Bouderbali sur la tombe de Tahar Djaout

Partager

Le wali Mohammed Bouderbali a lancé officiellement, hier, les festivités commémoratives du 20 avril 1980 à partir du village Cheurfa, dans la commune d’Azeffoun, au nord de Tizi-Ouzou. Le wali et sa délégation ont été accueillis par les villageois de Cheurfa et les autorités locales. La placette du village grouillait de monde.

Bouderbali a été gratifié de cadeaux symboliques, une jarre en poterie et des bouquets de fleurs fraîchement cueillies par les villageois qui fêtaient aussi le début du printemps. Les vieilles du village, elles, ont souhaité la bienvenue au wali à leur manière, en interprétant des chants traditionnels et révolutionnaires.

Un sage du village disait à l’adresse du wali : «Nous avons la meilleure jeunesse du monde. Ils se sont mobilisés trois jours durant pour l’organisation de cette fête». De son côté, le wali rétorqua : «En effet, nous avons une jeunesse merveilleuse et il faut la préserver et la canaliser en l’imprégnant de valeurs algériennes.»

En ouverture, le président du comité de village indiquera dans son intervention : «Nous sommes doublement heureux car nous fêtons l’anniversaire du printemps berbère et le début du printemps, mais aussi pour être terre d’accueil au wali et de sa délégation qui ont choisi de lancer officiellement les festivités commémoratives du printemps amazigh à partir de Cheurfa, notre village.

La région d’Azeffoun est connue à l’échelle nationale non seulement par son apport à la révolution de novembre, mais aussi pour avoir enfanté des hommes et des femmes de culture et de savoir, à l’image du petit Omar, Yacef Saadi, Hnifa, El Anka, Tahar Djaout,… la liste est encore longue. Nous remercions tous ceux qui ont participé à l’organisation de cet événement. Nous tenons également à honorer la mémoire de tous ceux et celles qui ont payé de leur sang la libération du pays et l’aboutissement de la revendication amazighe. Les enfants de 80, ceux de 2001 et tous les autres seront toujours vivants dans nos cœurs et nos esprits car sans leur combat, nous ne serons pas là aujourd’hui.»

«Tamazight est un élément constituant de l’identité algérienne»

Dans son discours, le premier magistrat de la wilaya de Tizi-Ouzou s’est dit «heureux d’être à Cheurfa.» «Azeffoun est une région qui a donné de grands hommes à la nation : Tahar Djaout, Iguerbouchène, El Anka, Hilmi, Fellag, pour ne citer que ceux-là.

Azeffoun requiert des vestiges historiques qui montrent que la région a toujours été un tournant important dans la vie de la nation. On se rencontre aujourd’hui à Cheurfa pour accueillir le printemps et pour célébrer officiellement le printemps berbère. Tamazight est le socle de l’unité et de l’identité nationales.

Le 20 avril 80 est une date historique, c’est pourquoi nous la fêtons aujourd’hui (hier ndlr) à Cheurfa dans une ambiance festive. La dimension amazighe est un élément constituant la personnalité et l’identité nationales», soulignera l’hôte de Cheurfa. Et d’ajouter : «L’Algérie ne nie pas ses origines culturelles, historiques et économiques.

L’Algérie a accordé à tamazight la place qui lui revient de droit. Elle est consacrée langue nationale puis officielle. Cette consécration n’est pas tombée du ciel mais les sacrifices consentis par les militants ont été pour beaucoup. Le 20 avril ne doit pas être oublié, il faut en tirer des leçons et nous permettre à travailler pour aller de l’avant et gagner d’autres étapes pour donner à la langue amazighe les moyens de s’imposer.

Il faut dire que de très belles choses sont déjà faites. D’ailleurs à l’occasion, je salue le HCA pour tout le travail accompli et un grand salut aux chercheurs et aux écrivains qui continuent à travailler avec cette langue. Le plus grand hommage revient toujours à Mouloud Mammeri qui a ouvert le chemin. Mammeri était un intellectuel, un anthropologue et un homme de culture sincère et infatigable.

Que Dieu l’accueil dans Son vaste Paradis. Tahar Djaout, l’enfant d’Oulkhou, un homme que nous n’oublions pas et que nous allons aussi honorer en nous recueillons sur sa tombe. Le travail qui nous attend est encore pharaonique pour assurer la promotion de la langue amazighe.» Sur cela, le wali Bouderbali lance les festivités : «J’annonce officiellement le début des festivités commémoratives du printemps berbère», lancera-t-il.

Après d’autres interventions, notamment celle du recteur de l’université Mouloud Mammeri, place à la chorale d’Imaloussen d’interpréter des chants en langue française et amazighe. Les étudiants du département de français de l’UMMTO ont, également, lu le testament de Dda El Mulud. Un collégien de Tala Amara a, pour sa part, déclamé des poèmes montrant l’attachement des Kabyles à leur terre et au travail agricole.

Le wali et l’ensemble de sa délégation se sont, par la suite, rendus dans un verger pour planter un arbre et cueillir des fleurs comme pour accueillir le printemps. Une sympathique collation a été offerte à l’ensemble des présents. La seconde escale n’est autre que le village d’Oulkhou où se repose à jamais l’illustre écrivain et journaliste Tahar Djaout, assassiné par les hordes terroristes le 26 mai 1993. Des gerbes de fleurs ont été déposées sur sa tombe, dans une ambiance de recueillement.

Hocine T.

Partager