Nadia, Amar et Boussad sont tous des artisans bijoutiers. Ils aiment ce métier qu’ils exercent par pure passion. Nadia a un atelier à Azazga et un autre à Aïn Bessem. Quant aux deux frères Amar et Boussad, ils possèdent une bijouterie à Saharidj. Les trois artisans ont récemment participé à une exposition de l’artisanat traditionnel à Bouira. Rencontrés, ils ont bien voulu évoquer les ficelles de ce métier artisanal ancestral. Pour nos interlocuteurs, il y a une seule et même technique suivie dans la fabrication de bijoux notamment ceux en argent. Celle-ci est à la base et à l’œuvre partout. Ils la formulent ainsi : «Vous prenez un lingot d’argent. Vous l’aplatissez de manière à en faire une feuille de quelques millimètres d’épaisseur. Vous choisissez aussi la largeur, selon la largeur du bracelet large. Puis vous tirez le fil à la machine. Il en a plusieurs : le fil rond, le fil demi-rond et le fil fin. Vous les posez sur la plaque (ou si l’on veut sur la feuille) et vous les fixez avec le chalumeau. Vous l’avez votre bracelet à la machine. Ensuite, vous soudez les ‘’cages’’ serties de corail et les petites boules. Et votre bracelet est fini.» Il y a une soixantaine de modèles connus par nos interlocuteurs. Ceux exposés aux stands en offrent quelques échantillons. L’ «Amchelugh» est le plus représentatif de cette gamme. Mais il y a autant de bracelets que d’âges pour les porter. L’on a aussi ceux qui nous viennent de temps très anciens avec des motifs et des couleurs, des bracelets lourds et que le savoir-faire copie avec une fidélité admirable. Nos interlocuteurs diront qu’il y a ceux qui tentent de mettre ces bijoux au goût du jour, en misant sur la légèreté et l’élégance, tout en conservant les schémas traditionnels. «Nos bijoutiers font autant appel à leur mémoire, qui garde intact l’enseignement reçu par les ancêtres, qu’à leur fantaisie qui fait en l’occurrence preuve de fécondité et d’ingéniosité», dira Amar. La même méthode est employée dans la fabrication des parures. Les motifs adoptent les formes connues, le carré ou le losange sertis de corail, mais le savoir-faire personnel appose sur chaque objet sa propre marque de fabrique. Et c’est une joie de pouvoir contempler toutes ces d’œuvres auxquelles il faut ajouter les bagues, les colliers, les médailles, les broches, les fibules qui n’ont d’autres objectifs que de mettre en valeur la grâce d’un bras, d’un joli… par ailleurs, Boussad précise que le travail du corail nécessite une technique tout aussi intelligente, surtout qu’il est à éviter de gaspiller cette matière première «qui coûte les yeux de la tête». «On réutilise d’ailleurs les chutes pour faire des colliers et des parures. On les appelle ces «déchets» chutes ou résine», fait-il savoir. Sur la vitrine des frères Amar et Boussad à Saharidj, un compartiment entier est consacré aux bracelets et aux colliers en argent, corail ou résine. Le travail pour la fabrication des ces produits artisanaux est manuel, explique cet artisan. L’emploi des instruments, tels que les pinces (rondes, plates) brucelles, cisailles et des machines (laminoir, filière, barde, polisseuse) est indispensable et vient appuyer les techniques manuelles héritées des anciens. Au sujet de la filière, Amar explique : «La forme des fils est numérotée de 3 à 15. Vous voulez un fil plat ? Vous réglez votre machine sur le numéro 7. Vous voulez obtenir le fil essrou (fin fin), vous réglez sur le 4…». Nadia, pour sa part, se plaint de la ‘’crise’’ «qui, d’une façon générale, paralyse le commerce et empêche ses produits de se vendre sur le marché». Les frères Amar et Boussad, quant à eux, ne semblent pas trop souffrir de la conjoncture actuelle. Leur dernière participation au palais des expositions à Alger est toute récente. Un salon international qui se tient, pour rappel, chaque année du 23 au 29 mars.
Aziz Bey