«Une statue de Massinissa dans la capitale»

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Dans cet entretien, le maire MPA d’Alger-Centre, M. Abdelhakim Bettache, fait le point de son mandat, parle des projets que son assemblée a réalisés et d’autres encore en chantiers. Comme il évoque son avenir politique.

La Dépêche de Kabylie : Votre mandat touche quasiment à sa fin. Si on vous demandait de dresser un bilan, quelle évaluation portez-vous ?

M. Bettache Abdelhakim : Je peux dire que 80% de mes promesses ont été tenues, les 20% restants sont surtout liés aux contraintes de l’environnement. Je considère, en effet, que la commune est aujourd’hui moins sale, mais il faut que nous en fassions une commune encore plus propre. Il y a aussi un problème que je n’ai pas pu régler à 100%. C’est celui de la réhabilitation de tous les quartiers d’Alger-Centre. L’année dernière, on a dégagé 355 milliards de centime à cet effet. Le projet n’est pas encore terminé. Le troisième point concerne le relogement. Il reste quelque 300 familles sur le plan social qui doivent être relogées cette année. Pour ce qui est des 1 400 logements LSP, on en est à la phase de convocation des bénéficiaires, dont 60% sont de jeunes couples, pour le payement de la première tranche.

Qu’en est-il des projets réalisés proprement dit ?

Sur un ensemble de six jardins, trois ont été réalisés à 100%. Il reste trois autres, le jardin Parc du Galant, le square Port Saïd, qui n’est pas dans ma circonscription mais dont le projet m’a été affecté par le wali d’Alger, il est à 30%, et le jardin Beyrouth qui sera inauguré dans une semaine. Il y a aussi les stades qu’on a réalisés ou réhabilités, à l’image de celui d’Aïn Zeboudja qui a été inauguré par le wali et le ministre de la Jeunesse et des Sports. Le stade Sfindja va être inauguré dans moins de dix jours et une nouvelle bibliothèque sera également inaugurée à l’occasion. Concernant l’entretien des routes, les boulevards et axes secondaires de la commune d’Alger-Centre sont tous goudronnés. S’agissant des trottoirs des grands boulevards, ils sont à la charge de la wilaya d’Alger. Nous avons un peu de retard dû à l’enfouissement des réseaux Sonelgaz. On peut dire que c’est terminé à 70%. Il ne reste que l’axe Didouche Mourad et une moitié du boulevard Larbi Ben M’hidi. Pour l’éclairage public, on était à la lampe jaune, on est passés à la blanche. Elle est économique et éclaire très bien. Il y a aussi le projet des bacs à ordures enfouis. On a ramené le modèle d’Espagne. Si aujourd’hui on est la commune la moins sale, c’est grâce à cela aussi. L’avantage avec ces bacs à ordures c’est qu’on peut y jeter ses ordures à n’importe quelle heure, le ramassage se fait la nuit. Cette année, on va élever le niveau et accélérer la cadence pour arriver à une commune propre. Actuellement, on est en train d’éliminer les paraboles sur les façades des immeubles, en installant des paraboles collectives. Les magasins sont également réhabilités à 100%. Pour les immeubles, ce sont les parties communes qui sont concernées par la réhabilitation, les portes d’entrées, les ascenseurs, les façades, les boites aux lettres, les cages d’escaliers… La dernière décision qui a été prise par le wali d’Alger est de réhabiliter tous les ascenseurs d’Alger. La réhabilitation se fait par ordre de priorité, commençant par les boulevards de souverainetés. Le projet a commencé en 2013 et il ne va pas s’arrêter là. Il est très important. Le problème qui se pose et qui nous retarde un peu c’est le manque d’entreprises qualifiées en réhabilitation et de cadres et ouvriers diplômés. La main d’œuvre aussi est un problème malgré le taux de chômage très élevé. Concernant les espaces verts, la mairie a réalisé six stades de 6e génération dans les quartiers populaires. Il y a aussi des espaces pour les enfants. Pour le logement, 652 familles, qui habitaient dans des caves et des terrasses, ont été relogées. Il reste 80 familles qui seront relogées incessamment. Les dossiers sont au niveau de la wilaya, on attend juste l’autorisation. On a également réhabilité quatre salles de cinéma. Il y a aussi le projet du parcomètre, en le réalisant, on a créé six postes d’emploi. Il sera bientôt prolongé à d’autres boulevards. Les parkings sauvages ont été éradiqués à 100%. On a créé 41 parkings légaux gérés par trois employés chacun. On les accompagne bien évidemment, en appliquant les directives du ministère de l’Intérieur.

La vie nocturne à Alger est un projet qui vous tient à cœur, mais ce n’est pas un pari gagné d’avance ?

