Avec les randonneurs à Tikjda

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Depuis les chutes abondantes de neige sur le massif montagneux du Djurdjura, la station climatique de Tikjda, perchée à plus de 1200 mètres d’altitude, a renoué avec son ambiance particulière et ses nombreux touristes.

La sécurité, les services proposés sur place, mais surtout le paysage féerique, ont, sans doute, encouragé les familles algériennes à redécouvrir Tikjda. Ce site avait été abandonné durant la décennie noire. Ainsi, des visiteurs de divers horizons, accompagnés de leurs familles ou de leurs amis, s’y rendent pour profiter d’un bon bol d’air frais, de la beauté des paysages, mais surtout de la neige qui a recouvert, depuis plus de 15 jours, le massif du Djurdjura. Cependant, la forte affluence de touristes provoque, particulièrement durant les samedis et vendredis, d’importants embouteillages sur la RN33, reliant Tikjda à Bouira et Bechloul. Ce fut le cas vendredi dernier, au cours duquel un énorme bouchon, causé par des centaines de voitures, s’est formé sur la même route. En conséquent, beaucoup de familles ont été bloquées sur les hauteurs de Tikjda.

«Je suis venu une fois et depuis, j’y suis accro !»

Une petite virée sur les lieux a permis de constater, de visu, cette affluence, de plus en plus nombreuse. Les familles viennent des wilayas limitrophes de Bouira, mais aussi de très loin, comme la famille Mebarki, venue de Tipaza, spécialement pour «passer du bon temps et toucher la neige», comme le dira le chef de famille, Kamel, qui ne cachera pas sa joie et son bonheur. «En plus d’un paysage paradisiaque, les gens sont accueillants, non seulement, ici, à Tikjda, mais aussi sur notre passage à Bouira ou Haizer, où nous nous sommes arrêtés pour prendre un café. Nous sommes toujours à l’aise en famille et les enfants peuvent profiter de la neige, autant qu’ils veulent, et en toute sécurité», se réjouit Kamal qui se dit «accro» à ce site, après l’avoir visité une première fois en 2007. «A l’époque, et étant encore célibataire, j’ai visité ce site avec un groupe d’amis. J’ai, vite, été attiré par la beauté du paysage, par le calme et la symbiose entre la montagne, la faune et la flore. J’ai remarqué qu’il y avait de la place pour tout le monde, même les singes et autres animaux, qui, d’ailleurs, s’amusent avec les visiteurs», ajoutera notre interlocuteur. Un peu plus loin sur la RN33, un père de famille venu de la wilaya de Tizi-Ouzou, accompagné de sa petite famille, prenait des photos souvenirs pour ses deux enfants. Toutefois, il se désola de la non-ouverture de la RN33 jusqu’à la frontière avec la wilaya de Tizi-Ouzou. «C’est vraiment dommage que cette route reste fermée. Nous sommes de la région d’Ath-Ouacif, à quelques kilomètres seulement de Tikjda, mais malheureusement nous sommes obligés de faire un énorme détour pour atteindre ce site. Plus de 120 km au lieu de 15 km’’, se plaint-il. Pour notre interlocuteur, les services publics doivent mettre les moyens pour rouvrir cette route et la maintenir ouverte tout au long de l’année. «C’est une route hautement stratégique. Tikjda possède, aussi, d’énormes potentialités touristiques. D’ailleurs, du côté de la wilaya de Bouira, les chasse-neiges ne manquent pas et les ouvriers de la DTP sont omniprésents. Mais, malheureusement la RN33 n’est ouverte que vers la limite de la wilaya. Beaucoup de gens de notre région aimeraient venir ici et profiter de l’ambiance, surtout en hiver, mais malheureusement ils ne le peuvent pas, car tout le monde ne possède pas une voiture», ajoute notre interlocuteur. Il faut dire que de grands effort sont consentis par les services de la DTP de Bouira et de l’APC d’El-Esnam, dont relève Tikjda, pour maintenir cette route ouverte. En effet, au moins trois chasse-neiges sont stationnés d’une manière permanente sur les hauteurs du site, pour les opérations de déneigement de cette route. Concernant le tronçon de la RN33, entre Tikjda et la wilaya de Tizi-Ouzou, il est toujours bloqué par l’amoncellement de la neige. M. Moulay Khlifa, colonel de la protection civile de Bouira, a, récemment, déclaré à la Dépêche de Kabylie qu’un important risque d’avalanches plane sur cette route, mais aussi sur les RN30 et 15, reliant, également, les wilayas de Bouira et Tizi-Ouzou. Ce qui rend leur ouverture quasi impossible durant cette période hivernale.

