L’ordre et le désordre en course

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S. Ait Hamouda

L’ordre, qui est par définition application, attention, circonspection, mesure, est mal perçu chez nous. Il est remplacé par le désordre. L’ordre c’est de mettre les choses à leur place pour les retrouver aisément au moment où on les cherche à la place où elles ont été placées. Jamais ce qu’on ne trouve pas à l’endroit où on l’a rangé n’est de l’ordre. C’est l’anarchie, le désordre, le capharnaüm, en un mot, c’est un amoncèlement de tout et de rien, dans un semblant de choses disparates. Il fut ainsi des hommes comme des objets ou des documents. L’ordre, répétons-le à satiété, est par définition application, attention, circonspection et mesure. Il s’agit tout simplement de ranger. Les gus marchaient en ordre serré, les animaux aussi marchaient en files indiennes. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut, comme on disait naguère. Mais cela n’a plus de sens, au moment où l’on parle. «Là tout n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté.» comme disait le poète. Ou encore Charles Bay : «Un monde, si nouveau soit-il, ne peut s’organiser dans le désordre. Vous ne bâtirez là-dessus qu’un désordre encore plus grand». Il s’agit, lorsqu’on s’échine à construire l’avenir d’un pays de jeunes avec des vieillards vermoulus, on aura assurément un pays qui sent le moisi. Non pas que les vieux ne savent pas construire, mais ils construisent avec les idées de leur temps pas avec des notions nouvelles, ils ne pensent pas jeunes. Pagaille, bouleversement, fouillis, confusion, tapage, tumulte, agitation, vacarme, dissipation, licence c’est le b. a.-ba du désordre. Il se peut que cela soit de l’art, mais un art désordonné…qu’on ne peut justement ni blâmer, ni louer puisque c’est de beauté qu’il est question dans l’œuvre artistique. Qu’on pense, pour les élections à venir, à rajeunir le parlement, c’est une bonne chose mais ces députés élus il y a longtemps, songeront-ils à partir de bonne grâce, de gaieté de cœur ou faudrait-il leur forcer la main dans l’ordre ? Cela pourrait faire douter beaucoup de gens mais il y a des certitudes engoncées dans nos méninges que rien ne pourrait effacer, que l’on soit pour le désordre ou pour l’ordre. Cela s’appelle l’ordre des choses, la normalité selon les normes universellement ou humainement admises.

S. A. H.

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