En effet, c’est un projet qui me tient à cœur depuis 2012. On a invité tous les concernés, surtout les commerçants d’Alger-Centre (UGCA), qui ont exposé leurs problèmes. Ce sont des choses qu’on vit quotidiennement, à savoir l’effondrement des balcons, l’éclairage public, les ordures ménagères, les trottoirs, la sécurité… L’année passée, on a fait une évaluation, tous les problèmes posés par les commerçants ont été pris en considération et réglés à 100%. Le problème qui se pose maintenant c’est la gestion des mentalités. Au niveau des boulevards de souverainetés par exemple, on a de grands commerces, mais malheureusement ce ne sont pas des propriétaires. Ce sont tous des locataires qui viennent de loin. Ils viennent le matin et repartent le soir. Il y a des gens qui viennent de Tizi-Ouzou, Boumerdès et Bouira. Ils ouvrent la capitale le matin et ils la ferment le soir. On a fait un travail de sensibilisation. Il y a une prise de conscience. On a réussi à ce que les terrasses restent ouvertes jusqu’à 22 heures en hiver. Ils ouvrent même les week-ends. On s’est mis d’accord sur la prolongation des horaires jusqu’à minuit, et ce à partir du mois de mars prochain. On a réussi à instaurer pour l’instant une règle et une culture où les 24 terrasses qui existent à Alger-Centre travaillent les week-ends et jusqu’à 22 heures durant la semaine. Seulement, pour cela, le ministère du Commerce doit s’impliquer davantage. Si on veut avoir une capitale digne des capitales du monde, on doit réfléchir à un statut de la capitale. Avant 1990, on avait le même fonctionnement que Paris. Malheureusement, avec la décennie noire, on a pris du retard. Actuellement, il y a une réflexion qui se fait au niveau du ministère de l’Intérieur pour l’amendement d’un nouveau code communal l’année prochaine, qui renforcera les prérogatives des maires. Je crois aussi qu’il y aura un statut particulier pour la capitale. Après cela, automatiquement, on aura une police municipale et le maire pourra prendre des décisions qui seront appliquées à la lettre. Ce sera une grande avancée dans la gestion.

Qu’en est-il de votre activité au sein de l’Euromed ?

La dernière sortie était à Nice. C’est là-bas que se trouve le siège de l’Euromed. Actuellement, il y a 40 pays membres. L’Algérie adhère depuis 20 ans à ce réseau mais sans aucune représentation. La dernière fois, lors d’une AG, je me suis révolté. Le président du réseau a vu que l’Algérie méritait d’avoir un siège et il l’a proposé. J’ai eu alors le poste de vice-président au niveau du réseau et aussi celui de président de la commission emploi que j’ai moi-même proposé. Par rapport à la situation sécuritaire, notamment après l’attentat de Nice, je suis membre de la commission sécuritaire.

On croit savoir que vous envisagez de réaliser une statue du roi de la Numidie Massinissa à Alger-Centre. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Ce projet a été initié en concertation avec le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA). La mairie d’Alger-Centre a dégagé une enveloppe de 2 milliards de centimes pour la réalisation de cette statue. Après étude du dossier, on a su qu’il fallait injecter deux milliards de plus. L’offre a été lancée et, dans un mois, l’entreprise sera choisie. La sculpture sera réalisée à la place de Tafourah. Juste en face, il y a une fresque sur la bataille de Massinissa. La statue sera donc prête dans quatre mois. Le choix du site n’est pas fortuit. Cette place est fréquentée par beaucoup de monde, des étrangers, des touristes, des voyageurs des autres wilayas… Tout le monde passe par Tafourah. C’est une route nationale.

Alger a aussi renoué avec les animations de rue, ce fut difficile à provoquer ?

Depuis mon installation, presque toutes les activités se déroulent dans la rue. Plusieurs galas se font sur la place de la Grande Poste, suivant le programme culturel de l’APC avec l’EPIC de la commune chargé du cinéma et des activités culturelles. Depuis trois ans, la mairie a signé un protocole avec l’ambassade de France en Algérie pour fêter, chaque 21 juin, la Journée de la musique. Par ailleurs, chaque mardi, il y a plusieurs activités pour les enfants au niveau du jardin et d’autres qui se font dans les quartiers, comme les tournois de foot. Et tout ce qu’on fait c’est en collaboration avec les associations.

Sans vous jeter des fleurs, les Algérois vous vouent respect et considération. C’est quoi le secret de la popularité de M. Bettache ?

C’est la proximité. J’étais élevé dans un quartier populaire d’Alger, Soustara, et je n’ai jamais quitté le lieu. Je suis en contact permanent avec la population, les voisins… D’ailleurs, je prends toujours mon café dans les quartiers populaires. Je communique beaucoup à travers les réseaux sociaux, j’y ai même publié mon bilan que j’ai aussi présenté à la population sur la place de la Grande Poste. Il y a aussi un site officiel pour la mairie. J’organise des assemblées avec la population. On a quatre salles de cinéma où j’invite, périodiquement, les habitants d’un grand quartier à se réunir et à présenter leurs problèmes. Au mois de Ramadhan dernier, on a fermé les grands boulevards à la circulation des voitures pour permettre aux familles d’y profiter de leurs soirées jusqu’au matin…

À supposer que vous restez pour un second mandat, quelles seraient alors vos autres priorités ?

L’environnement et la vie nocturne bien sûr. Je continuerai dans la même lancée et la même stratégie pour propulser Alger au rang des grandes capitales du monde.

Et comptez-vous vous présenter pour un nouveau mandat ?

Si la population d’Alger me veut encore à ce poste je suis toujours partant pour me représenter. Bien mieux, ma motivation à continuer le chantier que je partage avec les Algérois me donne de l’optimiste quant à mes chances. Cela dit, je respecte le processus démocratique et le résultat des urnes.

Un dernier mot…

Je suis arrivé à la fin de mon mandat avec une conscience tranquille et je peux rentrer chez moi et me reposer.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum et Sadek Aït Hamouda.

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