Avec les randonneurs du Djurdjura…

Parmi les activités proposées, l’une d’elles est particulièrement prisée par les touristes. Il s’agit de la randonnée pédestre. En effet et en chaque semaine, des dizaines de randonnées sont organisées par des associations locales, à l’image de l’association ‘’Tikjda’’, ou par l’administration du centre national de loisirs et des sports de Tikjda ‘’CNLST’’. Ainsi, des équipes composées de guides et de moniteurs, formées spécialement pour ce genre de missions, font découvrir à des dizaines de touristes la beauté intérieure du massif du Djurdjura, et les initient au ski. Parmi les destinations des randonneurs, on citera le Lac Goulmime. Situé à plus de 1700 mètres d’altitude, ce lac ‘’perché’’ est sans doute le lac le plus haut du continent africain. Son isolement et l’absence d’un chemin carrossable, le reliant à Tikjda, ont contribué à sa protection et à la préservation de son cadre naturel, un peu unique. Durant l’après-midi de vendredi dernier et près du chalet du CAF sur les hauteurs de Tikjda, Hamid, un amoureux de la nature, de retour d’une longue randonnée avec un groupe de jeunes, raconta son expérience : «J’ai entendu parler de ce lieu pour la première fois au début de l’année 2014. Fasciné, alors par l’existence d’un lac en montagne, j’ai voulu m’y rendre à tous prix pour le voir de plus près. Il m’a, donc, fallu convaincre et regrouper une équipe d’aventuriers, comme moi, qui accepterait de marcher beaucoup en milieu inconnu, de se réveiller très tôt et de manger des aliments en conserve. Le tout dans un climat polaire», raconte Hamid Et d’ajouter : «Après avoir regroupé des aventuriers, le départ eu lieu à six heures du matin lors d’une nuit de la pleine lune, pour mieux profiter de la lumière. Une fois le site de Tighzert limitrophe traversé, on découvrit les nouveaux paysages de la montagne illuminés par les premiers rayons dorés du soleil. On avait l’impression d’être dans un autre monde, presque sur une autre planète. Tout était nouveau pour nous et nos yeux. On perdait même les notions de distance et de temps et les perspectives étaient faussées. Une halte s’est imposée, alors, pour se reposer un peu, se préparer un café, laisser les yeux balayer le décor et s’habituer un peu. Ensuite, après plus de trois heures de marche, on était enfin arrivés. Notre effort n’était pas parti en fumée finalement. A cette époque, le lac était entièrement gelé. J’ai été tout simplement fasciné par ce paysage. Mon souhait est qu’un jour les techniciens du Parc National du Djurdjura, nous, amis de la nature et de l’environnement, et la population des villages environnants puissions faire un grand volontariat, pour reconstituer et aménager ce lac d’altitude dans l’intérêt de la faune, de la flore et de la beauté des lieu».

Le CNLST fait aussi le plein

Comptant quatre hôtels, avec une capacité d’accueil de 460 lits, le centre national de loisirs et des sports de Tikjda ne désemplit plus en cette saison hivernale. En effet et depuis le début de l’hiver, les hôtels ont fait le plein de touristes. Il faut dire que le centre de Tikjda offre toutes les commodités nécessaires, dont les structures de sport comptant une salle spécialisée, une salle de musculation et une autre de récupération, ainsi qu’un mini-terrain de football. En plus des infrastructures sportives, le CNSLT propose régulièrement à ses hôtes diverses activités artistiques et autres animations, particulièrement durant les weekends, au grand bonheur des familles qui y séjournent.

Oussama Khitouche

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