Thaghediwth ou le chardon d’Espagne, ou encore le scolym qui ne se vendait à une époque que dans les contrées éloignées de la campagne, a fait son apparition cette année sur les marchés des villes de montagne, telle Ain El Hammam. Etalée timidement, au départ, elle a fini par s’imposer au milieu des autres légumes et surtout à des prix défiant toute concurrence. Pour préparer un bon couscous avec thaghediwth, le consommateur doit acheter trois à quatre bouquets à raison de 150 dinars l’un. Trop cher, surtout pour des habitants habitués à en consommer sans dépenser le moindre sous. «C’est le manque d’eau et de travail des jardins qui en a fait un produit de commerce» rappelle un vieil homme pour qui c’est un signe qui préfigure de «la fin du monde». Appelés aussi «scolym» les chardons d’Espagne ou chardons, tout simplement, est une plante très prisée chez les habitants de Kabylie qui la consomment en cette période. Cuite avec des pois chiches et des fèves et agrémentée de viande, elle est ensuite mélangée au couscous. Très apprécié des fins gourmets qui ne l’échangeront pour aucun autre un plat au monde, «sksou tghediwth» se déguste en cette saison. Dans tous les potagers familiaux, il y a un coin réservé à cette plante. Elle pousse généralement au début de l’automne et à l’arrivée des chaleurs elle commence à fleurir et à durcir. Ses fleurs jaunes dont les graines font le bonheur des chardonnerets, sont visibles de loin dans tous les champs de la région. Sans aucun soin particulier, elle pousse également dans les fossés et ses graines éparpillées par le vent poussent sauvagement, en bouquets dans les champs. Il fut un temps où par souci d’économie et afin d’éviter des dépenses en légumes, des familles se rabattaient sur Thaghediwth, qu’elles mangeaient régulièrement. Voici venu le temps où cette plante est devenue un luxe. «Si vous en avez, donnez-en à ceux qui n’en possèdent pas. Ils vous seront reconnaissants», indique le vieil homme.
A. O. T.
