La fiesta fixée pour vendredi !

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À chaque fois que le premier jour du printemps (Amenzu n’Tafsut) du calendrier agraire berbère approche, c'est le branle-bas de combat chez les habitants des différents villages de la région Est de la wilaya de Bouira.

Ces derniers se concertent sur le jour à arrêter pour la célébration de cette date phare de notre culture, si celle-ci coïncide bien évidemment avec l’un des jours ouvrables. Ainsi, pour réussir la fête de « Amenzu n’Tafsut », l’on retient toujours un jour de repos, généralement le vendredi, et ce, pour permettre à tout le monde, ou presque, d’être présent et de vivre ces moments de convivialité entre villageois qui fêtent ainsi ce rite accueillant le printemps avec beaucoup d’espoir et de renouveau. Comme il est connu, cette journée, qu’attendent impatiemment surtout les enfants et les femmes pour sortir dans les prairies afin d’organiser le fameux « Ourar n’lxalat » et les pique-niques, est célébrée normalement chaque 28 février du calendrier grégorien coïncidant avec le 14 furar du calendrier amazigh qui marque le début de la saison printanière. Néanmoins, les ménages ont pris l’habitude de décaler d’un jour cette manifestation pour la tenir chaque premier (1er) mars. Dans le village d’Ath Hamdoun, dans la comme d’Aghbalou, à l’extrême nord est du chef-lieu de wilaya Bouira, pour l’illustration, les habitants préparent activement ce rite avec beaucoup d’enthousiasme et de joie. Pour réussir l’événement et permettre à tous les villageois de savourer l’entrée du printemps, il a été convenu de célébrer cette tradition millénaire vendredi prochain (le 03 mars), car le 1er mars va tomber un mercredi, jour ouvrable. Les préparatifs vont donc bon train à Ath Hamdoun, où la salle du village, où l’on a l’habitude de célébrer cette journée, connaît des travaux d’embellissement pour recevoir les enfants avec leurs petites corbeilles pleines de friandises. Les plats préparés à cette occasion ne manqueront pas d’être cuisinés avec amour, et il s’agit, entre autres, de l’indétrônable couscous aux légumes cuits à la vapeur, appelé « Ameqful ». Ce plat se prépare pour l’occasion avec l’indissociable plante culinaire Thapsia Garganica appelée en kabyle « Adheryis », laquelle rehausse le goût avec ses vertus thérapeutiques. D’autres entremets font partie aussi des us culinaires qui accompagnent cette fête printanière, comme les beignets, les œufs durs, les gâteaux, la viande séchée (Lexli3 ou Acedluh) les fruits secs comme les dates, les amandes, les figues sèches, etc. La sortie dans les bois verdoyants des contingents de villageois se fait dans une ambiance hors-pair, où l’on revisite cette tradition multiséculaire léguée par nos ancêtres amazighs. Les chants fusent alors entrecoupés de youyous stridents, de battements de mains, de danses sous le son des percussions (derbouka, bendir). En tout cas, sauf perturbations climatiques, la fête du printemps au village d’Ath Hamdoun, comme un peu partout en Kabylie, promet d’être mémorable et joyeuse.

Y. Samir

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