Dénouement en vue

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La semaine dernière a été marquée par une vague de contestations qui a sensiblement perturbé le fonctionnement de certains services du CHU Khelil Amrane de Béjaïa.

Le mouvement est né de difficultés enregistrés dans l’organisation des affectations des Médecins Résidents au Service des Urgences. Une action de protestation a été menée mercredi dernier suite à «la non satisfaction de nos revendications par la direction de l’hôpital», explique un médecin résident. Mais après une réunion d’urgence tenue après le déclenchement du mouvement de grève entre les parties, une solution semble s’être dessinée. Pour s’expliquer sur le sujet, le DG de l’hôpital tente une véritable introduction pédagogique : «Le Service des Urgences du CHU souffre d’un manque de moyens et d’espace qui rend sa gestion difficile». Professeur Danoune puisque c’est de lui qu’il s’agit enchaine : «en 2016, plus de cent cinquante mille patients sont passés par ce service, entre adultes et enfants». Soit plus de quatre cents malades par jour. Comme tout service d’urgences, celui du CHU de Béjaia travaille sept jours sur sept et vingt quatre heures par jour. Cela nécessite une organisation rigoureuse, et la mise en œuvre de tous les moyens dont dispose ce CHU, dont le personnel médical de tous les niveaux. C’est pour cela qu’il a été demandé aux Médecins Résidents d’assurer un certain nombre de gardes aux Urgences pour, d’une part soulager la pression qu’il y a sur ce service, et d’autre part, contribuer à leur propre formation dans ce domaine. Selon le Professeur Danoune, le Service des Urgence est dirigé par une équipe de médecins généralistes qui ont subi une formation de deux années pour devenir urgentistes. Cette spécialité est encore rare dans notre pays. Maintenant, plusieurs autres CHU au niveau national essaient de suivre l’exemple de Béjaia en la matière. Malheureusement, leur nombre reste insuffisant, d’où la nécessité de mobiliser les quatre-vingts médecins résidents. De leur côté, les concernés ont exprimé leur crainte de travailler sans couverture, et ont demandé la désignation d’un Maître de Garde pour les encadrer lors de leur service. Une brève première action de protestation a donc été menée au mois de février dernier, renouvelée en ce début du mois de mars. La réunion du premier de ce mois semble donc avoir dessiné le contour d’une solution, puisque la direction a saisi la portée du problème soulevé et a esquissé une démarche, demandant aux médecins eux-mêmes de s’organiser et d’assurer leur travail tout en sachant que l’administration serait là pour leur apporter l’aide nécessaire. D’un autre côté, ce mécontentement à fait réagir certains Maitres Assistants qui ont appelé à un sit-in pour demander le départ du Directeur Général. Mais ledit Sit-in n’a pas eu lieu. Le Docteur Djilali, président du Syndicat des Professeurs et maitres-ssistants a tenu à nous exprimer son désaccord avec cet appel. «Notre Syndicat n’a pas appelé au départ du Directeur Général», nous a-t-il affirmé. «Nous avons en effet des problèmes au niveau de l’hôpital, mais nous sommes en train de les régler en interne», a-t-il ajouté. Il n’a donc jamais été question de remettre en question l’actuelle direction. De son côté, le responsable de la communication au niveau de l’hôpital, Athmane Mehdi nous a renouvelé la disponibilité des responsables du CHU pour mettre à la disposition de la presse toutes les informations nécessaires pour bien informer le public.

«Notre souci est l’amélioration les prestations»

Le professeur Danoune a rappelé la nécessité de clarifier les choses. «Certes, il y a de grands problèmes auxquels nous faisons face, mais il y a aussi de belles perspectives d’avenir qui donnent de l’espoir», nous a-t-il affirmé. Le CHU de Béjaia souffre d’exiguïté et de manque d’espace. «C’est un CHU de moins de cinq cents lits qui accueille les malades de toute la wilaya, et même au-delà», a-t-il ajouté. De plus, il y a une certaine pénurie en médecins et en personnel médical et paramédical en général. Il cite notamment, les auxiliaires médicaux en anesthésie-réanimation, les sages-femmes, les gynécologues, les radiologues et les manipulateurs en imagerie médicale. Ce genre de personnel semble être manquant dans plusieurs autres CHU. Leur recrutement pose problème à l’heure actuelle, et les CHU essaient de palier à ces manques en faisant appel à toutes leurs ressources pour dépasser cette crise. Il faut se rappeler que le CHU de Béjaia est de création encore récente, et malgré celà il faut noter son développement singulier, malgré les encombres et les difficultés. Avant sa création, il y avait à Béjaia trois structures hospitalières différentes, mais aux moyens très limités. Il s’agit de l’EPH Khelil Amrane, de l’EPH Fantz Fanon, et de l’EHS Mère-Enfant. Depuis, le CHU dispense des soins de haut niveau, assure la formation médicale avec le Faculté de Médecine et contribue à la recherche scientifique. Ce même «CHU est à l’origine de plusieurs premières médicales en Algérie. De plus, aujourd’hui, il y a des projets clairs pour l’avenir. Nous attendons la décision du Premier ministre quant au nouveau CHU qui sera construit à Béjaia. Ce sera peut-être le premier projet qui sera débloqué au niveau national, car Béjaia est dans un grand besoin», nous précise le Pr Danoune. Il est vrai qu’actuellement l’hôpital et ses structures fonctionnent à plein régime et font face aux nombreuses difficultés.

Du nouveau pour trois services

Le Professeur Danoune confirme l’existence d’un projet d’urgence pour étendre les capacités du CHU en attendant la construction des nouveaux locaux. Il s’agit du projet de l’utilisation des structures inoccupées de Sidi Ali Lebhar, comme solution transitoire. Les études d’aménagement ont déjà été faites, puisque les gros œuvres sont achevés, l’électricité et la plomberie déjà installées. Il y a lieu maintenant de procéder aux séparations et aménagements divers, ce qui pourrait se faire très rapidement. Les choses vont vraisemblablement commencer à s’améliorer dans les prochains jours, puisqu’on annonce que le nouveau bâtiment construit à Targa Ouzemmour va bientôt ouvrir pour accueillir un service dédié à la Mère et à l’Enfant. «Ce qui va permettre au Service de Pédiatrie dirigé par le Professeur Ahmane de libérer l’espace actuellement occupé au niveau de Khelil Amrane, et de bénéficier de meilleures conditions de travail dans la nouvelle structure, au bénéfice des malades», dit-on. De son côté, le Service de Cardiologie va occuper les espaces libérés, laissant tout le troisième étage au Service de Médecine Interne qui en avait bien besoin. Il va ainsi pouvoir doubler sa capacité d’accueil. D’un autre côté, le Directeur Général du CHU de Béjaia annonce l’octroi d’un budget de plus de dix-huit milliards de centimes pour l’aménagement d’une salle spécialisée en cardiologie, pour mettre fin aux évacuations qui sont pour le moment faites vers d’autres CHU. Le service de cardiologie se verra enfin renforcé dans ses moyens et pourra travailler dans de meilleures conditions. Il y a encore beaucoup à faire pour permettre aux Bougiotes de bénéficier d’un CHU aux normes. Il y a aujourd’hui quelques trois cent cinquante médecins à l’hôpital de Béjaia, dont plus de quatre-vingt-dix hospitalo-universitaires et quatre-vingts résidents. Verra-t-on dans les prochains jours un règlement définitif du problème soulevé par ces mêmes résidents, et au-delà la résolution de la crise que vit le service des urgences ?

N. Si Yani

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