“Avant la crise, la commune avait bien profité en projets”

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Saïd Mansour a été élu en 2012 sur une liste indépendante. Il est à son deuxième mandat à cette assemblée après l’avoir déjà présidée entre 1997 et 2002. Dans cet entretien, il fait le bilan de son mandat.

La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord, rappelons que vous avez déjà été maire de Tizi-Gheniff par le passé avant de reprendre avec ce mandat. Comment avez-vous retrouvé la commune à votre retour en décembre 2012 ?

M. Saïd Mansour : J’ai en effet été déjà à la tête de l’APC de Tizi-Gheniff de 1997 à 2002. Et en une décennie, le monde entier change, pas seulement Tizi-Gheniff.

Mais si vous deviez établir une comparaison, qu’est-ce qui distinguerait votre premier mandat de l’actuel ?

Pour ce qu’il y a de mieux, il faut bien reconnaitre que durant ce dernier mandat, du moins jusqu’à l’avènement de cette maudite crise financière générée par la baisse du cours du pétrole, les pouvoirs publics ont vraiment mis le paquet, en finançant tous les projets, alors qu’entre 1997 et 2002, c’était la disette, la famine avec le pétrole à moins de dix (10) dollars et un terrorisme à l’apogée de sa barbarie. A ce moment-là il n’y avait pas de quoi faire des miracles, cependant, pour l’anecdote, je dois dire que durant cette période, de 1997 à 2002, avec tous les manques et les insuffisances, les citoyens ne recouraient pas aux fermetures des routes, ni des sièges de l’APC ou de la daïra, ni ceux d’autres services. Par contre, ces dernières années, ce genre de protestations est quasiment permanent. Aussi, au niveau de la mairie, à ma dernière élection, j’ai eu à découvrir d’autres fonctionnaires avec de nouvelles mentalités. Je devais donc remettre tout sur les rails, tout en assurant une meilleure coordination.

Aujourd’hui, vous arrivez au terme de votre mandat. Pensez-vous avoir atteint vos objectifs ?

Bien évidemment, nous sommes amplement satisfaits et cela grâce, aux pouvoirs publics qui avaient injecté de grandes sommes d’argent pour la réalisation de nombreux projets, à l’exemple de celui de l’alimentation en gaz naturel dont le taux culmine à 100% et celui de l’électricité également. Presque tous les villages de la commune ont bénéficié d’au moins deux projets. Néanmoins, nous aurions aimé, durant notre mandat, voir les prémices de l’aboutissement du projet de réalisation de la zone industrielle, d’autant que la mobilisation, derrière nous, a été totale de la part de nos administrés, avec toutes les associations et tous les comités des villages qui ont été à nos côtés et nous ont soutenus afin de faire aboutir ce projet. Malheureusement, celui-ci vient d’être déclassé pour devenir une zone d’activités avec vingt-quatre (24) hectares. Nous avions également envisagé la réalisation d’une gare routière, mais par manque de financement, nous sommes dans l’obligation de revoir à la baisse notre ambition et de nous contenter d’une station routière. Quant à la station d’épuration, l’étude a déjà été lancée.

Donc, à Tizi-Gheniff, le problème de gaz et d’électricité ne se pose plus. Qu’en est-il de l’AEP ?

En ce qui concerne cet épineux problème, qui n’est pas spécifique à notre localité, le manque d’eau est ressenti surtout en été. Cependant, pour l’amélioration du réseau AEP, nous avons réalisé une nouvelle adduction allant du château d’eau de 1000m3 jusqu’à Ouled Meriem, alors que l’ancienne conduite a été raccordée à cette grappe de villages. Nous avons également réalisé un nouveau château d’eau de 300 m3 à Halouf et tout le réseau urbain a été refait entièrement jusqu’au hameau des «Chabane». Au demeurant, nous avons sollicité l’ADE à maintes reprises afin qu’elle procède à l’installation des compteurs, réclamés par nos administrés eux-mêmes, afin d’éviter le grand gaspillage de ce précieux liquide. Mais le réseau d’alimentation en eau potable, très vétuste, nécessite souvent des interventions, à cause des nombreuses fuites que l’hydraulique ne prend en charge que tardivement, parfois après deux ou trois mois. Les moyens techniques et matériels de l’APC ne peuvent pas prendre en charge ces réparations.

Et en ce qui concerne l’état des routes à travers la localité ?

Durant ces quatre années, outre l’élargissement et l’aménagement de la RN68 qui traverse la localité d’Est en Ouest sur plus d’une douzaine de kilomètres, plusieurs villages ont bénéficié d’importantes aides dans le cadre du programme de proximité de développement rural intégré (PPDRI) pour l’ouverture de plusieurs pistes. Un grand nombre de zones ont ainsi été désenclavées. Néanmoins, le point noir de la circulation demeure l’état de délabrement du CW107, dont la chaussée est complètement dégradée et étroite. Un axe très important reliant le chef-lieu à M’Kira, c’est-à-dire le Nord de la commune. Et bien que nous ayons fait des pieds et des mains depuis quatre années, nous n’avons pu ouvrir ne serait-ce qu’une petite porte de la direction des travaux publics (DTP). Celle-ci avait effectué de nombreux travaux sur ce chemin au début de notre mandat, mais avec les travaux de gaz et d’eau ainsi que les fortes pluies, le CW 107 s’est vite dégradé. Par ailleurs, nous comptons procéder au bitumage du chemin Lourika-Badis par Annar Bouchène. Au centre-ville, nous n’arrivons pas à endiguer le problème que nous posent les infiltrations d’eau au niveau du carrefour de la station de taxis, mais nous pensons d’ores et déjà à utiliser une nouvelle canalisation plus performante.

