(1re partie )
Amachahou rebbi ats iselhou ats ighzif amechth ou sarou. (Que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil.)L’amour rend aveugle et c’est vrai, si l’on prend comme référence ce conte du terroir édifiant à plus d’un titre.Jadis, vivait dans une contrée montagneuse un couple de paysans. Cela fait des années qu’ils se sont unis, mais aucun enfant n’est venu égayer leur foyer. Au fur et à mesure qu’ils avancent en âge, ils redoutent de mourir sans laisser de progéniture. “Gad’en ad’ emthen d’imeng’ ou ren”.Mourir sans enfant pour un paysan ou pour tout être humain, c’est la pire des punitions (punition divine s’entend !). Le couple est désespéré. Leurs lopins de terre, leur demeure et tout ce qu’ils possèdent changeront de mains. Ils iront aux cousins. Cette perspective ne les enchante guère, ils vivent un enfer sur terre. En proie au désespoir, ils se replient sur eux-mêmes en attendant la mort. Mais comme tout vient à point à qui sait attendre, un jour, la femme sent la vie tressaillir dans ses entrailles. Elle saute de joie et informe aussitôt son mari. Depuis ce jour, l’épouse est invitée à se préserver jusqu’à la naissance du nouveau-né. Au bout de neuf mois, un joli poupon voit le jour. Le garçon tant attendu est choyé, couvé et alimenté avec des mets raffinés. Protégés par ses parents, il grandit à l’abri de tout danger.Rebbi d’eg g’ennniNetsa d’ilqaâig dhlev ad illiSes pouvoirs sur ses parents sont illimités, il leur demande ce qu’il veut et il est servi. En croyant bien faire, en se montrant débonnaires à l’excès, ils ont contribué à faire de leur enfant un être capricieux, arrogant et intransigeant. A l’âge de seize ans, muni de son arc et de ses flèches, il part à la chasse dans les champs. Sur son chemin, il trouve errant une fille d’une très grande beauté, aux cheveux noir de jais. Il est ébloui par tant de grâce et de splendeur. Dès qu’il lui adresse la parole, il est subjugué. Il en tombe amoureux. Il lui demande de l’accompagner chez lui. Présentée à ses parents, il désire se marier avec elle sur le champ. Son père refuse une telle union. Il lui dit : “zouadj g-ibbas, ilaq as akhemem ousougas”Le mariage est une chose très sérieuse qu’on ne doit jamais prendre à la légère. Il faut beaucoup réfléchir.L’adolescent gâté à outrance est mécontent du refus de ses parents. Ils s’opposent à ce que leur unique garçon se lie à une inconnue, dont on ne connaît rien. La beauté n’est pas le seul critère à rechercher chez une fiancée. Il y a tellement de filles dans la famille et chez des amis, qui peuvent faire de bonnes fiancées.L’adolescent refuse toutes les propositions. Il ne veut faire que ce qu’il désire. Il tombe en désaccord avec ses parents et les quitte, malgré leurs lamentations et leur gros chagrin. Il voulait s’unir à la fille errante, contre vents et marées, il fait selon sa volonté.Il part avec la jeune fille par monts et par vaux. Un jour, il arrive avec elle, près de la demeure de “Amghar Azemni” (le vieux sage) qu’il connaît pour être venu le voir avec son père à plusieurs reprises. Il lui présente son épouse. Amghar Azemini la toise du regard, il tressaille. La jeune femme lui donne un malaise et un haut-le-corps. Il détourne ses yeux, prend le jeune homme en aparté et lui dit :
Benrejdal Lounes (A suivre)