Quand l’Algérie reconnaît les siens

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S. Ait Hamouda

La distinction du mérite nationale au titre d’Achir et d’Athir décernée post mortem ou de leur vivant, à des hommes de lettres, de l’art, des académiciens, selon le décret présidentiel publié dans le journal officiel N° 20, est un geste d’une portée hautement symbolique de la patrie à l’endroit de ses enfants les plus créatifs, les plus généreux de par leurs talents et c’est le moins que l’on puisse dire. En effet,la distinction des Mouloud Mammeri, Nabhani Koribaa, Djamel Amrani, Chabane Ouahioun, Amar Ait Zai (Amar Ezahi), Ait Menguellet, Yamina Mechakra, Mohamed Slim Riad, Akli Yahiatene et tant d’autres, ne peut qu’exprimer la reconnaissance d’une nation fière de l’apport des siens au patrimoine humain, au-delà de l’Algérie et au-dedans du vaste «polygone». «Le temps n’est plus où une culture pouvait se tuer dans l’ombre, par la violence ouverte et quelquefois avec l’acquiescement aliéné des victimes», écrivait Mammeri et ô combien il avait raison. Il avait entrepris de décoloniser l’anthropologie, de libérer la linguistique et de rendre à Tamazight ses lettres de noblesse. Ait Menguellet lui, avait chanté dans des tempos justes et austères cette langue dans laquelle il avait «poémé» la vie de tous les jours, de tous les instants, sans jamais la trahir, sans douter ne serait-ce qu’un instant des capacités fédératrices de tous les Algériens. Yamina Mechakra, dont Kateb Yacine avait dit «chez nous une femme qui écrit vaut son pesant de poudre» est une écrivaine et psychiatre «aurésienne» qui a décrit dans son roman «La grotte éclatée» les maquis de la liberté de la manière la plus nue, la plus crue et la plus belle. Que nous soyons fiers ou pas de cette reconnaissance qui leur est due par leur pays, nous sommes astreints à leur tirer chapeau bas, pour leur mérite, leur talent, leur altruisme et leur disponibilité de tous les instants à servir leurs compatriotes.

S. A. H.

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