont en cours de réalisation, alors que 1 185 ne sont pas encore été lancés.
Sinistrés du séisme : cinq ans « U Mazal » !
Parmi les mesures prises par le wali pour redresser la situation, la réduction des délais de réalisation des projets inscrits. Il a insisté auprès du directeur du logement et le secrétaire général de la wilaya sur l’urgence de l’élaboration des cahiers de charge d’une manière stricte. Dorénavant, les délais de réalisation ne doivent plus dépasser une (1) année, a ordonné Mohamed Hattab. «Un suivi rigoureux des chantiers devra s’effectuer à l’avenir par l’administration, qui aura également un droit de regard sur l’architecture des programmes», a-t-il exigé. A cet effet, le premier responsable de la wilaya a signé un arrêté portant création d’un comité d’architecture, présidé par le secrétaire général et composé de directeurs de l’exécutif, notamment ceux des directions du logement, de l’urbanisme, des équipements et de l’environnement. «Des architectes et des techniciens, qui examineront tous les grands projets de la wilaya et ne délivreront de permis de construire qu’après validation de l’architecture du projet, feront partie aussi de ce comité», a-t-il instruit. Par ailleurs, M. Hattab a fait le constat amer d’une wilaya «qui souffre d’une pollution visuelle». «La wilaya de Béjaïa ne mérite pas cette situation, vu la place prestigieuse qu’elle occupait dans le bassin méditerranéen. Il est temps qu’elle retrouve sa place pour qu’elle soit la locomotive du développement régional et, pourquoi pas, national», a-t-il déclaré.
Le wali ordonne la réduction des délais de réalisation jugés trop longs
Pour remédier à «cette anarchie urbanistique», le wali de Béjaïa veut instaurer une nouvelle méthode de travail basée, explique-t-il, sur «le respect, la confiance et la sérénité». Devant le temps qui presse, M. Hattab a exigé, pour ce premier trimestre, le lancement de tous les projets à l’arrêt, a-t-on appris de la cellule de communication de la wilaya. En deuxième lieu, le wali veut intégrer dans le programme en cours la conception de cités intelligentes. «Tous les réseaux devront être enfouis pour ne pas agresser visuellement». Il a instruit aussi les membres du comité créé à cet effet, afin de penser à réaliser des cités vertes avec une énergie propre, en utilisant le LED. «Le citoyen a droit à son confort dans sa cité», lit-on encore dans le communiqué ayant sanctionné ce conseil de wilaya.
Boualem Slimani