Une conférence-débat a été animée, jeudi après-midi, par les universitaires Saïd Chemakh et Rabah Boucetta, au petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri, sous le thème: «La recherche scientifique amazighe : promotion et défi
Pour commencer, Saïd Chemakh a fait un bref aperçu sur les doléances des auteurs et acteurs du MCB qui ont déclenché les événements d’avril 1980 : «Le 25 janvier 1990, un rapport a été remis aux instances d’alors, demandant un institut de recherches pour la langue amazighe et c’était Matoub Lounès qui avait remis une copie du MCB au Parlement. Les dirigeants de l’époque, tant du ministère de l’Enseignement supérieur que du Parlement, nous avaient posé des conditions irrecevables pour nous, comme le remplacement de Salem Chaker par un autre, la transcription en arabe. Des conditions sur lesquelles nous n’étions pas d’accord avec nos interlocuteurs. En 1991, il y a eu, quand même, la création du département de langue et culture amazighes. Et en 2007/2008, deux autres furent ouverts à Bouira puis à Batna. Alger a vu la création de l’ENS et le centre d’enseignement intensif des langues, dont Tamazight, alors qu’à Oran, Tamazight figure dans le département des langues étrangères. Rien que ça !»
Pour le conférencier, les moyens nécessaires pour la recherche scientifique sont insuffisants. Il dira, avec une note d’appréhension : «À travers le monde, à l’horizon 2050, selon l’UNESCO, plus de 3 000 langues et dialectes disparaîtront, notamment celles qui sont toujours au stade de l’oralité et celles qui ne sont plus utilisées comme moyens de communication : journaux, TV, justice…»
Soucieux de cette situation, le conférencier avertit : «Nous avons un patrimoine matériel et immatériel qu’il faut préserver et promouvoir.» Et d’enchainer : «Le scientifique est là pour guider, conseiller et c’est à vous de faire ce qu’il faut.»
En matière d’encadrement, le conférencier avoue que les neuf docteurs d’État en Tamazight «sont insuffisants.» Aux quatre départements existants, «il est urgent d’en créer d’autres à Ghardaïa et à Tamanrasset et prévoir un budget conséquent aligné à celui de la langue arabe -protégée par toutes les instances car langue d’État- si volonté politique existe pour la promotion de la langue amazighe, à commencer par l’article 179 de la Constitution à revoir.»
De son côté, Boucetta Rabah, apporte sa touche personnelle: «Il y a des choses faites mais en deçà de nos espérances. Il faut continuer le combat et le chemin est long. Tous les dirigeants qui se sont succédé ont tenté de retarder la concrétisation de nos revendications : langue nationale et officielle. Avec la conviction, la persévérance, l’engagement de chacun et conformément au droit international, on ramènera nos ennemis d’hier à de meilleurs sentiments pour le bien de la nation algérienne. Il faut une solution urgente pour trouver un moyen de valider tous les travaux de recherche dans le domaine de la communication», dira-t-il. Et de conclure : «Il est urgent de mettre en place cette académie berbère.»
M. A. Tadjer