Après les fortes perturbations climatiques du début du mois de février qui ont succédé, faut-il le rappeler, à une longue et angoissante sécheresse laquelle a duré plus de cinq mois durant le deuxième semestre de l’année écoulée, le retour du beau temps avec des journées agréablement ensoleillées, les agriculteurs notamment ceux des communes de montagne telles que Saharidj et Aghbalou ont rapidement repris avec les travaux des champs. Ils profitent ainsi de l’humidité du sol pour lancer les labours d’entretien des oliveraies et figueraies pour ceux qui ont les moyens de faire recours aux services des rares paysans qui ont des paires de bœufs ou de mulets pour retourner la terre. D’autres paysans s’attellent à cette pénible tâche à l’aide de bêches et pioches autour et sous les arbres, une des plus anciennes techniques de retourner la terre pour obtenir une irrigation de façon naturelle par infiltration des eaux pluviales en plus de débarrasser l’arbre des herbes sauvages et des parasites qui lui disputent les matières nutritives. En parallèle, l’on s’attèle aussi à la réalisation de petites rigoles pour drainer les eaux pluviales jusqu’au pied de l’arbre particulièrement des oliviers qui ont de volumineuses souches qui sont de véritables réservoirs qui emmagasinent l’eau en prévision des période sèches et caniculaires de l’été. Ceux de ces agriculteurs qui ont terminé la campagne de la récolte d’olives se mettent à la taille des oliviers durant cette période qui s’étale jusqu’à la mi-mars, une période aussi propice au greffage des oliviers sauvages et d’autres d’arbres fruitiers, toutes espèces confondues. C’est l’une des périodes où les champs enregistrent une animation particulière notamment au niveau des villages de haute montagne comme à Ivelvaren, Imesdhurar, Ath Illiten, Ath Hemad et les deux villages d’Iwaquren Ighzer et Tadert Lejdid comme en témoignent les innombrables colonnes de fumée qui montent ça et là chaque matin des foyers qu’on allume pour brûler les branchages provenant de l’opération d’élagage et de la taille mais aussi des buissons et autres végétaux sauvages. Ces derniers poussent dans les champs cultivables. Il faut signaler que les paysans mènent aussi en cette période des activités de défrichement mais aussi de plantation d’arbres fruitiers ou d’ornement (peupliers, sapins) qu’on aligne sous forme de clôture qui servent aussi de brise-vent. Ceux de ces agriculteurs qui ont du cheptel se mettent aussi à l’épandage du fumier à travers leurs parcelles, une opération d’engraissement du sol de façon naturelle des plus bénéfiques. Durant cette même période, ceux qui ont terminé ces travaux prioritaires se rendent dans les champs réservés à la fenaison pour les débarrasser des mauvaises herbes notamment celles épineuses pour obtenir du bon foin d’autant plus que la fenaison s’annonce fort prometteuse cette année et ceci, grâce aux importantes averses de pluie et chutes de neige du début du mois de février, des apports en eau qui sont à l’origine d’une reprise fulgurante de la verdure et du tissu végétal. Jadis, c’est aussi en cette période, à partir de la mi-février, que les femmes se mettent à la poterie pour profiter des rayons du soleil tièdes pour renouveler leurs ustensiles de cuisine mais aussi les « Akoufis », une sorte de grandes jarres qui servaient à la conservation des céréales et des figues sèches. Il est aussi procédé au revêtement des façades intérieures des murs crépis à la terre glaise et à la bouse de vache et qu’elles revêtaient aussi d’une fine couche de chaux naturelle (« tharets » en kabyle) pour les débarrasser des traces de fumée des kanouns. Toutes ces activités ont disparu depuis la fin des années 1960.
Oulaid Soualah