La neutralisation de l’émir de katibat Ennour qui sévissait à Michelet, le 13 février dernier, à Chaib (Mekla), après une cavale qui aura duré plusieurs jours, a révélé l’existence d’un important groupe de soutien logistique possèdant des ramifications dans toutes les localités du sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou jusqu’aux limites Est avec Béjaïa et Sud-Est avec Bouira. L’interpellation de huit personnes lundi dernier dans la localité de Mekla, pour soutien au terrorisme, témoigne de la connexion dangereuse entre les groupes terroristes affiliés au GSPC et les réseaux de banditisme qui sévissent dans différentes localités de la wilaya. La présentation de ces individus, la semaine dernière, devant le procureur prés le tribunal de Tizi Ouzou, confirme la thèse de soutien qu’ils apportent à la katibat Ennour, puisque quatre d’entre eux sont placés sous mandat de dépôt et les autres mis sous contrôle judiciaire. Si les groupes terroristes sont spécialisés dans les hold-up et attaques armées contre les agences bancaires, postales et contre les convois de fonds, les réseaux de banditisme multiplient les faux barrages et le racket des citoyens. L’implication des membres de ces gangs dans l’enlèvement et la séquestration des citoyens n’est pas à exclure. Un phénomène qui a pris des proportions inquiétantes ces dernières semaines avec l’exigence de rançons servant à renflouer leurs caisses. Les opérations de blanchiment de cet argent se font avec une facilité déconcertante, où le «butin» est aisément investi. Cela rappelle l’arrestation d’un citoyen de Oued Aissi, le mois dernier, qui se chargeait de reconvertir l’argent des terroristes en investissements agricoles. Alors que jusque-là la Kabylie était épargnée par le phénomène du grand banditisme, son apparition, ces cinq dernières années, a été favorisée par le déclin des factions islamistes armées, mais surtout par le démantèlement des brigades de la Gendarmerie nationale accusées par les populations de dépassements, durant les tragiques évènements de 2001.Durant la semaine du 9 au 16 février, plusieurs personnes soupçonnées d’appartenir à un réseau de vol et trafic de véhicules ont été arrêtées par la police. Il s’est avéré que ces individus font partie d’un gang aux ramifications internationales spécialisé dans le trafic des voitures de luxe. Celui ci possède des factions installées dans plusieurs wilayas du pays dont celle de Tizi Ouzou et est composée de personnes éparpillées sur l’ensemble du territoire. Certains parmi ceux qui ont été interpellés n’affichaient pas le profil de bandits, leur arrestation a étonné leurs concitoyens. Le fléau de la petite délinquance, longtemps négligé, tend à prendre beaucoup d’importance dans plusieurs centres urbains de la wilaya. La montée vertigineuse des actes criminels renseigne sur la mutation des petits délinquants qui sévissaient au vu et au su de tous. Les statistiques que fournissent les services de sécurité traduisent cet état de fait où le nombre d’affaires de coups et blessures volontaires, agressions à armes blanches et vols qualifiés connaissent une ascension vertigineuse.L’assassinat du président de l’association des commerçants en plein centre-ville d’Azazga, dimanche passé, témoigne aussi de la gravité de la situation sécuritaire à Tizi Ouzou. Cette ville, à l’instar de plusieurs autres, vit au rythme de l’insécurité grandissante où les agressions, les vols de voitures et de maisons par effraction, sont devenues monnaie courante ces derniers mois.
M.A.T