Si El Hachemi Assad, Secrétaire Général du Haut Commissariat à l’Amazighité, a animé une conférence mercredi dernier à Béjaïa, pour la célébration du 100ème anniversaire de la naissance de Mouloud Mammeri.
C’est dans la salle de conférence de la bibliothèque principale de Béjaïa que s’est déroulée cette conférence. El Hachemi Assad était accompagné du cinéaste oranais Bensalah, de Abdelmadjid Bali, ancien de la chaîne II et de Laazaoui venu d’Illizi.
Selon le SG du HCA, «la préparation de cet événement a duré une année. La célébration du 100ème anniversaire de Mammeri se prolongera tout au long de l’année 20017. Plusieurs manifestations ont été prévues à cet effet dans plusieurs wilayas. La présidence de la République en assure le Patronage, eu égard à la grandeur de Mouloud Mammeri qui est devenu incontournable dans l’histoire de la recherche anthropologique sur la question amazighe dans notre pays et au niveau international».
Cet événement a été organisé sous la responsabilité d’un comité scientifique et avec la participation de plusieurs institutions tels le ministère de la Culture, les walis de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Illizi, Oran, la wilaya déléguée de Timimoun, l’ANEP, l’APS, la radio et la télévision algériennes, et les institutions universitaires. La semaine dernière a connu l’organisation du 15ème festival de poésie amazighe organisé à Adrar Nefadh, dans la commune d’Aït Smail à l’Est de Béjaïa.
Le HCA compte ainsi parrainer le jumelage d’amitié entre cette commune et celle d’Illizi. Il compte accompagner l’organisation du Festival national de poésie amazighe qui se déroulera à Illizi et éditera une anthologie sur la production d’Adhrar Nefadh. Il compte également procéder à la collecte de documents relatifs à Mouloud Mammeri qui seraient disponibles à Béjaïa.
En tout, il y aura treize manifestations qui auront lieu pour célébrer le centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri, au niveau national. Il cite notamment, une manifestation prévue à Aït Yenni, puis à Médéa en avril prochain, ensuite à Oran les 13 et 14 mai pour discuter de l’adaptation cinématographique des œuvres de Mammeri.
En juin, il y aura la tournée théâtrale d’une pièce de Youcef Necib, puis une caravane avec bibliobus, accompagnée par les meilleurs étudiants en tamazight durant l’été, qui sillonnera différentes Maisons de la culture. Enfin, et à l’occasion du prochain Salon International du Livre d’Alger, un colloque international sera organisé avec la participation de personnalités du monde de la culture et des sciences sur «L’apport de Mammeri à la connaissance de tamazight».
D’autres événements sont également prévus, tels l’émission d’un timbre postal de cinquante dinars en tamazight et un autre grand événement à Timimoun pour la dernière semaine de décembre prochain. Le 20 avril prochain à Alger, aura lieu la réédition d’œuvres de Mouloud Mammeri sous forme de coffret incluant des titres comme La colline oubliée et l’opium et le bâton.
Il y aura aussi la traduction en tamazight de certaines de ses œuvres. Un doublage en tamazight du film d’Ahmed Rachedi, L’Opium et le bâton, adapté du roman éponyme sera confié à Samir Ait Belkacem. El Hachemi Assad a enfin annoncé le lancement pour ce 20 avril, du site web www. Mammeri.dz. À terme, ce site est appelé à devenir un véritable portail de la culture amazighe.
Le Secrétaire Général du HCA est fier d’annoncer l’engagement du ministère de l’éducation nationale qui a instruit les quarante-huit wilayas de consacrer la journée du 18 avril prochain à Mouloud Mammeri pour les trois niveaux, primaire, collège et lycée. Durant cette journée, les établissements scolaires devront parler du célèbre écrivain et lire des passages de son œuvre pour le faire connaître aux jeunes générations.
Science, cinéma et poésie
Pour Abdelmadjid Bali, président du Comité de coordination et d’encadrement scientifique de l’événement, le travail de préparation de cet événement a été empreint de rigueur et d’objectivité dans sa démarche, sans aucune interférence de qui que ce soit. «Il y a encore beaucoup à faire pour le développement de tamazight et les sujets ne nous font pas peur.
Il faut cependant les confier à des spécialistes», a-t-il déclaré. Il a cité, entre autres, la normalisation des instruments linguistiques, la question de la graphie et il a averti qu’il ne fallait pas sombrer dans la facilité. Quant à Bensalah d’Oran, cinéaste et auteur d’un long métrage qu’il compte doubler en tamazight, parlant de Mouloud Mammeri, dira : «Un homme de cette dimension ne meurt pas. Il faut continuer son œuvre. Il faut sortir de l’ombre, raviver les mémoires… Il y a aussi d’autres personnes de cette envergure comme Azzedine Meddour et Abdelkader Alloula».
Les journées cinématographiques qui seront consacrées à l’œuvre de Mammeri à Oran ne seront pas réservées aux spécialistes mais au grand public qui est invité à découvrir ou à redécouvrir ce personnage. «Nous sommes en pleine léthargie à l’Université», a-t-il ajouté, déplorant l’absence de lecture chez nos étudiants.
Cet événement a donc pour objectif de les y intéresser. Le représentant des associations d’Illizi, Laazaoui, a, quant à lui, rappelé la période durant laquelle Mammeri a vécu à Illizi, devenant un de ses habitants. «Mammeri est l’un de nous en tant qu’Amazigh», a-t-il déclaré. Pour le festival de la poésie amazighe qui s’y prépare, 122 poètes ont participé aux préparatifs et 80 ont été sélectionnés pour le récital poétique que le HCA s’est engagé à accompagner.
N. Si Yani