La sardine inaccessible

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La rareté de la sardine sur les étals des poissonniers de la commune de Chemini se fait cruellement sentir ces jours-ci. Inscrit au registre des produits «de luxe» des petites bourses, ce produit a atteint des prix qui dépassent tout entendement. En effet, le poisson prend des ailes avec un prix qui ne veut pas descendre au-dessous des 500 DA. Autant dire que ce produit de la mer nargue ses consommateurs et s’affiche avec insolence entre 500 et 600 DA, voire à 700 DA. Dès lors, de nombreux ménages s’en privent, alors que d’autres se contentent d’en acheter une petite quantité. «Se procurer du poisson en ces années de disette relève du miracle pour les petites bourses. Y a d’autres chats à fouetter», nous dira, avec humour, un père de famille. Les deux ou trois poissonniers de la région ont dû laisser les tables et les caisses vides en attendant des jours meilleurs. Même si la consommation du poisson en hiver est moins importante, il n’en demeure pas moins qu’il existe bel et bien une demande de la part des citoyens sur ce produit considéré comme un grand luxe pour les petites et moyennes bourses. Force est de constater que l’offre s’effondre et le poisson meurt de vieillesse. Il est étonnant, néanmoins, que le prix du kilogramme de la sardine soit presque à la hauteur de celui de la viande rouge qui est cédé à 900 DA le kilo, tandis que le poulet est vendu à moins de 300 DA le kilo. «A 700 DA, il faut reconnaître que peu de gens sont enclins à l’acheter», rétorquera un citoyen. Ce faisant, les produits de la mer demeurent inaccessibles pour la majorité des ménages de par leurs prix excessivement élevés. Cherté, rareté, offre disparate…sont là quelques caractéristiques d’un marché mis à l’écart, sinon dédaigné par le citoyen, déjà faible consommateur de poisson le reste de l’année. En somme, la nourriture carnée semble s’inscrire aux abonnés absents dans le menu du consommateur algérien, lequel est pris dans un vortex d’inflation tous azimuts. «On ne sait plus où donner de la tête !», s’exclame un sexagénaire.

Bachir Djaider

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