Entretien avec Mme Bendjelid Faouzia

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La Dépêche de Kabylie : Où situer l’idée d’écriture de la rupture chez Rachid Mimouni ?ll Mme Bendjelid Faouzia : Une telle option chez Rachid Mimouni ne peut être conditionnée que par deux facteurs : sur le plan universel, il y a eu surtout à partir de 1950 l’apparition du nouveau roman remettant en cause les conventions traditionnelles de l’écriture romanesque de type balsacien, voire réaliste. Sur le plan maghrébin, il y a l’influence de l’œuvre de Kateb Yacine : “Nedjma”. Ce roman est un texte littéraire moderne. Dans la même sphère culturelle maghrébine, on a vu aussi l’influence de groupe de poètes marocains. Parmi ce groupe ayant crée la revue Souffle, l’on retrouve Driss Chraïbi, Tahar Bendjeloun et Abdelkrim El Khatabi qui ont opéré une révolution dans l’écriture du texte maghrébin : transgression du fond et de la forme de l’écriture de manière générale.

Pourquoi l’écrivain choisit-il ce type d’écriture ?ll L’idée de rupture germe (nécessairement) dans l’esprit de l’écrivain qui a sa propre vision du monde, son idéologie, sa propre méthode de réflexion, sa manière de poser les problèmes de sa société… Mimouni n’a-t-il pas dit qu’il est un écrivain de la rupture, un éveilleur de conscience. Ses positions sont claires : “Je refuse la docilité et toute pression de l’idéologie dominante”.

Quels sont les éléments principaux qui font apparaître l’idée de rupture chez Mimouni ?ll En interrogeant ses textes, l’on relève chez cet écrivain deux options : il est pour la linéarité et la transparence dans certaines œuvres où “ses” personnages dénoncent l’ordre social. Dans d’autres romans, surtout sa trilogie — “Le fleuve détourné”, “Tombeza” et “L’honneur de la tribu”. L’auteur fragmente le texte, perturbe la lecture linéaire à laquelle aspire tout lecteur ordinaire. Et là, Rachid Mimouni déclenche l’effort de réflexion du lecteur et donc forcément la contribution de celui-ci.L’auteur, en faisant éclater ses textes (non respect de la linéarité) remet en cause les conventions littéraires traditionnelles. Il déstructure le schéma narratif traditionnel, fait éclater et le temps et l’espace, tout en donnant la parole à “ses” personnages qui dénoncent la déconnexion de la réalité.Il y a une bonne place à l’évènement. Et l’auteur recourt à la redondance.L’on peut conclure aussi qu’aucun roman chez Mimouni ne ressemble à un autre. Mais en gros, dans l’aspect de transparence et de linéarité, son écriture ne déstabilise pas le lecteur en quête de sens immédiats. Mais, l’on constate surtout dans son roman “Une peine à vivre” la destruction de la linéalité, la contiguïté de discours variés, la multiplication des voix, l’enchassement des récits. Le roman précité signe réellement la naissance de son écriture de la rupture. Son style est bouillonnant, son écriture est inconstante.

Pour conclure ?ll L’écriture romanesque de Mimouni est très dure à saisir et à analyser. Mais la parole dénonciatrice de l’ordre social y est clairement mise en relief.

Salim Haddou

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