Le chantier de l’usine Iveco lancé hier à Bouira

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Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), M. Ali Haddad, s’est rendu hier matin au niveau de la zone industrielle de Sidi Khaled, dans la commune d’Oued El Berdi, pour assister au lancement des travaux de l’usine Iveco du groupe Ival.

Accompagné d’une forte délégation, dont M. Mohamed Bairi, le patron d’Ival, un exposé sur cette usine de montage a été présenté au président du FCE, qui s’est montré très intéressé par ce projet industriel capable de booster l’économie de la région et celle du pays. Le montant de ce projet, selon la fiche technique présentée sur place, est évalué à 3,415 milliards de dinars et s’étend sur une superficie de 100.022 m² et permettra la production de 4 000 véhicules par an. Prévu pour janvier 2020, le démarrage de l’activité conduira à la création de 750 postes d’emploi directs pour le montage d’utilitaires type Daily, des porteurs de type Eurocargo ou encore des tracteurs porteurs de type Trakker. Pas moins de 1 200 postes d’emploi indirects sont prévus également, notamment, avec la sous-traitance de la première monte, équipements de carrosserie et prestataires de services divers. Plusieurs produits sont ciblés à la sous-traitance nationale, à l’exemple des composants de la première monte qui sont entre autres les boîtes de vitesses, batteries, réservoirs, radiateurs, câbles et faisceaux électriques, vitrerie, sellerie, visserie et boulonnerie, pièces en plastiques et caoutchouc,… De même pour les produits de carrosserie telles les bennes basculantes, caisses frigorifiques, caisses conteneurs, plateaux ridelles, plateaux dépanneur, grue de levage ou encore bennes pour la collecte des ordures. M. Haddad révèlera lors de cette visite que ce projet est un acquis important pour l’Algérie : «En premier lieu, le projet Ival chargé de la construction de véhicules IVECO est une très belle opération qui gagnerait à être reproduite à travers tout le pays et pas uniquement ici. Surtout que le taux d’intégration dès le démarrage est à 35% alors que le cahier des charges du ministère de l’Industrie indique 40% après cinq années de réalisation du premier produit. Ici nous sommes à 35% dès le démarrage et c’est vraiment quelque chose d’important qui permettra d’amoindrir le transfert de la devise et cela se répercutera positivement sur le coût du véhicule qui sera entre 7 à 10% moins cher que le produit importé. C’est ce genre d’initiative et ce genre d’investissement que nous devons encourager. Je souhaite bonne chance à IVAL et j’espère que le taux d’intégration parviendra à 50, 55, 60% et qu’on arrivera d’ici 4 ou 5 ans à atteindre 50% d’intégration, ainsi nous aurons fait un pas important dans le secteur automobile», soulignera-t-il.

Début d’activité projeté à l’horizon 2020

Interrogé sur le retard enregistré sur le lancement de ce projet et le démarrage de cette activité prévu au début de l’année 2020, M. Ali Haddad déclarera : «Il faut qu’on dise les choses clairement. La construction n’est pas chose facile. Les projets, entre l’étude et les différentes étapes de réalisation, prennent du temps. Maintenant, nous construisons des usines intelligentes. Il y a beaucoup de technicité, beaucoup de câbleries qui sont intégrés dans ces usines. Ce n’est pas aussi facile de réaliser dans des temps très courts. Cela demande toujours des délais de 24 à 36 mois et parfois plus lorsqu’on trouve un terrain marécageux ou fragile qui est moins résistant. Cela nécessite un délai supplémentaire pour ce faire, mais l’essentiel est de construire dans les normes de l’art.» Des normes et des techniques toujours plus performantes, soulignera le président du Forum des Chefs d’Entreprises, en affirmant : «Nous, lorsque nous entamons un projet, c’est toujours avec la technique CKD, c’est-à-dire nous acheminons les éléments de la société mère qui maîtrise et qui dispose de la propriété de la marque et au bout de quelques années, les sous-traitants commenceront à fabriquer la pièce pour atteindre les 40 ou 50% du taux d’intégration.»

«Une belle opération qui gagnerait à être reproduite partout en Algérie»

Pour sa part, M. Mohamed Bairi, patron du groupe Ival, assure que la technique SKD revient plus cher que le CKD et c’est pour cela que le choix s’est imposé : «Nous avons décidé d’aller vers l’intégration et développer la sous-traitance et pour cela, nous avons préféré opter pour le CKD. Cela prendra un peu plus de temps mais nous permettra de démarrer sur quelque chose qui tient la route», estime M. Bairi, en affirmant : «Le transfert de technologie a fait l’objet de négociations de contrats avec le constructeur. D’autant plus qu’il y a le fait que le constructeur nous ait accordé la licence pour produire localement et pour exporter vers l’Afrique, car cette usine ne couvrira pas uniquement le marché algérien, mais servira au marché africain. D’ailleurs, nous lançons un appel à tous les sous-traitants qui souhaitent développer le secteur mécanique de l’industrie automobile. Nous disposons d’un cahier des charges que le constructeur nous a confié et les sous-traitants sont les bienvenus.» Ainsi, le patron d’Ival estime que cette démarche vise avant tout de mettre sur le marché des véhicules à moindre prix et moins chers que ceux importés, tout en développant la sous-traitance en Algérie. «Ce sont là nos objectifs et notre politique également pour réduire les coûts de production», notera-t-il. À titre d’exemple, il citera des composants pouvant être confiés à la sous-traitance, à l’image de la boite à vitesse ZF, la carrosserie, la benne, la nacelle, l’ambulance, le bus, le frigo. On apprendra, par ailleurs, qu’il existe des contacts avec des sous-traitants : «À Ival, on a déjà anticipé avec le forum des chefs d’entreprises en organisant une journée sur la sous-traitance et nous avons procédé à la sélection de ces derniers. Nous sommes en dialogue et en négociation avec les intéressés depuis déjà un an et demi. Cela a pris un peu de temps pour l’étude et la faisabilité de la chose et aujourd’hui vous voyez que nous démarrons carrément le chantier pour ne pas perdre de temps», fera-t-il savoir. À noter que le wali de Bouira, M. Chérifi qui devait accompagner la délégation du FCE, n’a pas pu se rendre sur le chantier en raison d’un agenda chargé, mais il s’est entretenu au siège de la wilaya en début de matinée avec M. Ali Haddad et M. Mohamed Bairi.

Hafidh Bessaoudi

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