Il suffit d’une virée en voiture à travers quasiment tous les villages de Maâtkas et de Souk El-Ténine pour s’apercevoir du pullulement sauvage des ralentisseurs, au niveau de tous les chemins vicinaux.
Ceux-ci commencent sérieusement à soulever des remous parmi les automobilistes. C’est vrai qu’ils poussent comme des champignons et quelques fois là où on les «attend» pas, à savoir sur les pistes agricoles et autres chemins moins fréquentés, sur les chemins de wilayas et quelques fois même sur les routes nationales. La prévention tourne quasiment à l’excès et à l’abus. Il faut dire que les dégâts qu’occasionnent ces masses de béton aux véhicules ne sont pas insignifiants. «S’il est vrai que la recrudescence de la violence routière a été particulièrement meurtrière ces dernières années en Kabylie, où plusieurs accidents mortels ont été comptabilisés, il n’en demeure pas moins que ce n’est pas la réalisation de ces ralentisseurs, loin de répondre aux normes techniques, implantés ça et là qui pourraient juguler ce dramatique phénomène», estime un automobiliste de Souk El Tenine. Ainsi, c’est quasiment tout le monde qui s’arroge le droit d’ériger des “dos-d’âne”, là où l’on les juge nécessaires. Pourtant, seuls les services techniques des travaux publics demeurent habilités à réaliser des ralentisseurs, car ils sont les seuls à maîtriser techniquement ces ouvrages. Aujourd’hui, les automobilistes ne rouspètent pas tous et toujours face à cet état de fait, mais ils dénoncent la qualité de ces “dos-d’âne” qu’ils appellent avec un brin d’ironie “dos de chameau”. “Honnêtement, c’est de l’aberration, certains véhicules ne peuvent pas franchir ces petites montagnes de béton sans endommager leurs châssis, pots d’échappements… Qu’ils réalisent des ralentisseurs dignes de ce nom !”, se plaint un usager de Souk El Ténine. C’est dire, enfin, que la prévention contre la violence routière ne se résume pas exclusivement à la réalisation de ralentisseurs. «Il est plutôt impératif de se pencher sur les vrais facteurs de ce terrorisme routier qui place notre pays dans un sinistre classement mondial en la matière», lança un autre usager. Et à un autre de renchérir : «A l’heure, nous n’avons pas encore vu de sérieux débats sur ce sujet. Ni les pouvoirs publics, ni la société civile n’en ont organisé des initiatives, à l’exception, peut-être, de cette timide campagne de sensibilisation tenue dans les médias publics».
C. A.