Le problème du logement se pose-t-il à Tizi-Gheniff ?

Le secteur du logement demeure le parent pauvre dans la commune. Pourtant, celle-ci dispose de terrains pouvant accueillir plus de 1000 logements. Nous avons également bénéficié de pas moins de 836 aides à l’habitat rural, mais plus de 300 dossiers sont toujours en instance. Un grand nombre de demandes de logements sociaux sont par ailleurs en étude. Il faut néanmoins souligner que nous avons toujours dans le cadre du RHP, outre les quatre-vingts (80) logements affectés, 134 autres logements en cours d’achèvement, auxquels il manque toutefois des raccordements aux réseaux du gaz, de l’électricité ou de l’assainissement. Il y a 70 autres dont 30 ont atteint un taux de réalisation de 50%, alors que 40 autres vont être relancés prochainement avec une autre entreprise. 64 autres logements sont réalisés au niveau de la cité dite «HLM» et leur taux de réalisation avoisine les 95%. Nous en avons 70 autres, dont 30 ont atteint 50 %, alors que les 40 restants vont être incessamment relancés. Dans le cadre des logements sociaux, nous avons 60 logements qui attendent juste d’être raccordés au réseau d’assainissement, alors que deux cents (200) autres sont en attente de leur lancement, l’entreprise est retenue. Nous avons en sus à réaliser trente (30) autres, délocalisés de la commune de M’Kira et que nous avons décidé de prendre en charge au vu de l’espace disponible. Il faut citer encore le LSP avec 20 logements non lancés et dix-sept (17) autres en voie de réalisation.

Et le secteur de la santé ?

La réalisation d’un hôpital est attendue depuis longtemps par nos concitoyens. Néanmoins, la mise en service de la nouvelle polyclinique a été d’un grand soulagement non seulement pour les citoyens de notre commune mais également ceux des communes avoisinantes comme M’Kira, Draâ El-Mizan, Chabet-El- Ameur et Timezrit (Boumerdès) ou encore Kadiria (Bouira). Cependant, le manque flagrant de médecins spécialistes se fait sentir et nous n’avons pas manqué, depuis son ouverture, de le rappeler à la direction de la santé publique (DSP). En ce qui concerne la périphérie, nous avons entrepris la réfection et la réhabilitation du centre de santé de «Halouf» et bientôt nous passerons à celui du hameau «Les Ouali». Sinon, nous regrettons que notre localité ne dispose toujours pas de spécialistes tant au niveau de la polyclinique que dans le privé, hormis les dentistes et l’installation, dernièrement, d’une pédiatre. Pour toutes les autres spécialités, nos malades doivent se déplacer vers d’autres localités, ce qui leur occasionne des dépenses supplémentaires.

L’éducation ?

Avec les excellents résultats obtenus par nos élèves aux différents examens, nous ne pouvons qu’être satisfaits sur ce plan. Il faut souligner au passage toute l’importance que l’Etat accorde à ce secteur. Nous sommes néanmoins confrontés à un gros problème concernant le ramassage scolaire. Nos moyens sont en effet très limités car nous ne disposons que de quatre bus. Ce qui fait que nous devons faire face au diktat des transporteurs privés. Pour l’enseignement primaire dont nous avons la charge, il nous manque seulement à doter deux écoles de cantines scolaires, à savoir celles de Meddah et Tiachache, dont les consultations ont déjà été lancées. Pour l’école chahid Mohamed Allel, qui avait connu un début des travaux en 2013, le chantier va reprendre bientôt, ainsi que l’opération finition du bloc scolaire comprenant quatre (4) classes qui sont en cours. Pour l’école primaire chahid Mouloud Slimani d’Ouled Meriem, 450 millions ont été dégagés pour la réalisation d’un nouveau bloc scolaire comprenant 4 classes. En parallèle, nous avons entamé dernièrement une opération pour l’alimentation de toutes les écoles primaires en gaz naturel et nous avons d’ores et déjà acquis plus de quatre-vingts (80) appareils de chauffage à gaz.

L’aménagement urbain est complètement ignoré au niveau de la municipalité par rapport à d’autres chefs-lieux communaux voisins. Pourquoi ?

Il est vrai que depuis notre installation, presque rien n’a été entrepris dans ce cadre, mais il faut savoir que l’aménagement urbain est du ressort de la direction de l’urbanisme, c’est à dire la DUC qui avait retenu pas moins de huit (8) projets, notamment l’éclairage public, l’aménagement des trottoirs et bordures, l’AEP et la voirie. C’est un chantier qui devait s’étaler de janvier 2015 au mois de février 2017. Mais malheureusement, rien n’a été fait jusqu’à ce jour, bien qu’une enveloppe financière de 27 milliards avait été allouée.

Entretien réalisé

par Essaid Mouas

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