Le visiteur qui veut se payer un brin d’évasion en se hasardant sur les quais du port d’Azeffoun doit s’acquitter de 50 dinars à l’entrée. C’eût pu être de bon aloi si l’œil pouvait s’offrir quelque tableau pittoresque sur ces eaux calmes où tanguent des barques, yachts que survolent les mouettes. Le port d’Azeffoun, dès qu’on y pénètre, vous exhibe ses monticules de terre, de pierres de part et d’autre de sa route parsemée de crevasses. Une image lugubre digne des films d’horreur qui imprime au visiteur, venu se délasser, un sentiment d’abandon. «Un demi-siècle pour en arriver à ce hideux paysage portuaire ! Les cafés et les restaurants n’attirent plus les gens. La saison estivale arrive à grands pas et si aucun aménagement n’est entrepris, nous risquons d’aller voir ailleurs pour rentrer dans nos frais», tempête un tenancier qui dit ne rien comprendre à cette situation chaotique. L’entreprise en charge de la gestion du port n’a trouvé mieux pour éloigner tout curieux que d’imposer une entrée payante. Donc pour admirer un éternel chantier, il faut que le visiteur véhiculé mette la main à la poche. «Heureusement que la sortie de ces funèbres lieu ne soit pas soumise à rançon», ironise un citoyen désarçonné par la vue apocalyptique qui vient de l’horrifier. Le port de Tigzirt, beaucoup plus récent, offre, quant à lui, toutes les commodités pour les familles et un cadre agréable des plus reposants. Il n’a été pourtant entamé que lorsque la digue et le quai du port d’Azeffoun ont été achevés. Le président Boumediène qui y avait jeté un caillou en octobre 68 pour annoncer sa réalisation y avait peut-être jeté aussi un sort ! Car on ne voit que des amas de pierres et de terre tout au long du chemin qui mène au bassin de… plaisance.
Ali B.
