L’association Michaâl Al-Chahid a rendu, mercredi dernier, un grand hommage aux femmes de la campagne pour leur importante contribution et leur rôle prépondérant dans la réussite de la guerre de libération nationale.
C’est lors d’une conférence-débat tenue au musée du Moudjahid de la ville de Bouira que cette association a salué les sacrifices de la femme rurale, qui restera l’héroïne méconnue de l’histoire algérienne. Dans son intervention, M. Mohamed Lahcen Zghidi, enseignant d’Histoire à l’université d’Alger, a mis en relief ce rôle important joué par la femme rurale algérienne dans la révolution nationale, et ce via ses différentes responsabilités. «Elle fut également un soutien puissant pour l’époux, le frère, le fils et tous les membres de la famille qui prirent les armes contre les forces coloniales», a souligné le conférencier. La femme rurale a réussi à constituer un élément opérationnel dans la rupture du blocus dans lequel l’armée coloniale voulait enfermer les Moudjahidines. «Sa contribution fut très importante à travers les tâches qu’elle accomplissait pour les besoins de la guerre», a ajouté le conférencier lors de cette rencontre tenue en présence des centaines de lycéens. «La montagne a été le berceau et le fief de la révolution algérienne, où la femme rurale fut un élément indispensable pour toutes les opérations de combat contre l’ennemi colonial», a-t-il ajouté. A cette occasion, deux anciennes Moudjahidates, Kamla Zohra de Kadiria et Amarkhoudja Zina de Bouira, ont livré des témoignages sur leurs tâches révolutionnaires respectives pendant la guerre de libération. Ainsi, la moudjahida Zina a parlé de son engagement total et de celui des autres femmes rurales au service de la Révolution sacrée, au niveau de la Wilaya III historique, précisément dans une zone montagneuse entre Bouira et Tizi-Ouzou. «Durant les années 1957-1958, nous étions un groupe de quatre jeunes filles qui menait diverses tâches souvent dans des conditions difficiles, pour assurer la restauration et l’hébergement des moudjahidine de passage», a-elle témoigné. «D’autres de nos sœurs, habitant sur les hauteurs de Haizer, étaient plutôt chargées de suivre les mouvements de l’ennemi colonial dans la région tout en restant en contact permanent avec les Moudjahidine», se souvient la Moudjahida Zina. Cette dernière a tenu à souligner les efforts consentis par les femmes rurales, leurs sacrifices pour moudre et entreposer le blé destiné à la fabrication du pain pour les maquisards. Idem pour la production de l’huile d’olive et son stockage dans les jarres, a-t-elle ajouté avant de rappeler, également, les difficultés rencontrées par ces femmes dans le transport des repas aux casemates pour être distribués aux moudjahidines de la région. Quant à la Moudjahida et fille de Chahid Kamla Zohra, elle est revenue sur les moments d’atrocité qu’elle a vécus avec une autre moudjahida dans un centre de torture à Kadiria. «Ayant découvert notre soutien à la révolution, les soldats français nous ont arrêtée et emmenées dans un centre de torture au centre de Kadiria. Là ils nous ont fait subir les pires supplices pour tirer des enseignements sur les Moudjahidines. Et aujourd’hui, nous portons toujours des séquelles qui resteront le témoin d’un passé révolutionnaire dur», a-t-elle raconté.
Toudert Sadi

