Rencontre internationale sur «les états mixtes»

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C’est autour du thème «Les états mixtes : De Krapelin… au DMS 5» que se sont articulées les 17es journées de psychiatrie, organisées le week-end écoulé par le CHU Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou, en collaboration avec l’EHS en psychiatrie Fernane Hanafi.

Plusieurs spécialistes venus de l’étranger et de différentes wilayas du pays ont participé à la rencontre. Des communications autour du thème ont été animées. «On en est aux 17es journées. Cela fait 17 ans qu’on organise cet événement et le grand mérite est que ça dure encore. Car ce n’est pas facile. Ça nécessite beaucoup de moyens et d’organisation. On a reçu cette année quatre spécialistes venus de l’étranger, à savoir Pr Ferry, Pr Patrick Martin et Dr Benbacha venus de France. Un autre spécialiste est venu de Tunisie, en plus de ceux qui sont venus des différents coins du pays», dira le Pr Ziri DG du CHU Neddir Mohamed, en soulignant le rôle important qu’a notamment joué dans la formation le Pr Ferri, qu’il a qualifié «d’ami de l’Algérie». Pour l’occasion, il lui a rendu un hommage : «Il s’est battu pour baptiser un service en France du nom du Pr Boussebssi», a indiqué le DG du CHU. Pour ce qui est du choix du thème, il a précisé qu’il est à la fois «d’actualité et difficile à diagnostiquer. Ces journées ont pour objectif de former nos spécialistes, médecins et résidents. C’est une occasion d’échanger les expériences». Dr Benbacha, venu du France, a accentué son intervention sur «les états mixtes et antidépresseurs». «Un état mixte est un état où cohabitent les symptômes dépressifs et maniaques ou hypomaniaques», expliquera ce dernier. Dans son intervention, il a souligné que sur le plan théorique les antidépresseurs sont contrindiqués dans les états mixtes, contrairement à la pratique où la prescription des antidépresseurs en France est quasi systématique. A cet effet, Dr Benbacha a souligné que : «Lors de la prescription d’un antidépresseur, il faut être très vigilant et bien connaître l’histoire du patient, sans oublier que les états mixtes sont un facteur de risque suicidaire», a-t-il averti. «Dépression récurrente et retour au travail» est un autre des thèmes traités, durant la première journée de ce colloque international. Pr Bessedik, Dr.Y. Sadouki, Pr.Y. Bouguermouh, Pr. M.A. Bencharif du Service de psychiatrie légale, EHS Frantz-Fanon, Blida ont traité ce sujet sensible sous plusieurs ongles, à commencer par les différents motifs de la dépression. Sur ce sujet, les spécialistes ont parlé notamment de causes physiques, de problèmes relationnels, de problèmes au travail, mais surtout de fréquentes combinaisons de plusieurs causes, ont-ils indiqué.

Sensibilisation pour briser le tabou…

Les gens qui sont dans cette situation tardent à demander de l’aide, ce qui rend les choses plus difficiles : un isolement social et des difficultés de concentration en résulteront selon les intervenants. S’agissant de la possibilité de demander un arrêt de travail dans ces cas, les spécialistes ont expliqué : «En cas de dépression, un arrêt de travail peut être prescrit par le médecin», mais «ne pourra pas durer longtemps», ont-il précisé, car selon eux «le travail peut en cela favoriser la guérison». Par ailleurs, un grand travail attend le malade après la reprise du travail. A ce stade, plusieurs paramètres rentrent en considération pour lui permettre une bonne réintégration : «Une fois rétablies, ces personnes retrouvent en général l’envie de reprendre le travail», ont-ils expliqué en précisant que «il est préférable d’encadrer soigneusement la transition entre l’incapacité et le retour au travail, pour que la reprise se déroule le plus harmonieusement possible. Une concertation avec le chef de service est importante, mais trop rarement organisée», regrettent les spécialistes. En outre, les conférenciers ont insisté sur le rôle que doit jouer l’environnement des malades durant la période de reprise : «Les contacts sociaux avec les collègues sont primordiaux, une bonne relation avec ces derniers facilitera la réintégration». Les intervenants ont appelé en conclusion à la sensibilisation «pour Briser les tabous et améliorer les connaissances, ce qui permettra de reconnaître plus rapidement les signes avant-coureurs et de gagner du temps». Une aide plus précoce et une intervention plus rapide en cas de dépression peuvent éviter l’incapacité de travail ou raccourcir la période d’absence. En outre, les conférenciers ont insisté sur l’importance et le rôle que joue l’entourage proche de ces personnes durant une dépression : «Il est important de pouvoir compter sur quelques personnes de l’entourage immédiat (partenaire, parents, amis) qui peuvent apporter compréhension et soutien et sur qui on peut s’appuyer à tout moment». Sans oublier le rôle du médecin dans l’encadrement et le suivi du patient pour assurer une meilleure transition.

Kamela Haddoum

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