Le pavé Macron dans l’eau de la France

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S. Ait Hamouda

En vérité, qu’a dit d’insensé, de scandaleux et d’outrageant Emmanuel Macron pour s’exposer à une levée de boucliers singulière? Il a tout simplement dit une vérité que tout le monde connaît : «La colonisation de l’Algérie était un crime contre l’humanité». Comment expliquer cette ineffable réaction de la société française ? Que par un révisionnisme de mauvais aloi. L’Algérie alors était depuis le début de sa colonisation grâce à la «magnanimité» hexagonale : un paradis, un sanctuaire de convivialité et de fraternité. Elle dispensait la civilisation aux indigènes, elle faisait d’eux des être humains. Les enfumades, les emmurades, les boucheries innommables, les déportations à Madagascar, en Nouvelles Calédonie, à Cayenne n’étaient qu’opérations de propagandes et Pélissier, Bugeaud, Saint Arnaud que de sacrés civilisateurs et tout ce qu’ils ont dit ne sont que des propos d’officiers en mal de victoires et de trophées d’une guerre totale et sans merci, du pot de fer contre le pot de terre. Mais des crimes contre l’humanité ne sont pas qu’un cauchemar pour les Algériens. C’est tout à fait le contraire de ce qu’entendaient «les importateurs de la proclamation des droits de l’homme et du citoyen et que les français ne savent pas lire». Les va-nu-pieds, les pauvres hères qui errent sans feux ni lieux dans l’immensité de notre «Polygone» ne peuvent pas lire, ils étaient exilés de tout apprentissage, de l’école, et des lieux de formation. Ils devaient faire transpirer leurs burnous pour la France. C’est ce qui s’apparente à une véritable opération génocidaire. N’est-ce pas un crime innommable, indescriptible, inénarrable qu’a vécu l’Algérie du début à la fin de la présence française en Algérie. En 1945, le 8 mai, n’était-ce pas l’horreur qui frappait sans distinction les autochtones ? Emmanuel Macron a laissé sortir une petite vérité, pas toute la vérité, ce qui lui a coûté un haro sur le baudet incommensurable de la part des partis de droite et d’extrême droite. Cela pourrait consoler de rester dans un statu quo, qui ferait de la France un pays qui oublie tout dans l’histoire. Qui oublie les exactions contre la population algérienne. Et qui prend le mea culpa pour une faiblesse.

S. A. H.

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