La ville de Bgayet regorge de topographie historique et de lieux de mémoire aux résonances multiséculaires.
Elle recèle des vestiges de toutes les dynasties qui s’y sont succédé, depuis les Romains jusqu’à la colonisation française. Le moyen âge est représenté par le Fort Abdelkader, la Casbah et Bordj Moussa, lequel coiffe les traces d’un palais hammadite de construction espagnole. De la même période médiévale subsiste aussi le Fort Gouraya et deux portes (Fouka et Sarrasine). Le cœur de la ville est truffé d’empreintes, de forts, de murailles, de fortins et une multitude de mosquées comme Sidi Touati, Sidi Sofi, Sidi Mouhoub et Sidi Mohand Amokrane. Certains monuments ont miraculeusement survécu à l’érosion des siècles et restent relativement bien conservés. D’autres, en revanche, dévoilent un aspect souffreteux et des dégradations, dues essentiellement à des infiltrations d’eau et à des mouvements de sol. À hauteur de l’ancienne citadelle qu’est la Casbah, la désolation du bâti, supposé être pris en charge dans le cadre du plan de sauvegarde permanent, donne un pincement au cœur. Les dégradations qui affectent les bastions sont si patentes qu’elles appellent une restauration d’urgence. Un haut-le-cœur ne fait pas moins tressaillir le visiteur, lorsque son regard balaie le mont Gouraya. C’est une bâtisse brinquebalante, dont la toiture part en lambeaux et dont les parois menacent ruine. Le patrimoine de l’ancienne ville, dont la majorité du bâti est occupé par des familles, n’est pas mieux loti. Les sites, dont l’architecture crie sa peine, nécessite une prise de conscience et une adhésion pleine et entière de leurs occupants, avant d’entrevoir une quelconque opération de restauration. Tous ces monuments historiques, qu’on a de cesse de dire que leur mort est programmée, mérite sans doute un meilleur sort. L’outil de gestion de ce patrimoine, à travers le plan de sauvegarde permanent de la ville, pourra-t-il relever le défi ? Rien n’empêche de l’espérer.
N Maouche.